Levés à 8h30 afin de ne pas rater le bus en direction de Curtea de Argeș, nous avons la désagréable surprise de voir le gérant venir nous dire qu’il allait falloir nous passer d’eau chaude et de café : l’électricité est en effet en panne. Après avoir déjeuné, nous partons en direction de l’arrêt de bus que nous étions allé repérer hier soir. Le bus arrive, nous montons. Assis à côté d’une jeune femme parlant l’anglais, j’apprends que le trajet va durer environ trois heures. Aïe, ça en fait des minutes assis dans un bus, mais bon nous ne sommes pas pressés.
Lors d’une halte, j’ai la surprise d’entendre une femme d’une cinquantaine d’année me demander, dans un français des plus correct, si je suis français et si c’est du Jean-Michel Jarre que je suis en train d’écouter. Je lui réponds qu’en effet je suis bien français, mais que non je ne suis pas pour autant en train d’écouter du Jean-Michel Jarre, mais plutôt du rock américain. Délaissant mon baladeur cd, j’entame la conversation. Elle nous explique que son mari est un marathonien et qu’il est actuellement en train de courir dans les environs de Chamonix. Du coup, elle visite la Roumanie, qu’elle dit impossible à connaître dans son ensemble. Elle nous parle de Sibiu et Sighișoara, les deux dernières villes par lesquelles notre itinéraire va nous faire passer, deux très belles villes selon elle.
Arrivés à Câmpulung, peu avant Curtea de Argeș, elle et l’amie qui l’accompagne descendent du bus. Au moment de cette halte, un jeune roumain d’à peu près notre âge vient nous dire en anglais qu’il va falloir faire attention à nos poches à partir de maintenant, des « gypsies » vont monter dans le bus. Malgré ce que j’ai écrit quelques jours auparavant, j’interdis instinctivement (et sans doute bêtement) à Benoît de sortir mon appareil photo numérique durant la suite du trajet.
Arrivés à Curtea de Argeș, et ne sachant où descendre exactement, nous sortons du bus au hasard d’un arrêt. Après quelques allers-retours, il s’avère que nous ne sommes qu’à cinq minutes à pied du centre ville. Une fois sur les lieux, nous nous retrouvons devant la poste locale. J’ai plus faim qu’envie de poster mon courrier, mais mon comparse de voyage a vite fait de me convaincre. Il s’avère que l’idée était bonne : il est plus de 14h00 et la dernière levée est à 15h00. Après nous être sustentés, nous retournons vers la poste et tentons de joindre l’oncle de Fanette. Répondeur. Nous laissons un message. Quelques batailles corses plus loin, nouvelle tentative. Re-répondeur. Nous décidons alors d’appeler la grand-mère de Fanette qui essaie d’appeler son fils, sans plus de succès. Elle nous donne néanmoins son adresse. Nous finissons donc par prendre un taxi. Quelques galères plus loin, le chauffeur finit par localiser l’immeuble, mais il n’y a personne. Nous optons donc pour un repli stratégique dans un hôtel bon marché, la nuit étant en train de tomber.
Demain, nous aurons le choix entre tenter de nous rendre à Poenari (forteresse en ruine qui fut le principal fief de Vlad Țepeș), où poursuivre notre route, tout ça dans l’optique où l’oncle de Fanette reste totalement injoignable. Quand nous l’avions joint quelque jours auparavant, nous avions entendu vendredi, mais la communication était tellement mauvaise qu’il a pu vouloir nous dire ne pas être disponible jusqu’à vendredi. Du moins nous l’espérons. Demain est un autre jour.