Inutile de vous présenter le personnage central de cette tragédie, Erzsébeth Báthory dite « La Dame Sanglante » souvent considérée comme la Dracula au féminin, un personnage historique que la fiction s’approprie régulièrement comme dernièrement avec le film La Comtesse de Julie Delpy.
La Dame Sanglante est une pièce dont l’histoire prend des libertés assumées avec la vie de la comtesse, ne pensez pas assister à une biographie fidèle : on se concentre ici sur les événements charnières ayant fait basculer une femme dans la folie meurtrière.
Cette pièce est écrite et mise en scène par Olivier Schmidt, habitué du théâtre musical et cela se ressent : la musique est un élément essentiel de la pièce. L’ambiance, l’atmosphère et les retournements de situation sont accompagnés avec beaucoup de justesse par ces airs dont j’ai été surprise d’apprendre qu’ils ont été composés spécialement pour l’occasion par Mark Alberts, tant ils pourraient être cinématographiques.
Une fois la lumière éteinte, deux ambiances très différentes se mettent en place : toute la première partie de la pièce est une comédie romantique, très proche des Liaisons dangereuses, avec une mise en scène entre la farce et le vaudeville, quand la seconde partie nous plonge dans un drame gothique voisin du Château d’Otrante d’Horace Walpole.
L’élément vampirique, vous l’aurez compris, est donc secondaire et sert de métaphore à l’espoir vain de notre héroïne : ce qu’elle pense être sa cure se révèlera être sa perte.
Les trouvailles de mise en scène pour représenter le surnaturel sont assez surprenantes et évitent les principaux écueils du genre : pas d’effusions de faux-sang ou de crocs en plastique.
La galerie de personnage est vaste : on retrouve l’archétype du domestique loufoque, l’héroïne tragique et la jeune première ingénue. Tout est relativement prévisible car nous sommes dans une tragédie, mais le rythme est le point fort du spectacle et l’on ne s’ennuie pas une seule seconde.
Les comédiens sont tous très jeunes et semblent porter ce projet avec beaucoup d’implication, et chapeau à eux car l’écriture au verbe travaillé, débitée à un rythme soutenu, ne permet aucun répit et doit représenter un véritable défi.
En résumé : ne vous attendez pas à une pièce historique ou à une œuvre disséquant le vampirisme et ses enjeux, mais à une variation romantique sur le personnage mythique de la Comtesse Báthory, à voir pour les passionnés de cette figure emblématique et pour les nostalgiques du roman gothique.
Note concernant l’affiche : Laury Deverdun a depuis remplacé Léa Sananes dans le rôle de Betsy.