Coste, Nadia. Interview avec l’auteur du Premier

Bonjour Nadia. Peux-tu te présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

Bonjour ! Hé bien, j’ai 35 ans, 3 enfants, 16 romans à mon actif en un laps de temps assez court car le tout premier a été publié en 2011. J’essaye de jongler avec mes différentes vies tout en racontant des histoires pour les enfants, les ados, et les plus grands qui n’hésitent pas à trouver leur bonheur dans les rayons jeunesse des librairies.

Tu viens de sortir Le Premier aux éditions Scrinéo. Peux-tu nous en expliquer la genèse ?

Un jour où j’empêchais mes enfants de s’entretuer, je me suis rendu compte que, petite, j’avais eu le même comportement avec ma sœur aînée (ça va mieux depuis, heureusement). J’ai réalisé que ces rivalités fraternelles existent depuis l’aube des temps, et qu’elles ne sont pas près de s’arrêter.

Parallèlement à ça, j’avais une image en tête : celle d’un vampire préhistorique, au physique très différent de l’homme moderne, qui déambulerait parmi nous… ça a été le point de départ de mes réflexions sur ce roman, même s’il a beaucoup évolué depuis cette idée-là.

Jusque-là, tu es davantage habituée aux séries au long cours. Comment t’es-tu préparée pour écrire ce one-shot ?

Comme pour mes autres romans, j’ai préparé un plan détaillé avant de me lancer dans la rédaction. C’est le moment où j’évalue le volume global de l’histoire. D’habitude, je constate qu’il me faut trois, quatre, six tomes… mais, pour une fois, je pouvais me contenter d’un seul volume !  Avant, j’étais malheureuse si je n’écrivais pas au moins une trilogie. Maintenant, j’essaye de resserrer l’action et me focaliser sur le cœur de l’histoire. C’est une petite victoire pour moi d’y parvenir !

D’un point de vue technique, je me suis intéressée au travail de John Truby pour la première fois avec cette histoire. Sa façon d’analyser les scénarios m’a essentiellement apporté une profondeur au niveau de nombreux détails symboliques tout au long du roman.

Les premiers chapitres de l’histoire semblent puiser dans les racines bibliques, et la fin du roman se rattacher à une des plus fameuses légendes antiques. Ton objectif était-il de profiter de ce roman pour donner une autre relecture à certains mythes fondateurs de notre civilisation ?

Ça n’était pas un but en soi, mais mes deux idées de départ (opposition fraternelle et vampire préhistorique) m’ont amenée à me pencher sur Abel et Caïn ou Romulus et Remus… cette mythologie commune m’a servi de cadre pour structurer mon histoire.
J’ai découvert les légendes autour de Caïn qui, selon certains, aurait pu être le premier vampire… et l’histoire de la louve nourricière est une image tellement forte qu’elle me paraissait évidente à exploiter. Je n’aurais pas écrit de récit qui mettait en scène vampire et loup-garou si je n’avais pas trouvé un angle original, et, grâce à ces mythes, il m’a semblé en deviner un !

Vaïn est un personnage principal avec lequel il est difficile de s’identifier. Ce choix ne risque-t-il pas de perturber les lecteurs ?

Ça a été un choix difficile et ça a été la principale difficulté de l’écriture : comment créer un personnage qu’on a envie de suivre, mais auquel on ne s’identifie pas ? J’ai essayé d’apporter suffisamment de curiosité au lecteur pour qu’il entre dans l’histoire, mais je ne voulais pas rendre Vaïn sympathique pour autant. J’avais envie qu’on le comprenne, mais qu’on n’approuve pas ses choix.

Pour l’instant, j’ai l’impression que les lecteurs l’ont perçu ainsi, et cela me rassure !

Tu choisis de situer l’origine de l’antagonisme vampires – loups-garous au néolithique, et de clore ton récit au début de l’antiquité. Pourquoi précisément cette période de l’histoire ?

J’ai abandonné l’idée d’un vampire au physique d’homme de Néandertal, car je ne pensais pas pouvoir gérer l’évolution psychologique du personnage sur 40 000 ans… et mes recherches autour d’Abel et Caïn m’ont permis de voir la fin du Néolithique comme la période parfaite pour commencer le récit : avec les débuts de l’agriculture et l’élevage, on pouvait retrouver l’opposition des deux frères, l’un qui travaille la terre, et l’autre berger.
J’avais donc de 2 000 à 4 000 ans à gérer, car l’image finale de l’histoire, un peu avant la création de Rome, m’était venue assez tôt dans la préparation du récit.

