Aurélien a beaucoup de mal à accepter son immortalité et peine encore à trouver sa place dans le parc. Dans le même temps, Francis Van Bloodt se voit forcé d’accepter la présence du vampire Bohémond Jaggar de Rochambaud, un consultant imposé par les actionnaires du parc. Rapidement, il dévoile les dessous du fonctionnement du parc au lecteur, et met l’actuel directeur dans une position inconfortable. D’autant que le reste des équipes de Zombillénium voient d’un très mauvais œil l’arrivée du nouveau venu, lequel est précédé par une réputation sulfureuse.
J’avais apprécié les deux précédents opus de la série, et force est de constater que ce troisième tome ne fait en rien baisser la qualité de l’ensemble. Les personnages y gagnent en profondeur, les relations évoluent et le fonctionnement du parc se révèle peu à peu dans son ensemble. Sous la férule d’actionnaires capitalistes, les employés vont devoir en faire davantage pour remplir les caisses du parc, et les âmes de l’enfer.
Arthur de Pins démontre une fois de plus qu’il ne manque pas d’imagination, que ses histoires possèdent de multiples niveaux de lecture (la satyre du capitalisme est assez présente) et qu’il est en mesure de renouveler son univers à chaque opus, en repoussant les limites. C’est rafraichissant, jamais ennuyeux et huilé à la perfection.
Le dessin est également un des points forts de l’album. Si on avait pu apprécier la maîtrise de l’auteur sur les deux premiers opus, cette troisième livraison me semble encore un cran au-dessus. Le trait particulier, certes informatisé mais non dénué de vie (et surtout de personnalité) de De Pins fonctionne parfaitement, aussi bien pour camper les expressions de ses personnages (ce en quoi on le savait déjà assez fort) que pour s’appesantir sur des décors (la première planche, située aux enfers, est absolument superbe et regorge de détails).
Le thème du vampire, s’il n’est pas central dans cet album, n’en est pas moins exploité avec intérêt. On découvre un nouveau vampire, le fameux consultant Jaggar de Rochambaud, qui campe une créature de la nuit plus proche de Christopher Lee (alors que Von Bloodt rappelait davantage Bela Lugosi). Un vampire froid, manipulateur et avide de pouvoir, capable de se transformer en brume, capable de voler et doté d’une force impressionnante. Sa morsure, quant à elle, semble, (comme pour Van Bloodt) à même de transformer de facto ses victimes en vampires.
Un nouvel opus de très bonne facture, qui voit la trame globale se dessiner peu à peu, et les personnages faire des choix (conscients ou non), qui semblent appelés à peser pour la suite. Le tout sous le trait parfaitement maîtrisé de De Pins.