Dans la littérature occidentale contemporaine, le vampire a évolué jusqu’à devenir l’une des formes les plus aisément reconnaissables du mal. Mais à ce jour, la figure de sa Némésis, le chasseur de vampires, n’a pas bénéficié d’autant d’attention. Slayers and their vampires est la première étude qui analyse l’émergence du chasseur de vampire, avant d’aller plus loin en posant la question du désintérêt aussi lointain pour la véritable histoire des chasseurs de vampires. Depuis les sâbotnik et vampirdzia serbes jusqu’au duo Buffy/Giles de la série Buffy contre les vampires, Bruce McClelland propose ainsi une analyse de l’évolution de la figure du chasseur dans sa dualité avec le vampire.
La quasi-totalité des études universitaires et scientifiques sur le vampire sont, il est vrai, focalisés sur la créature à proprement parler, plutôt que sur ses interactions avec des tiers, et sur la place de ces derniers. Quand on s’intéresse au vampire littéraire, pourtant, difficile de ne pas considérer la figure du chasseur. Depuis le Van Helsing de Dracula (voire le personnage du général Spielsdorf dans Carmilla), le chasseur-tueur de vampire est une des figures incontournables de la littérature sur le sujet. Un personnage qui a bénéficié d’un fort regain d’intérêt avec l’avènement de la fantasy urbaine, et des figures comme Anita Blake, Cat Crawfield, Buffy, Laura Caxton…
Un ouvrage qui revient en arrière, et explore les premières figures du chasseur ne manque ainsi pas d’intérêt. L’auteur choisit ainsi de focaliser son attention sur la Serbie et les Balkans, région fondatrice du vampire en tant que créature folklorique, même si la littérature a plus tard délocalisé cette localisation en Roumanie. Le lecteur apprendra ici comment, de simple détecteur de vampire, le chasseur est devenu un actant dans la littérature, et quelles ont été les phases de son évolution (majoritairement associées aux querelles religieuses, puis à l’opposition entre science et religion).
Très bien documenté (l’ouvrage regorge d’extraits de textes traduits spécialement du serbe), passionnant dans son immersion en profondeur dans les tenants et aboutissants du folklore est-européen (puis dans la transition vers la figure populaire ouest-européenne), cet essai est quasi incontournable pour qui s’intéresse au basculement subit par le vampire entre les croyances populaires et la littérature de fiction.