Après avoir été libéré de sa prison 200 ans après y avoir été enfermé, Barnabas Collins a fait de Willie Loomis son homme lige, et s’est présenté à la famille Collins actuelle comme un lointain cousin venu d’Angleterre. Mais une amie de la famille, le Dr Hoffman, mandée pour s’occuper d’une des victimes de Barnabas, évente le secret du vampire. Pour autant, elle ne dénonce par ce dernier, et lui propose de l’aider à trouver un remède à son besoin de sang. Barnabas accepte la proposition, même si de son côté il est encore hanté par les réminiscences de sa vie passée.
J’avais commencé à creuser le cas Dark Shadows avant le film de Tim Burton, ce dernier se présentant au final comme une variation ratée autour de la série de départ. Je n’ai certes pas vu toute la série originale (plus de 1200 épisodes), mais assez pour avoir pu apprécier son ambiance, savouré les aspects soap de la mise en scène (les acteurs qui parlent face à la caméra…), et constater que Burton en avait lourdement trahi l’ambiance, même s’il a tenté de s’expliquer ultérieurement.
Le présent comics n’est cependant pas relié à la série originale, mais à la mini-série remake de 1991 par la chaîne NBC, qui ne contient que 12 épisodes de 50 minutes. Il s’agit d’arcs parallèles, qui ne nécessitent ni de connaître le remake, ni la série d’origine (même s’il est facile de passer à côté de certains sous-entendus, si on ne possède pas un minimum de connaissance de l’univers de Dan Curtis). On y suit Barnabas, libéré depuis peu par Willie Loomis, qui s’est depuis fait connaître de la famille Collins. Si on croise ces derniers dans ce premier lot de 4 numéros (qui forment une histoire terminée), le récit est majoritairement centré autour du vampire et du Dr Hoffman, qui s’est proposé pour l’aider à trouver un remède à son envie de boire du sang, mais demande également à Barnabas de l’aider à résoudre un problème familial.
Le récit sonne fortement comme du H.P. Lovecraft à la sauce Dark Shadows : Barnabas et la doctoresse vont en effet affronter les habitants d’une ville que l’isolation du reste du monde a conduite à la consanguinité, donnant naissance à des générations mutantes. À leur tête, une vieille connaissance de Barnabas, dont la longévité ne doit rien à la malédiction vampirique.
En ce qui concerne le dessin, on est face à un trait extrêmement réaliste, typique des productions de ce type, pour l’époque. On ne connaît pas d’autres productions d’E. Silas Smith, dont c’était le premier gros travail pour l’industrie du comics. Son trait colle au mieux aux visages des acteurs du remake, mais hyperréalisme oblige, l’ensemble manque de dynamique (et la colorisation est calamiteuse). L’éditeur, Innovation, s’est fait connaître pour son travail autour d’autres adaptations comme les romans d’Anne Rice, d’Anthony Piers, ou des licences et séries TV comme Code Quantum, La belle et la Bête, Lost in Space… Sachant qu’à cette époque, il s’agissait du quatrième plus gros éditeur en termes de parts de marché, aux côtés de Marvel, DC et Dark Horses.
Pour ce qui est de la figure du vampire, on découvre au fil de la lecture les caractéristiques de Barnabas. Il ne peut se déplacer qu’au coucher du soleil, sombrant dans une sorte catalepsie quand ce dernier se lève. Il est en outre capable de transformer ses victimes soit en serviteurs dévoués, soit en nouveaux vampires, pour peu qu’il les drainent progressivement de leur sang. Sa soif de sang est difficile à contenter, Barnabas n’hésite ainsi pas à se sustenter et à tuer… même s’il caresse l’espoir de guérir de cette malédiction. Enfin, il craint les symboles religieux, qu’il est incapable de toucher.
Un arc de 4 opus relativement intéressant, même s’il explore davantage la veine Lovecraftienne que celle de la série originale de Dan Curtis, ou de son remake (qui restait fidèle au ton de l’originale tout en condensant fortement cette dernière). Reste le bémol du dessin, qui a très mal vieilli. Étant donné qu’il n’existe pas de recueil, j’ai choisi de chroniquer chaque arc indépendamment, et d’utiliser la couverture du premier opus de chacun comme illustration principale. Mais pour les curieux, voici les différentes couvertures :