Simon Williams est un jeune professeur de biologie qui vit seul avec sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Si le jeune homme semble au premier abord normal, il n’en rencontre pas moins régulièrement de nombreuses jeunes femmes suicidaires, après avoir pris contact avec elles via Internet. Des jeunes femmes qu’il accompagne dans leurs derniers instants, dans l’optique de se nourrir de leur sang.
Étrange film que celui-ci, qui délaisse tout aspect fantastique pour se centrer sur un personnage (et un cadre) résolument réalistes. Une réalisation et une photographie assez crues, parfois à la limite du documentaire, des personnages qu’on découvre en même temps que Simon Williams, qui semble avoir trouvé une manière idéale de se nourrir sans faire souffrir ses victimes : il ne s’attaque qu’aux suicidaires, leur proposant même une méthode pour les conduire sans douleur de vie à trépas, et récupérer facilement leur précieuse hémoglobine. Un véritable Charon de circonstance, même si ce dernier ne ment pas à ses clients avant de leur faire traverser le Styx.
Williams est un vampire pour le moins inhabituel, qui prend soin de ses victimes et ne cherche pas à leur faire du mal, comme d’autres tueurs en série vampiriques que l’histoire a retenu (dont certains seront cités au cours du film, sans compter la présence d’un autre tueur beaucoup moins délicat). Le rythme du long-métrage est particulièrement lent, parfois à la limite de l’onirisme (notamment quand on se retrouve face à la mère de Simon, réduite à vivre dans une seule pièce, bloquée par une invraisemblable ceinture de ballons), et non emprunt de longueurs, mais l’ensemble détonne complètement face à la production actuelle, même si certains aspects de la résolution finale (cette idée d’une rédemption impossible) a quelque chose de déjà vu.
On pourrait également voir dans ce film, au vu de la manière dont procède le personnage principal, une manière d’aborder le thème de l’euthanasie (les victimes sont consentantes mais le personnage est forcément considéré comme un tueur par la loi et la morale), d’autant que la mère de ce dernier est atteinte d’Alzheimer. Sans oublier la médicalisation de l’acte, et la recherche des victimes d’un moyen de ne pas souffrir en mourant. On pourrait également y déceler une manière d’aborder le thème du désordre mental, entre la jeune étudiante en école de police qui s’amourache du héros et s’avère particulièrement envahissante (voire obsédée), sa mère…
Simon Williams se trouve affublé du sobriquet de « vampire » par la presse, au fil des victimes qu’il laisse derrière lui. La seule caractéristique qu’il garde du vampire de fiction est ce besoin de boire du sang, mais il ne semble pas pour autant capable de le digérer. Il tue ses victimes sans les mordre, en les vidant de leur sang à l’aide de matériel médical, ce qui lui permet de garder leur sang. Il les dispose ensuite dans des congélateurs, dont la forme rappelle particulièrement celle d’un cercueil. S’il rencontre d’autres criminels partageant cette obsession du sang, il ne violente pas ses victimes, bien au contraire. A noter que plusieurs passages semblent faire allusion au roman de Stoker, entre les noms ou pseudonymes des personnages (Mina, Lucy, Renfield), les citations approximatives ou non (le sang c’est la vie), les transfusions sanguines…
Un film difficile à décrire, étant donné la lenteur de sa narration et le côté assez onirique de l’ensemble, qui effleure de nombreux sujets sans vraiment sembler rentrer totalement au cœur d’une réflexion, gardant une certaine distance. Pour autant, il y a ici pas mal de bonnes idées pour ce qui s’avère être une variation inattendue sur le thème du vampire, particulièrement sur les criminels vampires.