Ce matin, levée à cinq heures dans les ruines éparses de Poïenari, la forteresse de Vlad Tsepes qui surplombe l’Arges, à l’entrée de la Transfagaras. Notre sommeil a été bercé par le bruit du vent s’engouffrant à travers les vestiges du château. Tout embués encore de la nuit passé sur le sol le plus inhospitalier que nous ayons expérimenté jusque-là, nous replions rapidement la tente et entamons la redescente des 1364 marches qui nous séparent de la route. Une petite demi-heure passe avant que nous posions enfin le pied sur le bitume. Nous nous mettons en route en direction de la station d’autobus qui, selon nos amis roumains de la veille, doit se trouver à quelques kilomètres de là. Le trajet se déroule sans anicroches, et nous arrivons en vue de la halte des bus, après avoir croisé le guide-garde local qui retourne à son poste. Dès que nous nous installons à son bord, le bus démarre, nos oreilles bercées par un singulier patchwork de dance ringarde, de pop début 90 et de sonorités locales.
Au bout d’une demi-heure de trajet, l’autogara de Curtea de Arges se profile à l’horizon. Nous descendons et nous informons des bus à direction de Sibiu, notre étape du jour. Comble de malchance, aucun bus pour Sibiu ne circule le dimanche. Il va nous falloir attendre demain 7h30. Dépités, nous nous mettons en route, à la recherche d’un hôtel pour passer la nuit. En chemin nous passons à côté de la gare. Et pourquoi ne pas essayer de rejoindre Sibiu en train ? Renseignements pris auprès du chef de gare, il y a bien moyen d’accéder à Sibiu aujourd’hui, pour peu qu’on fasse un changement à Pitesti. Et nous n’arriverons qu’à 21h49, un tant soit peu trop tard pour espérer trouver un gîte. Nous n’avons cependant pas tout perdu, car le chef de gare nous indique un hôtel bon marché à quelques 2km de là, l’hôtel Posada. Cette piste nous conduit tout d’abord à un camping fermé depuis pas mal de temps, mais nous finissons en fin de compte par trouver l’hôtel, un peu plus cher que l’ordinaire auquel nous nous sommes habitués, mais nous n’avons guère le choix.
Une fois avoir pris possession de notre chambre, nous être douché et avoir mangé, nous partons en direction du Monastère de Curtea, un peu à l’écart de la ville. Les droits d’accès acquittés, nous déambulons à travers le parc, et pénétrons au hasard l’un des bâtiments ouverts. Là, de nombreux orthodoxes font la queue pour rendre hommage à leurs saints, d’une manière qui nous rappelle des pèlerinages comme Lourdes. Nous décidons ensuite de nous reposer à l’ombre de la principale église du monastère, en réfection pour le moment. C’est là que nous lions connaissance avec Alina, une jeune roumaine qui nous accoste afin de nous faire répondre à ses questionnaires sur la place des déficients mentaux en Roumanie. Et ce qui devait ne durer que 5mn va se transformer en 3h00 de discussion, dans la langue de Shakespeare. Car une fois le questionnaire rempli, nous voilà parti pour parler de la Roumanie, et des us et coutumes des roumains, avec notre charmante enquêtrice.
Nous nous quittons quelques heures plus tard, non sans avoir récupéré son adresse e-mail. Nous jetons ensuite un coup d’œil rapide à l’intérieur de l’église en réfection, rapide car nous nous faisons sortir du regard par une femme à l’aspect sévère qui semble faire payer les entrées. Ah, parce qu’en plus il faut payer pour visiter les bâtiments alors qu’on a payé pour entrer dans le parc ? Charmant, mais ce sera sans nous. Sur le chemin de l’hôtel, nous achetons de quoi manger ce soir et demain midi, le petit déjeuner étant inclut dans la note de l’hôtel. Toujours ça de pris. Et demain, lever à 6h00 pour prendre le bus de 7h30 pour Sibiu. Encore un matin qui va laisser des traces sous nos yeux déjà bien chargés.