Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?
Bonjour, je m’appelle Olivier Beguin, je suis un réalisateur suisse, ayant fait plusieurs courts métrages, dont le western Dead bones et la comédie fantastique Employé du mois ainsi que le long métrage vampirique, Chimères.
Chimères, sorti en 2013, est votre premier long métrage. Pouvez-vous nous résumer la genèse de ce projet ?
Suite à Employé du mois, on parlait avec Yannick Rosset, qui avait joué dans celui-ci, du fait qu’il fallait que j’arrête de faire des courts et qu’il fallait faire un long, coûte que coûte, même si le financement des guichets traditionnels ne suivait pas. La persistance de Yannick a eu raison de moi et j’ai commencé à y penser sérieusement. En 2011 j’étais en résidence d’artiste à Paris, où vivait Colin Vettier, mon co-scénariste sur Employé du mois, on s’est régulièrement retrouvé dans mon atelier autour de bons plateaux de fromage et verres de vin et on a commencé à jongler avec des idées. Je tenais à un film de monstre. Le vampire s’est assez rapidement imposé vu qu’on savait qu’on aurait un très petit budget. Dès le début il a été question d’un couple voyageant en Roumanie, mais au départ c’était une comédie – les restes d’Employé du mois, sans doute – puis on a rapidement viré tout le côté comique pour passer au drame et écrire quelque chose de plus personnel.
Pourquoi avoir choisi de débuter le film en Roumanie, sachant que le reste du film prend beaucoup de distance avec le mythe classique ?
Comme on était parti dans un premier temps sur une comédie horrifique, il était clair pour nous que le film devait commencer en Roumanie, pour opposer les cultures. Influence certaine d’American werewolf in London… Quand on est passé au drame, on a pas vraiment remis en question ce début, il faisait complétement sens pour nous. Je pense aussi que le cinéma fantastique francophone étant plus rare, il aurait été risqué de faire apparaître le mal vampirique directement « chez nous », le faire venir de ses origines aide le spectateur à y croire.
Le film joue beaucoup sur le doute, et oppose la thèse de la folie à celle du surnaturel. Qu’est-ce qui vous a amené à ce point de vue sur le sujet ?
Je crois vraiment au fait qu’un film s’écrit 3 fois, au scénario, sur le tournage et au montage et pour ce que vous mentionnez, pour le doute, c’est clairement quelque chose qui est venu au montage. Dans le scénario, la « réponse » aux questions du couple apparaissait assez rapidement. Lors du montage, on a vite vu que ça ne fonctionnait pas, le film devenait passablement ennuyeux et on s’investissait et/ou s’identifiait pas assez aux deux personnages. On a donc revu notre copie pour faire durer ce doute dans le couple et repousser la « révélation ».
La francophonie et les vampires, ça ne semble pas être une affaire qui roule (et pour les films qui ont bénéficié de fonds, surtout orientés comédie). Avez-vous rencontré des problèmes à financer et produire le film ?
Disons qu’on pensait dès le départ faire un film à petit budget et ce fût effectivement le cas. On a eu des aides financières des instances et fondations culturelles de la Ville de Neuchâtel, mais pas les gros guichets suisses. Après, comme souvent dans le film de genre, l’équipe suit par amour pour ce cinéma et donne tout ce qu’elle a pour un salaire quasi inexistant et rend ce genre de productions possibles.
Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et/ou cinématographique) ?
Alors j’ai beaucoup de peine à me rappeler d’un premier vampire. J’imagine que gosse, le premier vampire « connu » est Dracula, car des potes ou des profs en parlent… Et quand on avait une douzaine d’années on faisait des films d’aventures – à notre sens épiques, bien évidemment – dans la forêt entre copains et dans l’un deux je jouais un vampire, avec cape et dents en plastique. Mon rire maléfique fût doublé, grand succès donc. Je crois qu’il n’existe heureusement plus de copie de ce chef-d’œuvre. Quand à la dernière rencontre, j’ai un excellent souvenir de The Transfiguration de Michael O’Shea, vu au NIFFF 2016, une œuvre touchante avec deux formidables jeunes acteurs.
Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
Le vampire tient la durée, comme le zombie, par le fait d’y projeter ses propres peurs. Mais c’est d’une telle banalité, que je vais laisser le travail d’analyse à d’autres…
Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ? Y verra-t-on à nouveau des vampires ?
L’actualité du moment est en temps que co-producteur et monteur de Sons of Bitches, un court métrage d’un talentueux jeune réalisateur suisse, Arnaud Baur. Un western d’une vingtaine de minutes, qui est actuellement en post-production et qu’on espère pouvoir montrer en festivals bientôt. En tant que réalisateur, je travaille notamment sur une web-série, dans laquelle pourrait revenir Vlad Pitt, le vampire fainéant présent dans Employé du mois.