L’heure des noces est arrivée. C’est la condition sine qua none qu’a imposé Edward à Bella : pas de sexe avant le mariage et pas de transformation non plus. Devant la famille vampirique du garçon et les amis lycéens de la jeune fille, les tourtereaux s’épousent donc. Une ado s’exclame alors « tu crois que ça va se voir qu’elle est enceinte ? C’est la seule raison valable pour se marier à 18 ans de nos jours. », petite pique prémonitoire puisque après seulement deux semaines de lune de miel Bella s’aperçoit qu’elle attend un enfant. Ou un vampire. Ou un monstre. Personne ne sait. Au fur à mesure que le bébé grandit (bien plus vite que la normale), Bella dépérit. Le verdict de Carlisle, son beau-père, vampire-médecin – oui c’est très pratique, il se trouve d’ailleurs qu’il a un cabinet de gynéco/obstétricien juste à disposition – tombe : elle ne survivra pas à la grossesse, et il se peut que son cœur soit trop affaibli pour survivre à une transformation vampirique.
Ce qu’on aurait pu résumer en : « avoir une vie sexuelle tue ».
Plus sérieusement, le film se découpe en deux parties : le mariage & la grossesse avec comme point de jonction la lune de miel sur une île paradisiaque, où les palmiers et les cascades remplacent les forêts de conifères et les clairières nord-américaines.
Le mariage est une réussite visuelle et symbolique : il boucle la boucle, on retrouve tous les ingrédients implantés dans le premier film (le meilleur jusqu’à lors à mon humble avis). Fascination comportait tous les éléments d’un teen-movie intelligent, insufflés notamment par Catherine Hardwick la réalisatrice du premier opus, qui trouvent dans la première partie de Révélation une conclusion douce-amère (la métaphore est filée dans la bande-son : quasi identique que pour le 1er, les tubes pop-rock en moins). C’est la fin du triangle amoureux. La fin des années lycée. Le temps de dire au revoir à ses parents et de se lancer dans la vie. Même si pour Bella cela signifie la mort. Quelques moments d’humour réussis à relever (les discours), une scène réussie : les adieux de Jake et Bella qui me feraient presque basculer dans la team Jacob (pour info, je suis complètement team Jasper et je milite activement pour que Jackson Rathbone ait plus de 3 lignes de dialogue dans le prochain film).
Jake prend plus d’épaisseur, c’est aussi le film de son coming-of-age, il se rebelle (mais intelligemment), n’est plus mené par le bout de la truffe par Bella et développe une réelle amitié avec elle quand il n’était que son prétendant un peu casse-couille jusqu’ici.
Les effets spéciaux abominables des précédents volets ont été bossés, les loups sont de meilleure facture et à part un doublage horrifique lors des scènes de meute, leur animation est plus crédible. A noter : pas d’Edward à paillettes dans cet épisode. Ouf de soulagement général dans l’assemblée.
La fameuse scène de sexe a été coupée, ne vous emballez pas. On verra à peine Bella en lingerie, deux ou trois fois le torse nu d’Edward au clair de lune et quelques chastes baisers. L’acte lui-même étant résumé quand le vampire perd le contrôle et brise le lit à baldaquin d’une seule main (sacré Ed !).
Lorsque la deuxième moitié du film s’enclenche, c’est une autre chanson : tout devient cru, frontal, exprimé avec des mots réalistes (quand on a tourné autour du pot quant à la nuit de noce pendant 10 minutes dans les dialogues entre Jake qui s’insurge et les Cullen qui sont tout gênés). Bella a des nausées – on la voit vomir, Bella s’aperçoit qu’elle a du retard en voyant sa boîte de tampax et le dit à son mari, Bella prend du bide… jusqu’à ce que Bella se transforme en véritable victime d’un camp de concentration (c’est visuellement à s’y méprendre, et je salue pour une fois Kristen Stewart d’avoir accepté qu’on la représente de manière aussi repoussante, c’est rare chez les actrices hollywoodiennes).
L’autre scène sur laquelle j’aimerais insister et qui est la plus attendue et celle de l’accouchement : si le sexe a été édulcoré, l’accouchement est bien réel. Comme pour mettre un coup de marteau mormon sur le clou : sexe = tu accoucheras dans la douleur mon enfant, et ton mari te fera une césarienne avec ses crocs. C’est gore. Il n’y a pas d’autre mot. Mais c’est exactement comme décrit dans le livre. Aussi what the fuck, aussi inattendu. Des os qui se brisent au coup de scalpel à vif, de la grosse seringue de venin dans le cœur au bébé couvert des viscères de sa mère. Prière de cacher les yeux de votre petite sœur/petit frère si vous l’emmenez voir le film.
Pour résumer mon avis : je classe ce film à la auteur du premier, c’est simple : c’est comme si les épisodes 2 & 3 n’avaient jamais existé, et c’est tant mieux. Bien sûr, le film a beaucoup de défaut, et le principal en est malheureusement le scénario dont il est tributaire – Thank you Stephenie ! Bill Condon est allé jusqu’au bout de ce qu’elle avait écrit, ni plus ni moins, et s’en tire avec les honneurs.
A ne pas louper : la scène coming next juste après le générique nous transportant en Italie chez les terribles Volturis qui apprennent la naissance du nouvel arrivé du clan Cullen, et qui sont très très excités à l’idée de faire le voyage jusque dans l’état de Washington pour venir les faire chier une fois de plus.
Je ne vais pas m’en cacher : je suis tout sauf un fan de la saga de Stephenie Meyer. Et à ce jour, les deux premiers films de la saga ne m’avait procuré qu’un incommensurable ennui. Force est de constater que ce troisième volet ne relève absolument pas le niveau.
Sans aller jusqu’à relever une fois de plus les nombreux éléments qu’on peut relier à la religion de l’auteur d’origine, ce troisième opus manque à nouveau cruellement de rythme. On a sans cesse l’impression de voir les décors défiler en toile de fond, avec les deux acteurs que sont Kirsten Stewart et Robert Pattinson au premier plan, qui n’atteignent le seuil de crédibilité qu’en de très rares moments.
Un scénario convenu au possible, aucune réelle originalité que ce soit dans le fond ou dans la forme. Est-on forcément obligé de tomber dans le rose bonbon quand il s’agit de mettre en scène une histoire d’amour ? Le réalisateur aurait-il pu faire mieux avec un autre scénario ? Toujours est-il que ce troisième volet ne se démarque pour moi aucunement des précédents, tant la sur-esthétisation de chaque scène retire toute vie à l’ensemble.