Après avoir laissé un temps sa condition de monstre prendre le dessus, Sarah a été re-capturé par les médecins du Manoir des murmures, qui se sont rapidement rendus compte d’une erreur au niveau de son traitement. Alors que Simon lui rend visite pour lui expliquer la situation, la petite fille parvient à faire comprendre à celui-ci qu’il ne devrait pas sous-estimer les enfants qui sont prisonniers, comme elle. Simon décide alors de lui révéler une partie de la vérité, à commencer par l’existence d’une véritable guerre séculaire entre les humains et les monstres, qui désirent étendre leur influence sur le monde, et refusent de se cacher davantage aux yeux de l’humanité. Sarah n’est cependant pas dupe, et comprend que la vérité est sans doute plus complexe que ça. Elle décide donc d’écouter la voix qui résonne dans sa tête et essaie de s’échapper…
Après un premier tome de très belle facture, cette suite confirme la qualité du travail de David Munoz, qui offre une suite de haut vol aux aventures de Sarah et de ses amis. Si le statu quo de départ avait de fortes réminiscences de l’Echine du Diable, film sur lequel avait travaillé le scénariste, cela n’est plus du tout le cas ici. On quitte rapidement le cadre du manoir, le conflit prenant plus d’ampleur, chacun tentant de faire pencher de son côté la petite Sarah.
Les personnages sont psychologiquement travaillés, et s’avèrent bien plus ambigus que dans le premier opus. Le manichéisme qui était assez en avant jusque-là s’estompe, les auteurs mettant en avant les qualités et les défauts de chacun. Aucune position ne semble finalement la meilleure ou la pire, et ce sont les conviction de Sarah et son amitié pour ses trois amis qui l’aideront finalement à se décider. Reste que le final laisse en suspens la bataille finale qui devrait s’avérer tout aussi intéressante, et donnera sans nul doute l’occasion au lecteur de voir comment les alliances vont évoluer, et quel camp finira par l’emporter.
Le dessin est une fois de plus très réussi, peut-être plus que dans le premier tome, les problèmes liés au dessin des visages ayant tendance à s’estomper. Le trait, toujours mâtiné de BD franco-belge et de manga, tient quelque peu de celui de Munuera, la mise en couleur ajoutant une ambiance sombre qui colle parfaitement à l’ambiance. Les différentes créatures sont bien dessinées, qu’il s’agisse du minotaure qui inaugure l’album, des loup-garous et des vampires.
Les vampires sont un peu plus à l’honneur dans ce second tome. On découvre ainsi l’existence de Demian, qui passe à la fois pour être le roi des vampires et leur créateur. Une créature plus vieille que le christ lui-même, capable de communiquer par la pensée et doté d’un corps qui n’a plus grand chose d’humain. La transformation d’un humain en vampire semble rendre la victime un temps sensible au soleil, mais seul la soif de sang subsiste au final. Ainsi que la résistance et la rapidité. A noter que les humains semblent avoir mis au point un mélange capable de tuer les vampires, et utilisent ainsi des balles trempées dans ce même liquide.
Une série qui confirme son potentiel, après un premier tome prometteur. Un dessin et une mise en couleur de très bonne facture, un scénario qui s’éloigne de ses références pour prendre réellement son envol, des personnages plus contrastés, bref c’est du tout bon.