Quel regard portes-tu sur l’évolution du vampire en littérature ces dernières années ?

J’avoue que je ne suis pas une experte en la matière et que je n’ai sans doute pas assez lu pour émettre un jugement. L’émergence de la Bit-Lit, avec le côté attirant des différentes créatures surnaturelles (vampires en première ligne), a pris beaucoup de place dans les rayons des librairies. Je comprends cette envie de jouer avec les codes, s’amuser un peu de façon légère, et passer un bon moment… mais j’ai peur que les éditeurs veuillent à tout prix faire entrer les récits vampiriques dans des cases commerciales en décrétant que tous les vampires doivent être sexys pour faire rêver les filles ! De la même façon, le succès commercial de Twilight a lancé une mode, et on se retrouve maintenant avec des éditeurs scindés entre ceux qui ne supportent plus qu’on leur parle de vampire, et ceux cherchent le prochain succès dans la catégorie « beaux-gosses qui brillent ».
Il y a beaucoup de diversité dans la littérature vampirique, mais ce n’est, hélas, pas toujours facile d’aller voir plus loin que la tête de gondole…

Quelles sont tes premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et/ou cinématographique) ?

Quand j’étais ado, à peu près en même temps, je me souviens du Dracula de Coppola, d’Entretien avec un Vampire, et du jeu de rôle Vampire (même si je n’y ai que très peu joué). Mais c’est surtout ma rencontre avec Buffy qui m’a le plus marquée, je crois ! (D’ailleurs, les puristes auront reconnu le clin d’œil du titre « Le Premier » avec « The First » dans Buffy ! Je trouvais dommage que la VF traduise par « La Force » et j’avais envie de retrouver le sens de ce nom, très fort).

Pour la dernière rencontre, hum, je dirais le film Only Lovers Left Alive dont j’ai beaucoup apprécié l’esthétisme.

Pour toi, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?

Pour moi, la naissance du mythe prend naissance dans des éléments réels. C’est aussi ce qui m’a donné envie de travailler « mon » vampire comme un pervers narcissique, car, à mon sens, le véritable vampire, celui qui se promène parmi nous, c’est celui qui aspire l’énergie des autres, qui considère que rien n’est de sa faute et trouve toujours un coupable à blâmer, y compris pour justifier ses propres actes.

Il y a aussi une fascination pour le monde de la nuit, et les peurs qui peuvent naître dans l’obscurité. Ces peurs-là remontent à l’aube des temps, et aujourd’hui encore, la nuit attire et effraye tout à la fois.

Le sang est un puissant symbole de vie, mais il a ce côté inquiétant dès qu’il est versé et nous échappe…

Ces aspects-là ne sont pas nouveaux, mais ils restent universels.

As-tu encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être ton actualité dans les semaines et les mois à venir ?

Je n’ai pas prévu d’autre récit vampirique pour l’instant, mais je ne suis pas à l’abri d’une nouvelle idée sur ce thème, donc je ne me ferme pas complètement cette possibilité !

Je travaille sur différents romans pour ados pour les années à venir, orientés vers la SF (Ricochet, qui aborde des questions de clonage, de famille, et de folie), le fantastique (AppliAura, dans un futur proche où les dérives de la technologie causent de nouvelles sortes de racisme), ou la fantasy (Les Élémentaires, où une jeune femme aux pouvoirs incontrôlables doit affronter un mode hostile et décalé). Je devrais également me replonger dans l’univers des Fedeylins pour une nouvelle histoire indépendante du premier cycle.

L’année scolaire à venir va être assez dense du côté des rencontres scolaires, car mon roman Ascenseur pour le futur a été sélectionné pour le prix des Incorruptibles ! Il va donc me falloir trouver un équilibre entre écriture, corrections, salons et rencontres… mais c’est une évolution passionnante dans ce métier, alors j’aborde cette nouvelle période avec grand plaisir.

On pourra me retrouver aux Imaginales fin mai, et au Futuriales le 13 juin, pour en discuter de vive voix !

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