On continue sur la fibre intimiste avec ce second tome qui en dit un peu plus sur les relations entre Chizuna et son mystérieux fournisseur/dealer/confident, Minase. Une scène nous ramène dans l’enfance de la jeune fille, pour comprendre l’origine de son mal de vivre, sa relation ambigüe avec son père et ses nombreuses tentatives de suicide. Le retour de son frère dans sa vie va raviver d’anciennes blessures.
Kazuna de son côté semble détaché du monde, des contingences matérielles, même s’il se rend compte de l’amour qui lui portent ses oncle et tante. Il se rapproche cependant de sa soeur, qui essaie de l’aider à surmonter ses malaises. Tandis que sa camarade Yaegashi lui avoue ses sentiments, Chizuna essaie de s’en sortir.
Le passage au stade vampirique est douloureux pour Kazuna, il ressent des nausées, a mal à la tête, et même la vue d’un pot de peinture rouge le met dans tous ses états. Il a une terrible soif de sang qui le rend dangereux pour ses proches. Le médicament fourni par sa soeur n’a aucun effet sur lui.
Un tome de transition, où l’on apprend un peu plus sur la façon dont on devient vampire, mais qui pêche par un rythme très lent. Il ne se passe pas grand-chose et le côté adolescent des rapports et de cette temporisation sont plus prégnants que dans le premier tome.
Incapable de résister à la soif de sang qui émerge ponctuellement en lui, Kazuna se résout à retourner voir sa soeur Chizuna. Cette dernière lui permet de boire quelques gouttes de son sang, tout en l’enjoignant à utiliser le remède qu’elle lui a donné. Elle ne paraît désormais plus aussi sûre que cela de rejeter drastiquement son frère. Ce dernier dissimule toujours sa situation à ses parents adoptifs et à ses amis. Mais son attachement à Yaegashi continue de déclencher des crises, contre lesquelles le remède semble ne pas avoir d’effets.
Cette suite des Lamentations de l’agneau montre un Kazuna qui a de plus en plus de mal à réfréner son envie de sang. Alors que les hommes sont censés être moins atteints par le mal de la famille que les femmes, il semble bien que la malédiction des Kazuna ait finalement émergée en lui. Les échanges entre le docteur Minase, et sa patiente Chizuna soulève quant à eux des questions sur les ramifications psychologiques de la maladie. En effet, la relation qui s’état tissée entre la jeune femme et son père veuf paraît au mieux problématique. Chizuna est-elle en train de réitérer ce lien avec son frère ? Lequel semble lutter entre son ancrage dans le monde « normal » et la sérénité que lui offre la proximité de sa soeur.
Graphiquement, j’ai trouvé ce tome deux plus homogène que le précédent. S’agissant d’une série fortement axée sur la psychologie des personnages, il n’y a pas d’action à proprement parler, tout passant dans les dialogues, et au niveau des échanges relationnels. Ce qui s’en ressort graphiquement, l’accent étant mis sur les visages des protagonistes. L’autrice ne néglige néanmoins pas les lieux où se déroulent l’intrigue, particulièrement la demeure des Takashiro et le cadre scolaire.
On comprend ici que le remède qu’utilise ponctuellement Chizuna ne fonctionne pas sur toutes les personnes atteintes : il paraît inefficace sur Kazuna. Chez ce dernier, la vue du sang est le premier déclencheur de ses crises, mais cela va au-delà : la couleur rouge paraît exacerber ses pulsions. On verra également que Chizuna lutte à sa manière contre la maladie, le docteur Minase la transfusant régulièrement. Enfin, la dimension transgressive du vampire est bien là, et la dimension sexuelle commence à se dessiner en fond de trame.
Une suite plutôt réussie, où l’autrice poursuit son exploration du mal qui ronge progressivement Kazuna, partagé entre sa vie de lycéen et le poids de la malédiction des Takashiro.