On l’attendait depuis la fin du tome 4 avec une impatience sans commune mesure. Après le cliffhanger que Sophie Jomain avait utilisé pour les dernières pages du 4, le tome 5 était prometteur, même si on savait aussi que c’était la fin d’une saga qui nous avait pris aux tripes. Alors, dans les premières pages, longues et assez pauvres en rebondissements cinglants, je me suis demandée si ça n’allait finalement pas faire pshitt. Mais après cette première partie qui a joué sur la psychologie des protagonistes, on retrouve le rythme parfois effréné de nos personnages. La survie n’est plus seule en jeu. Il y va aussi de l’amour des personnages principaux.
Ce n’est plus un secret pour qui a lu le tome 4, Leith est devenu une autre personne. Son corps est encore le même, mais son esprit est celui de quelqu’un d’autre. Ses souvenirs aussi. Hannah n’est plus rien pour lui, pas plus que le reste de la troupe, ou même son oncle, sa tante, ou son père. À la communauté du Sutherland, que l’auteur situe dans des habitats troglodytes proches du Ben Hope en Écosse, on retrouve une Hannah brisée par le chagrin, qui doit néanmoins affronter la perte de proches, encore. Le monde tel que nous le connaissons n’a pas cours dans ce coin garou où le temps a suspendu son vol. L’auteur parvient assez justement à nous faire ressentir ce décalage, à force de descriptions bien calibrées, de dialogues remuants.
L’ennemi n’est pas seulement la perte de mémoire de Leith : il y a aussi les Strigois, qui n’ont rien à voir avec ceux de Vampire Academy. Invisibles pour la plupart des gens, seule une sorcière et Hannah peuvent les percevoir. Cette menace est d’autant plus grande que pour la communauté, leur menace n’est pas crédible. Les anges noirs sont donc tolérés, dans le cas de Grigore, qui soutient Hannah, voire interdits de séjour ! Pourtant, les différentes espèces devront se rendre à l’évidence. Alors que l’action monte peu à peu en puissance, on découvre que le passé d’Hannah et ses différents états ( humaine, ange noir, loup-garou…) ont laissé des traces avec lesquelles il est difficile de composer.
Mon personnage préféré est sans doute celui de Grigore et ma lecture était orientée vers un retournement de sentiments à son encontre de la part d’Hannah. D’ailleurs, la tension n’est pas qu’amicale entre eux. Il existe autre chose. Si le livre se termine comme beaucoup en rêvaient, il faut néanmoins tirer notre chapeau à Sophie Jomain qui réussit l’exploit de terminer sa saga selon le désir des lecteurs mais d’une façon à laquelle personne n’aurait pu penser, à part elle-même.
Les Étoiles de Noss Head est un récit plus adolescent que les autres titres de Sophie Jomain, moins pétillant d’humour, plus psychologique, mais les scènes d’action sont renversantes et les combats fort bien amenés. On peut refermer le livre et la saga avec le sentiment d’avoir obtenu tout ce que le lecteur quel qu’il soit pouvait en attendre. Les pro Grigore auront leur lot de satisfaction, tout comme les pro Leigh. Car en fin de compte, celle pour qui nos doigts ont sans cesse tourné les pages c’est bien Hannah. Cette rouquine presque insignifiante au début de la saga, qui gagne en confiance, en maturité et en profondeur. Elle est devenu adulte. Comme les plus jeunes lecteurs qui ont commencé Noss Head à l’adolescence. Pour eux, il est temps de passer aux répliques cinglantes et coquines d’une Felicity Atcock qui elle est bien adulte et pleine de surprises.
Sophie Jomain confirme qu’elle est une valeur sûre de la littérature fantastique française et que l’on peut, quelque soit notre âge ou notre état d’esprit, avoir envie de fouler du regard les pages de ses désormais nombreux ouvrages !