À Sunnydale comme à Los Angeles, des sang-mêlés disparaissent mystérieusement, semble-t-il victimes d’une purge. Pour faire face à la menace représentée par le général Axtius et ses mystérieux commanditaires, le scooby-gang va devoir se rapprocher d’Angel Investigations. Car des hordes de démons fanatiques s’apprêtent à déferler sur le monde, dans un idéal de pureté.
Ce cinquième et dernier Omnibus Milady consacré à Buffy rassemble comme d’habitude plusieurs textes : un déjà édité (L’Île aux monstres), l’autre inédit (Le Congrès des ténèbres), lequel n’est par ailleurs pas canonique (c’est une suite à la série TV écrite avant que Whedon ne poursuive cette dernière en comics). La première histoire s’avère intéressante à plus d’un titre pour les amateurs de l’univers étendu. Déjà, parce que les auteurs y font intervenir Buffy, Angel et une grosse partie des galeries de personnages respectives des deux show TV : Spike, Alex, Anya, Giles, Willow, Tara, Cordelia, Lorne, Wesley, Gunn… ensuite parce que cette histoire se trouve ramifiée aux premières saisons d’Angel, vu le lien entre le général Axtius et l’un des personnages importants de la série.
Le scénario en lui-même ne manque par ailleurs pas d’intérêt, en permettant aux auteurs d’intégrer dans leur histoire une masse impressionnante de démons et créatures en tous genres, tout en montrant bien que toutes ne sont pas forcément vouées au mal (même si elles ont toutes en commun de considérer la tueuse comme un croquemitaine). L’ensemble est cohérent avec les deux séries, et respecte la psychologie des personnages de ces dernières au moment où s’intègre le récit (notamment le fait que Spike est inhibé par la puce de l’Initiative, qui lui a été implantée quelque temps auparavant, et que Fred vient tout juste de revenir dans notre dimension). L’efficacité de Golden, cette fois-ci en duo avec Sniegoski, fait une fois de plus des étincelles (le style n’est certes pas parfait, loin s’en faut, mais les idées s’enchainent et le découpage est sans temps mort).
Le deuxième roman (en fait le troisième, si on part due principe que L’Île aux monstres est initialement un diptyque lors de sa première sortie en VF) se passe après la fin de la série TV. Golden a ainsi carte blanche pour reprendre le récit là où s’était arrêté Whedon, après la destruction de Sunnydale. Buffy, désormais à la tête d’une immense armée de Tueuses, se retrouve isolée à Providence, aux côtés d’Alex, Willow, Giles, Faith et Oz (sans oublier quelques autres protagonistes dont je tairai la présence pour ne pas trop en dévoiler). Les puissances démoniaques semblent se rassembler vers la ville qui était autrefois une Bouche de l’Enfer. Il se murmure en effet que le Congrès des Ténèbres, qui rassemble chaque espèce (ou presque) des puissances de l’ombre doit s’y réunir, après un hiatus de plusieurs centaines d’années.
Ce deuxième récit est intéressant même si la poursuite de la série par Whedon au format comics rend caduque sa continuité avec la 7e saison TV. Reste que Golden reprend au mieux les personnages tels qu’ils sont à la fin de la saison 7, mais évacue les tueuses potentielles (pour ce récit du moins) via une pirouette scénaristique. L’amateur de la série retrouvera certains grands éléments de l’univers, notamment le Conseil des Observateurs, les Puissances Supérieures… ce qui permet à l’auteur de suivre au plus près le cahier des charges initial, tout en ajoutant sa propre touche (le Congrès des Ténèbres). Même si l’ensemble ne manque pas d’intérêt et de personnages troubles (Malik et les autres Champions), l’ensemble manque d’un je ne sais quoi qui l’empêche d’être aussi accrocheur que le roman qui précède. Pourtant, Golden n’a pas ménagé sa peine, raccrochant l’univers de la Tueuse à ceux de Poe et de Lovecraft à cette occasion.
Si on apprend peu de choses nouvelles sur les vampires de la série, l’idée qu’ils sont un peuple en marge des autres démons est présent dans les deux romans. En effet, ils sont tout autant persona non grata sur l’Ile des Monstres qu’au Congrès des Ténèbres, ce qui a le don de le frustrer (et explique leur présence à Providence à l’approche du Congrès). Le premier roman permettra par ailleurs de mettre en vis à vis Angel, qui a une âme et est donc sujet à des émotions humaines, et Spike, qui est inhibé par la puce mais peut s’avérer héroïque dans certains circonstances.
Un cinquième opus qui clos avec intérêt cette mini-série d’anthologie des romans tirés de l’univers de La Tueuse de Sunnydale. Un plaisir pour ceux qui ont vu (et lu) tout ce qui touche de près ou de loin à l’univers de Joss Whedon, mais peut apparaître un peu léger pour ceux qui attendent vraiment une plume, car là n’est pas le propre des romans qui composent l’univers étendu de Buffy contre les vampires.