Barry Donovan reprend tout juste le travail après être passé par une longue période de dépression où l’ont conduit les morts de sa femme et de sa fille, emportées par les attentats du 11 septembre. Flic new-yorkais, il se retrouve rapidement au cœur d’une étrange affaire de meurtre en série. Dans le même temps, il rencontre Werner von Lowinsky, rencontré lors de discussions en ligne. Un aristocrate qui vit seul, et cache un lourd secret.
Premier volet de l’adaptation BD du roman éponyme de David S. Khara, avec Serge Le Tendre (La Quête de l’oiseau du temps) et Frédéric Peynet (Le Feul), cet album reprend la première partie des Vestiges de l’Aube. On y suit donc le double parcours de Barry et de Werner, deux personnages hantés par la disparition des leurs et qui semblent trouver dans leurs échanges et l’amitié qui naît entre eux une manière de tourner la page. Car les mois de psychothérapie n’ont pas permis à Barry de totalement oublier la déchirure représentée par la perte de son noyau familial, même s’il parvient globalement à donner le change en société.
Le Tendre s’est parfaitement approprié la trame du texte de David S. Khara. Il a su avec brio se concentrer sur les temps forts du récit, proposant un découpage qui ne ménage pas ses effets (et montre un indéniable savoir faire). L’enchaînement des scènes est parfaitement millimétré, le focus sur le passé de Barry également, tout en laissant de gros voiles sur celui de Werner (même si un drame équivalent à celui de Barry est sous-entendu). Des dialogues simples et efficace, une petite touche d’humour, une bonne ambiance de thriller saupoudrée d’une touche fantastique, bref un portage réussi du roman d’origine, qui met bien en avant la mise en scène quasi-cinématographique de ce dernier.
Je connaissais Frédéric Peynet pour certains de ses travaux passés, mais nettement moins que Le Tendre. Si j’avais un a priori pas forcément positif sur le travail du dessinateur, force est de constater que celui-ci s’en sort très bien, et a su rendre avec réussite l’ambiance originale, lui donnant une coloration urbaine et réaliste de bonne tenue. Certains cadrages rehaussent par ailleurs le dynamisme (et la visée cinématographique) des Vestiges de l’Aube, et s’avèrent pour le moins réussis. Reste que la couleur, qui n’est pas assurée par le dessinateur, me semble être l’aspect le moins homogène de l’ensemble (notamment quand il s’agit de représenter des traces de sang).
On est donc dans une adaptation du récit d’origine, Serge Le Tendre colle au plus près de la représentation des vampires de la série de David S. Khara. Des créatures de la nuit qui craignent la lumière du soleil, peuvent se transformer en animaux (le faucon dans le cas de Werner), et sont dotés d’une force herculéenne, même si pour cela ils doivent se sustenter de sang humain à la source.
Un premier opus globalement réussi, qui propose un éclairage rythmé et bien pensé autour des Vestiges de l’Aube, dans sa mouture la plus récente (l’édition du texte chez Michel Lafon ayant vu le matériau d’origine prendre une coloration plus polar). J’attends maintenant la suite avec impatience.