Quittant la maison de leur confrérie en pleine soirée de bizutage, Paul et Leslie décident de se promener en voiture. Ils arrivent à un cimetière proche, où ils décident de s’arrêter. Alors que le jeune homme vient de demander en mariage sa compagne, tous deux sont attaqués pas Charles Croft, qui vient de sortir de sa tombe. Le vampire tue alors Paul, avant de s’abreuver de son sang, et viole la jeune fille. Cette dernière, persuadée que l’enfant qui se développe bientôt dans son ventre est de son défunt amant, décide de le garder.
Sorti en 1974, soit un an après le Bram Stoker‘s Dracula de Dan Curtis et la même année que le Blood for Dracula de Paul Morrissey et que le Captain Kronos – Vampire Hunter de Brian Clemens, Grave of the vampire (titre VO nettement moins ridicule que Bébé vampire, le titre VF original) intègre un corpus qui commence déjà à comporter quelques films (depuis Count Yorga, Vampire de Bob Kelljan en 1970) aux US, lesquels choisissent de développer leur intrigue à l’époque contemporaine, tout en abordant de manière plus frontale certains aspects du mythe (ici, le vampire prédateur sexuel). Faut-il rappeler que trois ans plus tard, en 1977, sortaient Martin de George Romero et Rabid de David Cronenberg, deux films situés à l’époque contemporaine qui reviennent à un vampire plus malsain, et où la problématique de la pathologie (qu’elle soit psychologique ou physiologique) est centrale ?
Ne vous arrêtez pas au titre et à l’affiche VF du film, qui ne permet aucunement de se faire une idée du propos ici abordé. Le récit est en fait divisé en deux : une première partie dans les années 40, la seconde dans les années 70. Le personnage de Caleb Croft, vampire et violeur, est le principal point commun entre les deux périodes. Prédateur sexuel de son vivant, quoi de plus logique que de le voir devenir vampire à sa mort (même si la vérité est un peu différente) ? Assez malsain dans son approche (même s’il y a encore pas mal de choses suggérées, comme le viol de Leslie), le film ne se prive pas de quelques ressorts à la limite du gore (la mort du lieutenant Panzer, le premier repas de James). Et passé la première scène, qui se déroule dans un cimetière, le film se déroule dans un cadre urbain et moderne, sans recours aux codes gothiques du genre.
Côté vampire, Caleb Croft est le buveur de sang principal du film. On découvrira qu’il est bien plus ancien que ne le laissent à penser les dates affichées sur sa pierre tombale. Son corps apparaît particulièrement vieux (sa peau est parcheminée) lors de son réveil, mais son premier repas lui permettra de rapidement retrouver un visage normal. On comprend rapidement qu’il a besoin de se protéger de la lumière du soleil, et qu’il préfère dormir dans un cercueil, même si rien ne l’y oblige. Il est enfin doué d’une force physique hors du commun, d’une capacité d’influence psychique élevée, et ne semble pouvoir être détruit que si on lui enfonce un pieu en plein cœur. À noter également, la présence de son film biologique, qui est un dhampire (même si le terme n’est jamais cité). Il possède les forces du vampire (notamment physique) et le goût pour le sang. Pour autant, il n’a pas les attributs du vampire (les dents) et peut se déplacer à la lumière du jour.
Le film, s’il n’est pas exempt de quelques faiblesses, propose une variation intéressante sur le thème (et pas mal d’éléments modernes qui contribuent à donner une certaine originalité à l’ensemble), tout en plongeant le spectateur dans une ambiance particulièrement malsaine. Ne rater pas, en bonus, la présentation du film par Eric J. Peretti, qui détaille le passif de l’équipe du film ainsi que la position de Grave of the Vampire dans les films de vampire de l’époque.