Nouvel ouvrage consacré aux vampires au sens large, cette fois-ci écrit par Jacques Sirgent, directeur du Musée des vampires.
L’ouvrage commence de façon maladroite, entre mots oubliés, syntaxe hasardeuse et niveau de langage plus proche de la conversation que de l’essai. Des défauts qui s’estompent quelque peu, mais pas complètement, par la suite.
La première partie s’attache aux origines « historiques » des vampires, entre références aux différences tribus primitives (des relations parfois subordonnées à des raccourcis surprenants), traditions à travers le monde et vampires « véritables » tels Gilles de Rais, Vlad Dracul Tepes et Erszebet Bathory.
Par la suite, l’auteur rapproche le mythe vampirique d’autres légendes, comme celles des sorcières, des loups-garous, passant alors en revue leur origine diabolique, mais aussi leur caractéristique physique principale, à savoir l’excroissance dentaire. Des thèmes seulement effleurés, même s’il met l’accent sur un point commun : la valeur particulière du sang. Mais attention aux raccourcis faciles…
Le vampire a également été (et se trouve toujours) très présent dans les arts : littérature blanche ou grise, cinéma, peinture et musique, avec un petit crochet vers la bande dessinée. Pas un mot sur les séries télévisées, alors que des shows comme Buffy contre les vampires ou Vampire Diaries entretiennent la flamme avec plus ou moins de bonheur.
La quatrième et dernière partie se concentre sur les « anecdotes » vampiriques. Palingénésie (le fait de renaître de ses cendres pour un défunt), sexe du prédateur ou origine du mythe Dracula, cette section est un fourre-tout à l’intérêt irrégulier. De même, on évoque la Bête du Gévaudan, des tueurs en série qui se réclament vampires ou l’arbre vampire, pour finir sur les destinations vampiriques, qui se trouvent essentiellement en Europe centrale.
Au final, ce Guide secret est un ouvrage incomplet, où l’auteur relie des éléments de façon un peu artificielle. Il a toutefois l’avantage de présenter une série de références artistiques qui permettront aux amateurs d’enrichir leur connaissance du sujet.
Bonjour je suis toujours « étonné » des critiques sur vampirisme.com. C’est la première fois qu’on taxe mes écrits de syntaxe hasardeuse (relisez-vous…). La critique littéraire me reconnaît un certain style et même un style certain. Vous citez les thèmes abordés sans entrer dans le fond. La palingénésie des spectres est rarement traitée. Les liens entre amour courtois et vampirisme n’ont jamais été abordés à ma connaissance parce que les textes anciens sont quasi impossibles à trouver ; cela ne signifie pas que ces liens n’existent pas. Vous n’en abordez aucun aspect. Vampirisme et psychanalyse de même ; même remarque pour les arbres vampires, la dentition des vampires et les maladies soi-disant évocatrices de symptômes vampiriques. Encore une fois vous évoquez les têtes de chapitre sans aborder le fond, comme si vous n’aviez pas lu le livre… Je n’écris pas comme je parle, je parle comme j’écris, tout le contraire de vous.
Bonne et heureuse journée.
Cette critique est sans fondement et donc ce commentaire n’est pas une critique véritable.
J’ai lu avec plaisir dans les transports parisiens ce jour le livre de Jacques Sirgent : clair, bien informé, ouvrant des perspectives. Il s’agit d’un petit guide ne pouvant tout dire, mais disant bien l’essentiel, et surtout offrant des pistes de recherche à emprunter. De façon manifeste, ce connaisseur passionné maîtrise très bien son sujet. Nous lui en savons gré. Bien écrit, de façon alerte, érudit sans être pesant, ce petit livre est un « manuel » au sens premier du mot, autrement dit un livre que l’on peut tenir en main! Et qui donne un excellent aperçu sur une question fascinante et parfois inquiétante.
