Charlotte est une jeune fille solitaire, dont le temps se partage entre ses études, les livres et ses avatars sur Wow. Quand sa soeur aînée lui propose de venir passer avec elle quelques semaines de vacances à Paris, elle se laisse pourtant convaincre. Mais un enchaînement d’événements va rapidement perturber le planning initial. Sans ses affaires et sans moyens de communication, Charlotte se retrouve dans une ville inconnue, loin de sa destination. Elle y fait par hasard la rencontre d’une famille vêtue comme aux grandes heures de Versailles, et accepte leur proposition d’hébergement. L’étau vient de se refermer.
Élodie Lemaire est une chroniqueuse très active au sein de son site Limaginaria. Mais donner son avis sur des ouvrages n’est pas la seule corde à son arc, car Élodie écrit depuis plusieurs années maintenant, et a déjà publié par le passé une nouvelle sur le thème des bêtes à crocs («Le masque de la mort» dans l’Anthologie Or et sang des Éditions du petit caveau, qui m’avait fait très bonne impression à l’époque). Son premier roman, Sonate au clair de lune, est donc une suite logique pour quelqu’un qui s’intéresse aux vampires et qui a déjà donné de la plume sur le sujet.
Si l’auteur prend le temps de poser ses personnages, l’essentiel de l’intrigue est donc un huis clos dans un vieux château isolé. Le principe de l’ingénue qui se retrouve prisonnière malgré elle, avant de comprendre où elle a mis les pieds, la touche de romance, tout cela est certes assez classique, mais l’histoire ne ménage pas son personnage principal, réserve malgré tout quelques rebondissements inattendus, et possède, surtout, une ambiance réussie, notamment via les aspects musicaux qui émaillent le récit (à commencer par son titre). L’ensemble de la galerie de personnages (en premier lieu la famille de vampires) est travaillée, chacun avec ses travers et son grain de folie. Car même si on flirte parfois avec les archétypes du genre (gothique oblige), l’auteur fait oeuvre d’appropriation.
Charlotte comprend, certes pas immédiatement, qu’elle est tombée au sein d’une « famille » de vampires, à la tête de laquelle se trouve Léandre. Si une partie d’entre eux préfère se nourrir comme les humains, à partir de sang qu’ils ingèrent telle de la soupe, certains refusent ces faux-semblants et assument complètement leur statut de vampire, ne se nourrissant qu’à même leurs victimes. Leurs crocs leur servent dès lors à mordre leurs proies, pour se nourrir à même les veines de ces derniers. On comprend, au vu du rythme de vie de la famille, qu’ils ne se déplacent que la nuit, et évitent la lumière du soleil.
Très gothique dans son ambiance, Sonate au clair de lune est un roman classique qui ne ménage pour autant pas ses personnages, et ce jusqu’à la dernière page. Si tout n’y est pas parfait, notamment le démarrage de l’histoire et le concours de circonstance qui amène l’héroïne dans ce château perdu, force est d’avouer qu’il s’agit là d’un premier roman tout à fait recommandable.