Bill se réveille brutalement. Il comprend que l’avion dont il était le co-pilote s’est écrasé en pleine jungle. Le pilote semble grièvement blessé, voire mort, un éclat de bois lui ayant transpercé l’œil. Et personne ne semble reprendre conscience. C’est à ce moment-là qu’une créature ailée à forme humaine l’attaque et s’empresse de le mordre à la gorge. Bill sombre à nouveau dans l’inconscience.
The Bellfry est une histoire courte d’une dizaine de page, dessinée et scénarisée par Gabriel Hardman, connu pour son travail sur Star Wars : Legacy, Savage Hulk, voire des projets plus personnels comme Kinski ou Invisible Republic. Comme il l’explique en post-face de la présente histoire, il éprouvait le besoin de travailler sur quelque chose de plus viscéral, un projet personnel bref dont il pourrait rapidement savourer le résultat.
Le résultat, justement : ce récit de survivalisme, qui débute au moment où le protagoniste principal se réveille, après un crash en pleine forêt impénétrable. La couverture l’annonce clairement : le basculement dans l’horreur surnaturelle est quasi-immédiat, et les protagonistes iront de mal en pis. L’auteur ne se laisse que peu la possibilité de développer leurs personnalités, avec un volume de pages aussi restreint, mais l’ambiance est tendue de la première à la dernière case, et fonctionne à merveille. Gabriel Hardman cite, en fin d’ouvrage des travaux comme ceux de Gene Colan dans Creepy, et il y a en effet quelque chose des récits de cette période, avec leur fin abrupte et leur rythme resserré. Mais revisité avec une narration plus nerveuse et actuelle.
L’aspect graphique n’est pas en reste. Je ne connais pas les autres travaux de l’auteur, mais la couverture est à l’image de ce qu’on trouve à l’intérieur, sombre, inspirée et relativement détaillée. Tout se joue dans la pénombre, ce qui n’empêche pas l’auteur de mettre en avant les détails importants de son histoire. Ce lui offre aussi la possibilité de jouer avec finesse avec la lumière qui filtre peu à travers la jungle où se déroule l’intrigue. A noter, également, un découpage éclaté, qui appuie lui aussi sur l’énergie du récit, et l’enchaînement rapide des évènements.
Les créatures qui attaquent Bill ont un aspect humain, mais possèdent des ailes de chauve-souris et des dents acérées, avec lesquelles elles mordent leurs victimes. Pour autant, la morsure ne semble pas à même de transformer l’ensemble des personnes mordues. On ne sait par ailleurs rien des moyens de lutter contre ces vampires, sinon qu’il semble essentiellement se déplacer dans la pénombre.
Une histoire aussi courte qu’efficace, qui remplit pleinement son office, et démontre en quelque page la maîtrise du scénario et du dessin par son auteur. Chaudement recommandé !