Urr est un jeune homme sur le point de passer le rite d’initiation qui achèvera de lui faire intégrer la communauté des hommes, et concrétiser son union avec la belle Milana. Jaloux, son frère Vaïn va tenter de le suivre dans sa chasse à l’auroch. Mais le face à face finit tragiquement : Vaïn meurt sous les coups de son frère, excédé par ce jeune sot qui traine depuis trop longtemps dans ses pas. Contre toute attente, la mort rejette Vaïn, bien décidé à se venger. Jusqu’à ce qu’il découvre que son frère n’est pas revenu indemne de sa quête, et que lui aussi est atteint d’une étrange malédiction.
Nadia Coste est une auteur jeunesse qui s’est fait un nom avec sa série Fedeylins, dont les 4 tomes ont été publiés chez Gründ. Après diverses autres séries jeunesse, elle décide avec Le Premier de se frotter au thème du vampire. Et d’une manière pour le moins en marge de la production actuelle, vu qu’elle fait démarrer son récit en plein néolithique, et le fait s’achever au tout début de l’antiquité. On est donc très loin de l’urban fantasy, face à un fantastique tribal, qui en appelle certes aux codes classiques des figures du vampire et du loup-garou, mais resitue leur origine aux prémices même de l’histoire humaine.
Si le roman peut apparaître relativement court, et si finalement il ne se concentre que sur deux périodes de la vie (et de la non-vie) de Vaïn, les deux parties forment un tout cohérent, plutôt dynamique. On peut trouver que la personnalité de certains personnages est un peu limitée (je pense à Sezni), reste que l’auteur n’a pas choisi la facilité en faisant de Vaïn son (anti-)héros : un être humain puis un vampire (mais jamais nommé comme tel) pas du tout attachant car jaloux, frustré, obsédé par sa quête et à la limite de la folie. Mais du coup, il domine largement l’ensemble de la galerie de personnages mis en scène.
Nadia Coste aborde donc avec une certaine réussite le mythe du vampire. Vaïn mettra plusieurs siècles à comprendre comment il est revenu à la (non-) vie, pour autant, il fera dès les premières semaines l’apprentissage de certaines des nouvelles capacités que lui donne son statut. A commencer par son pouvoir de cicatrisation et ses sens sur développés (dont l’odorat et l’ouïe). Mais il apprendra également rapidement que son nouvel état le force à se nourrir désormais de sang frais, et qu’il n’est plus en mesure de se déplacer au soleil. En parallèle, à travers la quête de Vaïn, c’est tout l’antagonisme entre vampires et loups-garous que le roman de Nadia Coste convoque. Tout en faisant écho à d’autres mythe : la bible (et l’épisode de Caïn et Abel) pour la première partie, le mythe de la naissance de Rome en guise de conclusion.
Un roman (trop) court mais prenant, qui met en scène un personnage pour le moins antipathique mais dont on suit la quête avec un intérêt certain. Si tous les personnages rencontrés ne m’ont pas convaincu, ce retour aux sources des mythes se lit pour autant d’une traite.
D’accord avec toi, ce récit est plutôt original dans son cadre, mais également classique dans les attributs de son personnage vampirique : http://www.an-sible.com/2015/05/le-premier.html