Bien entendu la question du sang est centrale. Il est vrai que « la peur de perdre son sang, perte qui symbolise une mort presque immédiate remonte à la nuit des temps, de l’ignorance de ce qui peut faire mourir » (JS, p. 9). JS montre bien la complexité de la définition de vampire, ce qui justifie les rapprochements opérés. Les pages consacrées aux rituels funéraires romains (pp. 14-17) puis à la présence du vampire dans les cinq continents (pp.18-31) sont bien instructives. L’évocation de trois personnages historiques considérés comme vampires (Gilles de Rais, Vlad Tepes Dracul, Erzsébeth Bathory) est suggestive. J’ai pour ma part beaucoup apprécié le chapitre « Des liens étroits entre vampirisme et sorcellerie » (pp. 42-49) On prouve son amour en partageant son sang comme la mère de famille du conte de Grimm « la Gardienne d’Oie » qui s’entaille un doigt, recueille trois gouttes de sang qu’elle dépose dans un mouchoir qu’elle confie à sa fille. On se souvient qu’au XVIe siècle, Jean Bodin (1530-1596), non seulement économiste mais féru de sciences occultes, dans un ouvrage d’un intérêt capital De la démonomanie des sorciers prétend que ces derniers « mangent de la chair humaine et boivent du sang ». Spiritualité chrétienne inversée. Au demeurant dès 785, le Concile de Paderborn publie un édit prohibant la pratique de boire du sang humain. Ce qui atteste de sa récurrence et donne un singulier relief à la dévotion eucharistique, à entendre au sens le plus réaliste et cru (si l’on ose dire). Des miracles eucharistiques comme le Saint-Sang de Bruges sont peut-être troublants pour le catholique aseptisé d’aujourd’hui mais renvoie à quelque chose de profond dans le désir humain. Au demeurant la théologie du Concile de Trente au XVIe siècle parle de la messe comme du renouvellement non sanglant d’un sacrifice bel et bien sanglant. Le délire anti-sorcier et anti-sorcière de la même époque atteste d’une même obsession. Henri Boguet dans son manuel de procédure pénale (1603) stipule ainsi dans son article 3 consacré à la sorcellerie que cette dernière est un crime difficile à identifier et donc que l’on pourra accuser quelqu’un d’être un vampire sans aucune preuve. Fouquier-Tinville ou Staline n’ont rien inventé.
La partie « le vampirisme dans les arts » (pp. 64-75) nous met l’eau (ou le sang ?) à la bouche. Au passage je note que Sirgent voit bien en Balzac un auteur soucieux d’occulte, ce que nos enseignants semblent vouloir… occulter. Barbey d’Aurevilly, entre autres, mérite d’être redécouvert. Les quelques pages merveilleuses sur le vampirisme dans les textes d’amour courtois (pp. 76-79) m’a enchanté, à commencer par le conte « les trois chevaliers et la chemise » du troubadour belge Jacques de Baisieux. Un chevalier ne dit pas à une femme qu’il l’aime mais le prouve en versant son sang. Sirgent nous signale des textes d’un intérêt capital comme le Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants et vampires… (1746) de Dom Calmet, cet extraordinaire érudit.
Dans la partie « la palingénésie des spectres » Sirgent évoque le… retour de ce que le feu semble avoir réduit en cendres ! Les bûchers rendent hommage indirectement à ceux qu’ils veulent anéantir. Cette vérité s’exprime dans l’étonnante croyance selon laquelle les exhalaisons qui s’échappent des restes d’une personne enterrée peuvent revenir sous forme de vapeurs (cf. p 99).
Le vampire peut aussi être une femme (pp. 100- 102). Quant à Dracula, on n’aura jamais fini de le découvrir comme le souligne Sirgent dans son chapitre « Mystère Dracula » (pp. 105-109). À cet égard, je partage l’appréciation positive qui est celle de Sirgent du film Dracula Untold de Gary Shore avec l’excellent Luke Evans (2014). Sirgent nous parle aussi de la Bête du Gévaudan et des tueurs en série. Enfin le chapitre consacré à l’arbre vampire en trois versions (pp. 128-130) m’a appris des choses que j’ignorais totalement.
Mort-vivant, le vampire est également un « non-mort » (cf. p. 11) : « il n’a pas d’âme et ne peut donc traverser la frontière entre les vivants et les frontières. Toutes les religions incorporent à leurs croyances la notion d’âme (…) » Le vampire n’ayant pas d’âme, il ne peut donc quitter cette terre. Mais cela n’en fait pas un monstre pour autant puisqu’il a un cœur et peut-être même du corps. En tout cas notre ami Jacques Sirgent le rend bien vivant !
Dominique VIBRAC, Docteur de l’Université de Paris IV Sorbonne, historien et philosophe, spécialiste des religions et de l’ésotérisme.
