Bonjour. Pouvez-vous tout d’abord vous présenter aux internautes de Vampirisme.com ?
Bonjour, mon nom est Tanya Huff et je suis un auteur de science-fiction et de fantasy de nationalité canadienne qui compte à son actif quelque 28 romans, 76 nouvelles et d’autres essais. Mon premier livre est sorti en 1988, j’écris à plein temps depuis 1992 et une part majoritaire de mes ouvrages sont publiés pas DAW Books Inc.
Il semble que votre premier roman sur les vampires soit le premier opus de la série Vicki Nelson. Comment vous est venue l’idée de cette série ?
L’idée de départ de la série Vicki Nelson (Blood Books en VO) est arrivée dans le sillage de la création du personnage d’Henry Fitzroy. Du coup, passons directement à la question 3.
Avez-vous fait beaucoup de recherches pour le personnage d’Henry Fitzroy ? Comment vous est venue l’idée d’en faire un vampire ?
Je lis des romans historiques pour mon plaisir. Alors que j’étais en train de lire un livre sur les Tudors, je suis rentrée dans un chapitre sur Henry Fitzroy, le fils bâtard d’Henry VIII. D’après ce livre, en quelques mois ce jeune homme athlétique en bonne santé est devenu pâle, maigre et faible, jusqu’à finir par en mourir. Rajoutez quelques histoires intéressantes sur son inhumation, et Henry Fitzroy devient alors un parfait candidat pour revenir d’entre les morts sous les traits d’un vampire.
Une fois Henry créé, j’ai donné naissance à Vicki, dont les faiblesses étaient en miroir de celles du vampire : à lui, le jour est interdit, elle, c’est sa rétinite pigmentaire qui l’empêche de se mouvoir la nuit tombée. Ils ont tous les deux des problèmes de confiance, ce qui captive beaucoup Henry. J’ai alors créé Mike Celluci, qui peut être vu comme la voix de la raison. Après cela, il suffisait juste de trouver une histoire qui leur correspondait à tous les trois.
Avez-vous participé à l’adaptation TV de Blood Ties ? Qu’avez-vous pensé du résultat ?
J’était consultante sur Blood Ties, et j’ai adoré cette série. Je voulais voir Christina Cox dans le rôle de Vicki depuis que je l’avais vue dans FX, effets spéciaux, Dylan Neal a offert à Celluci un sens de l’humour, et Kyle Schmid s’est approprié Henry. La participation de Coreen était minime dans les livres mais après avoir vu ce que Peter Mohan, le showrunner, et Gina Holden, l’actrice, ont fait avec le personnage, j’aurais rêvé de pouvoir revenir en arrière et de lui donner plus de place.
Quelques années après la fin de la série Vicki Nelson, vous avez publié le premier opus de la série Tony Foster, présentée comme un spin off. Verrons-nous des vampires dans ce nouveau projet ? Et que cherchez-vous à faire avec ce nouveau cycle ?
Henry est un des personnages secondaires dans les trois romans de la série Tony Foster, Fantômes et ombres (Smoke and Shadows), Smoke and Mirrors et Smoke and Ashes. Mais l’histoire est entièrement celle de Tony, comment il a grandit et est devenu lui-même.
Quand vous avez commencé la série Vicki Nelson, il n’y avait pas autant de romans et de séries sur les vampires qu’aujourd’hui. Quelle est votre opinion sur l’évolution du mythe du vampire dans la littérature moderne ?
Il me semble que la plupart des histoires modernes de vampire sont des romances paranormales, le vampire devenant le mauvais garçon apprivoisé qui prend le dessus sur sa soif de sang par amour. Mais vu que je lis très peu de romances paranormales, c’est juste mon ressenti.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (en littérature, en fiction ou en musique) ?
Ma première rencontre avec le mythe du vampire fut probablement le Dracula de Bram Stoker. C’est toujours un de mes romans favoris, et une production théâtrale des années 80 de la pièce demeure un de mes meilleurs souvenirs au théâtre. Pour ce qui est des découvertes plus récentes, ce serait le remake de Dark Shadows avec Johnny Depp, que j’ai plus apprécié que ce qu’on pu en dire les critiques.
Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire ?
Les vampires ont représenté de nombreuses choses au fil des ans.
Le Dracula de Bram Stoker n’a pas eu un succès immédiat quand il a été écrit, il n’était même pas mentionné dans sa nécrologie, mais après la création de la pièce de théâtre dans les années 20, il a davantage acquis la reconnaissance qu’on lui octroie maintenant. Les films de la Hammer ont créé une résurgence. La série TV Dark Shadows a connu un accueil considérable auprès du public, avec des livres, des comics, des boîtes à lunch, etc. même avant que Tim Burton ne s’en empare. Pour ceux qui ne se rappellent pas des années 70, la publication du roman d’Anne Rice Entretien avec un vampire a eu un effet raz de marée, alors que des gens qui n’avaient jamais lu un livre du genre dans leur vie l’ont dévoré.
En reliant cette particularité avec les changements sociaux, peut-être que les vampires ne sont pas populaires quand les temps sont durs, mais le deviennent lors d’époques de réaction vis à vis d’une révolution sexuelle. En réaction à la liberté des années 20, les restrictions des années 50, l’après free love des années 60/70, la crise du SIDA, et l’actuelle remodelage de la définition traditionnelle des relations, les vampires sont devenus les représentants d’une sexualité pénétrative qui n’a pas besoin d’en passer par des relations sexuelles risquées.
On peut-être pas.
Nous aimons tous nous imaginer comme des êtres tout puissants. Les fictions sur les vampires offrent des modèles faciles pour cela.
Avez-vous d’autres projets sur le même thème ? Quels sont vos prochains projets éditoriaux ?
Il y a de nombreuses nouvelles sur Vicki, Henry et Mike, certaines déjà publiées à travers le recueil Nouvelles Sanglantes, d’autres qui sont sur le point de voir le jour dans une collection numérique. Mais pour le moment je ne me vois pas faire quoi que ce soit à l’échelle du roman avec des vampires. Actuellement (août 2013), je travaille sur le troisième opus de la série Gale Girls, The Future Falls, et je retourne ensuite dans l’univers de La Confédération (disponible en français chez Bragelonne)