Loreleï est aveugle et s’ennuie à périr dans une demeure, où son père et sa belle-mère la tyrannisent. Pour tromper son ennui, elle soigne toutes les bestioles venant à crever devant sa porte, jusqu’au jour où c’est un vampire blessé qui vient s’y échouer. Une fois le loup dans la bergerie, il va bien sûr y sortir les crocs. Mais Aloïs, le vampire, est traqué par ses semblables qui en veulent à sa vie. Dès lors, la survie de la bête dépend de celle de la belle, et inversement…
Maître d’oeuvre de la collection Blackberry, Audrey Alwett met la main à la pâte pour cette nouvelle série aux dents longues. Niveau audience, la première impression laisse à penser qu’on est face à quelque chose de classique, qui s’oriente vers une vision pour le moins romantique du vampire. Mais une fois entamé l’album, on comprend bien vite que cette première impression a un côté trompeur, et que les personnages sont bien plus manipulateurs qu’il n’y paraît. L’idée de départ est assez intéressante, même si l’album, qui a un aspect introductif, ne donne pas encore la matière nécessaire à un scénario captivant de bout en bout.
On met en scène les différentes protagonistes, on initie le pitch de départ, et on distille ça et là des pistes pour la suite, mais au final il ne se passe pas énormément de chose dans ce premier opus, sauf dans le dernier tiers de l’album, où le scénario s’emballe et les positions de chacun se dessine. L’ensemble est loin d’être désagréable à lire, loin de là, et certains choix scénaristiques sont aussi surprenants que prometteurs.
Le dessin est pour le moins réussi, assez typique de l’école italienne. Le trait est fin est précis, sans trop appuyer sur le dynamisme des action mais davantage sur la mise en scène et les personnages. Je suis par contre moins convaincu par la mise en couleur, pas toujours très réussie (notamment dans la première partie de l’album, qui narre la transformation d’Aloïs).
Concernant les vampires, on apprend que ceux-ci préfèrent vivre en solitaire, même s’ils peuvent éprouver un intérêt à intégrer une meute de congénères. Chaque vampire possède des pouvoirs qui lui sont propres, même s’ils partagent tous soif du sang et immortalité. Chacun disposent de pouvoirs supplémentaires qui lui sont propres, et peuvent attirer la convoitise d’autres vampires, le sang d’autres vampires représentant la seule manière d’acquérir davantage de pouvoirs. Pour le reste, ils ne peuvent pénétrer un lieu que si le dernier ayant-droit humain de celui-ci a péri.
Un premier opus sympathique, au moins par son idée de départ et par les promesses d’un deus ex machina qui s’annonce. Mais ce premier opus, très introductif, ne permet pas encore de trancher sur l’intérêt à long terme de la série. J’attends donc la suite de pied ferme.
My Lady Vampire : Deviens ma proie marque le début d’une nouvelle série aux dents longues pour la collection Blackberry des éditions Soleil. La première impression lorsque l’on feuillète l’album est de noter le graphisme à la fois dynamique et moderne au service d’une histoire située au XIXe siècle. Une impression qui se concrétise en cours de lecture. Celle-ci s’inscrit dans un genre plutôt classique sur la forme : les vampires sont respectueux du mythe, ils craignent la lumière du jour, s’organisent parfois en meutes, ont besoin d’une invitation pour pénétrer chez les humains… Ceux qui apprécient la figure classique de vrais buveurs de sang se trouveront en terrain connu.
La narration est quant à elle plaisante à suivre, subtile avec moult rebondissements. Ce premier tome lance les bases d’une intrigue prenante et pourvue de personnages hauts en couleurs. Aloïs se révèle un vampire manipulateur et charismatique difficile à cerner. Il ne dévoile les propriétés de ses pouvoirs d’immortel qu’au moment le plus approprié de l’histoire afin de se tirer d’une mauvaise passe. Loreleï, second personnage principal, est une jeune femme aveugle qui endure les railleries de sa belle-mère. Toujours disposée à venir en aide aux animaux blessés qui échouent près de chez elle, l’héroïne va rencontrer Aloïs alors que ce dernier tente d’échapper aux vampires à ses trousses auxquels son maître l’a offert.
L’une des forces de My Lady Vampire est de proposer une diversité de scènes appréciables : action, suspens, émotion… auquel s’ajoute une pointe de romance qui agrémente une histoire épargnée en temps mort. Les dialogues sont respectueux de l’époque Victorienne tout en se révélant adaptés pour une lecture abordable et actuelle. Les personnages possèdent chacun des caractères complémentaires et sont dessinés de avec sophistication.
Cette première partie de My Lady Vampire est une bonne surprise pour les amateurs d’histoires de vampires au format de bande-dessinée, soignée qui plus est. Costumes, décors et mise en couleurs ont fait l’objet d’attention. Maintenant que l’intrigue est posée, il est curieux de voir comment les relations entre Aloïs, Loreleï et Daisy – la détestable belle-mère, vont évoluer.
My Lady Vampire : Deviens ma proie évite le piège de la facilité en tombant dans une certaine mièvrerie. Le récit revendique une maturité appréciable et se voit ponctué par quelques scènes sanglantes et une cruauté omniprésente malgré une certaine douceur lors d’autres passages plus enclin à la poésie. Une série à multiples facettes, à suivre donc.