Depuis son enfance, Akiko fait un cauchemar récurrent où elle se voit, enfant, courir après son chien qui s’est échappé, et découvrir à cette occasion une maison isolée. Dans cette maison, une jeune femme tout de blanc vêtue lui tourne le dos, adossée à un piano. Quand elle se retourne, il ne s’agit plus que d’un cadavre. Akiko, qui habite une maison près du lac Fujimi, voit son quotidien bouleversé le jour où Kyusaku, son voisin qui s’occupe des locations de pêche et tient le rôle de factotum, reçoit une étrange livraison. On lui dépose une caisse de grande taille, sans aucune mention de l’expéditeur ni du contenu. Quand il l’ouvre, il a la désagréable surprise d’y trouver un cercueil blanc.
Lake of Dracula (Noroi no yakata: Chi o suu me en romaji) est le deuxième volet de la Bloodthirsty Trilogy, un ensemble de films produits par la Toho et réalisés par Michio Yamamoto. Après The Vampire Doll en 1970, le réalisateur poursuit donc son exploration de la thématique vampirique. Pour autant, le regroupement des trois films au sein d’un même ensemble ne doit pas laisser croire à une continuité de scénario : il n’y a aucun lien entre les deux premiers longs-métrages, sinon la figure du vampire. A l’exception de quelques seconds rôles, le casting est totalement différent, de même que les décors : on quitte la campagne de The Vampire Doll pour les abords d’un lac de pêche.
Le film a une ambiance relativement éloignée de son prédécesseur, mélangeant l’approche japonaise du cinéma de l’époque avec les poncifs de l’horreur occidentale, représentés à l’époque par la Hammer. La demeure du vampire, où débute et se terminera l’histoire, a tout du manoir gothique, avec ses vitraux, ses toiles d’araignées et sa décrépitude. Pour autant, le film s’ancre aussi dans le quotidien d’une petite lac de pêche japonais, et la banalité de la vie de son héroïne. Mais il y a aussi des éléments sous-jacents qui distillent d’emblée le mystère, comme ces flashs d’un passé qu’Akiko ne parvient pas à oublier, et qui servent de fil rouge au film. Il y a quelque chose du traumatisme d’enfance dans cet élément déclencheur, et l’idée qu’il puisse s’agir d’un rêve appuie sur l’onirisme de l’ensemble du métrage.
Les codes vampiriques que convoquent le film sont relativement occidentaux (et classiques de l’époque). Le vampire se repose dans un cercueil et ne semble se mouvoir qu’à la nuit tombée. Il est doté de crocs démesurés, s’en servant pour mordre ses victimes à la gorge, pour se nourrir. La morsure, si répétée, à la faculté de transformer en vampire ceux sur qui le vampire jette son dévolu. Si la créature possède une force surhumaine, elle dispose par ailleurs de quelques faiblesses, comme celle de ne pas se refléter dans les miroirs, de craindre le feu et les éclairs. Le film envisage enfin le vampirisme comme une malédiction génétique, capable de poursuivre une famille sur des générations, même si le mal peut rester latent chez certains.
Une variation japonaise relativement intéressante sur la figure du vampire, qui prend le meilleur de deux mondes pour proposer au spectateur un long-métrage hypnotisant malgré certains défauts (le personnage du vampire aurait pu être davantage développé).