Bien moins documenté que le cas Plogojovitz (Petar Blagojević dans sa version serbe), qui passe pour le premier cas de vampirisme recensé en Serbie (1725), relaté notamment dans les Lettres juives du Marquis d’Argens et matière première de Fred Vargas pour son Dans un lieu incertain, le cas de Sava Savanović offre pourtant aux habitants de la région un certain potentiel touristique, sur lequel ils essaient de s’appuyer. A l’image de ce panneau qui, dès l’entrée du village de Zarožje, annonce fièrement la couleur : costume traditionnel et crocs de rigueur (voir image ci-contre).
Il y a quelques mois, l’effondrement du moulin de Sava, situé le long de la rivière Rogacica, aurait laissé le vampire à la fois furieux et sans domicile fixe. Peur des représailles pour ne pas avoir entretenu ce qui passe être la demeure du personnage ? Quoi qu’il en soit, l’affaire a pris une toute autre ampleur quand les médias ont fait état d’un arrêté local exhortant les habitants à protéger leurs maisons à l’aide de gousse d’ail et de crucifix. Sauf que la rumeur semble pour le moins infondée, comme tend à le montrer l’enquête du journaliste d’ABC News Dada Jovanovic. Si une partie des habitants semble malgré tout effrayé, il semblerait que la perte du potentiel touristique soit davantage au coeur des inquiétudes. La famille Javodic, qui possédait le moulin, avait en effet mis en place des visites de ce dernier (mais uniquement en journée). Arguant qu’ils ne voulaient pas déranger le vampire, ils ont préféré laisser les lieux en l’état. Jusqu’à ce qu’une partie de l’édifice ne finisse par s’effondrer, à l’hiver dernier. Il ne faut malgré tout pas oublier que les survivances de ces croyances sont assez fortement implantées dans les Balkans, comme le montre notamment le Où sont passés les vampires de Ioanna Andreesco.
Le cas de Sava tiendrait davantage du conte de fée local, qui voudrait que le personnage soit devenu vampire après sa mort, et ait pris l’habitude de se nourrir du sang de ceux qui venaient en son moulin pour moudre leur grain. Sauf qu’aucune date ni aucun rapport d’aucune sorte ne vienne véritablement dater cette histoire (à la différence des cas Paole et Plogojovitz).
La légende est malgré tout assez implanté parmi le folklore locale (voire national) pour avoir été une source d’inspiration pour l’auteur serbe Milovan Glišić, qui lui a consacré un texte intitulé Posle devedeset godina (Après 90 ans), lequel a lui-même servi de matière première à ce qui est aujourd’hui considéré comme l’une des œuvres premières du cinéma d’horreur serbe : Leptirica, en 1974.
Quelques vidéos sur le sujet, dont un extrait de Leptirica.
Source : Magia Posthuma