S’il n’y avait qu’un livre à conseiller pour se familiariser avec le thème du vampire, le Guide secret des vampires constitue sans nul doute un excellent choix. Bien qu’il ne comporte que 144 pages, Jacques Sirgent parvient dans ce livre à faire une très bonne synthèse du mythe du vampire, de la genèse jusqu’aux divers avatars du vampirisme, à travers le monde et les cultures en passant par la religion, le cinéma, la littérature. Les aspects les plus essentiels sont décortiqués de manière concise mais précise, bénéficiant en outre d’une très belle mise en page, une typographie soignée, ornée d’illustrations et de photos au tons sépia particulièrement réussis qui donnent à ce livre un cachet « vintage » du plus bel effet.
On ne boudera pas son plaisir, d’autant que le livre se prête à de nombreuses relectures où l’on se plaît à découvrir ou redécouvrir de petits détails aussi bien visuels qu’écrits qui pouvaient nous avoir échappé à la première lecture. Bref, un livre concis, clair, avec juste ce qu’il faut de mystère et de poésie aussi bien entre les lignes qu’entre les images. 🙂
C’est franchement plus que ridicule de venir taper sur un livre en une critique de 30-35 lignes caractères 12 et avec des arguments aussi « bétons » que : « Oui mais il a pas parlé de Buffy et de Vampires Diaries ! » (c’est un livre Ouest France, pas un hors série Closer…) surtout quand on ne parvient pas à différencier les mots « guide » et « encyclopédie ».
Cette collection Ouest France de guides, justement faite pour orienter le lecteur qui souhaite une première approche pour pas très cher et plutôt bien résumée, pour ensuite aller si il le souhaite vers des choses plus approfondies. En ça ce guilde remplit donc ainsi très bien son office.
Il faut réellement comprendre le sens des mots surtout quand on se prétend critique… Un guide n’est pas une encyclopédie complète sur une légende qui perdure depuis plus de 4000 ans. Ça n’existera jamais dans ce format, dans cette collection et à ce prix là…
Je dois dire que je suis également étonné par cette critique du remarquable guide de Jacques Sirgent, guide que j’ai dévoré avec un vrai plaisir ! Il n’est pas toujours facile de trouver du nouveau et de l’inédit dans ce domaine si passionnant et les auteurs qui parviennent, comme c’est le cas ici, à ouvrir de nouvelles perspectives et donner des pistes inattendues, sont vraiment les bienvenus. Surtout avec ce style et cette verve, typiques du conteur né, spécialiste reconnu, qu’est le directeur du Musée des Vampires (musée que l’on vient visiter du monde entier). Ce livre est un guide excellent, complet (on n’est pas obligé de parler de toutes les séries tv pour ça) et érudit. Il est de plus un véritable objet de collection, qui ajoute au texte toute un aspect visuel dû à la présentation, l’iconographie, etc. qui augmentent encore le plaisir en nous plongeant dans cette ambiance gothico-vampirique si chère à notre cœur ! Bref, j’ai aimé et je ne peux que recommander. Chaudement.
Bonjour à tous les lecteurs et chroniqueurs de Vampirisme.com,
À la demande de Vladkergan, je vais placer dans ce message – uniquement à titre de complément d’information – un lien vers la fiche que j’ai consacrée à cette étude sur mon propre site web, http://www.morduedevampires.fr
Je tiens à préciser que je ne souhaite en aucun cas lancer ici un débat stérile avec d’éventuels admirateurs inconditionnels de Jacques Sirgent, ni avec lui-même, ni avec quiconque tenterait – maladroitement et artificiellement – de faire la promotion de ses œuvres (cf la page sur Le Livre des vampires, chroniquée ici-même il y a quelques années).
Pour terminer, j’invite amicalement toutes les personnes ayant davantage apprécié le Guide secret des vampires que moi à ne pas reproduire les erreurs de son auteur. Faire preuve d’une agressivité extrême, et insulter quiconque n’aurait pas la même (haute) opinion que lui sur ses propres écrits, ne pourrait que le décrédibiliser davantage. Or, il s’en charge déjà très efficacement lui-même. À mon grand regret d’ailleurs, car il fut une époque où il possédait un minimum d’humilité, ainsi qu’un certain recul lorsqu’il portait un regard sur ses propres travaux.
Voici donc le lien vers la fiche en question : http://morduedevampires.pagespro-orange.fr/Fiches/F1806.htm
Katia
Complément du correcteur : lien vers le « coup de gueule » de Katia http://morduedevampires.pagespro-orange.fr/Articles/A0062.htm