Avant qu’Elvira Time ne reprenne le sacerdoce de son père, à savoir la chasse aux vampires, elle était encore une adolescente (presque normale). Déjà inséparable de son ami Jéricho, mais pour autant bien décidée à ne pas être laissée sur le banc de touche, Elvira avait déjà le chic pour assumer ses différences… et ne pas laisser les autres la rabrouer. Mais quand on a un père chasseur de vampires, capable d’intervenir à tout moment, où que ce soit en ville (même au lycée), difficile de ne pas vouloir se jeter dans la mêlée. Pourtant, si Justin Time entraîne sa ville depuis son plus jeune âge, il n’en est pas encore à l’autoriser à lever le pieu contre les buveurs de sang.
Après deux volets dont le récit se suivait de près, Mathieu Guibé choisit de rompre pour le moment la continuité narrative de la série en revenant sur le passé de son héroïne. Car si de nombreux éléments qui ont abouti à la situation d’Elvira dans le tome un nous sont connus, l’enchaînement de situations qui a abouti à la mort de Jéricho recelait encore des zones d’ombres. À la manière du film Buffy contre les vampires (qui, lui, a précédé la série), l’auteur choisit donc de déplacer le curseur quelques mois avant les débuts en fiction d’Elvira, alors qu’elle entre tout juste le lycée. Et une nouvelle fois, malgré les aspects très classiques de l’ensemble, la sauce prend aisément. Les personnages sont bien travaillés et attachants, le style simple et efficace. Elvira Time confirme une nouvelle fois son statut de popcorn série, piochant dans les poncifs du genre sans pour autant tomber dans le caricatural.
En ce qui concerne les vampires, on se retrouve rapidement face aux codes posés par l’auteur au début de la série. Elvira et Jéricho évoluent dans un monde où le grand public a connaissance de l’existence des vampires. Ces derniers ont dû se faire enregistrer et choisir de ne pas s’attaquer à la population pour survivre. Ceux qui contreviennent à cet état de fait sont pourchassés par les chasseurs, dont fait partie le père d’Elvira. Côté moyen à disposition, on se verra également rappelé qu’il n’y a rien de plus efficace qu’un pieu en plein coeur ou qu’une décapitation pour tuer un vampire. Et qu’être mordu puis tué par l’un d’eux peut aboutir à une transformation.
Un troisième opus relativement court, mais non moins intéressant pour qui suit la série depuis ses débuts. Peut-être un tantinet plus tragique (les morts de personnes importantes pour Elvira ne manquent pas), avec toujours cette petite touche d’humour (la mise en scène de la famille Time et des punchline du père), et sans temps morts.