Ils sont beaux, puissants et immortels. Ils appartiennent tous à la Famille, à la race des vampires. Au cœur du XIXe siècle, certains sont restés attachés à leur passé sanglant, conjuguant érotisme et cruauté. D’autres regardent vers le futur, nourrissant l’espoir d’évoluer vers une nouvelle aristocratie spirituelle. Mais tous se sont réunis au monstrueux château Banat, dans les Carpates, pour participer à la cérémonie du Nectar, au partage du sang d’une mortelle soigneusement sélectionnée. Or, la jeune femme est sauvagement assassinée avant la cérémonie. Un crime qui ne peut rester impuni, même parmi les créatures de la nuit…
Paru en 1993, l’Aube écarlate s’affirme dès sa sortie comme un ouvrage à part dans le mythe vampirique. D’une plume maîtrisée qui sait poser les ambiances, Shepard nous propulse dans une intrigue mi-policière, mi-fantastique, peuplé d’une galerie de personnages à la psychologie riche et travaillée.Rien n’est simple dans la trame de ce récit, et les faux-semblants et motifs cachés et autres obscurs desseins ne rendront pas facile l’enquête du héros.
Le folklore vampirique ici mis en scène pioche un peu de tous les côtés, mais l’ensemble est des plus cohérent et propose une relecture intéressante du mythe. Les vampires sont ici des êtres nocturnes s’abreuvant de sang, hiérarchisés en famille regroupées autour d’un patriarche. S’ils ont leur coutumes, tous ne sont pas du même avis sur les choix à faire pour le devenir de leur race, ce qui suscite de nombreuses rivalités entre clans et à l’intérieur de ces même clans. De même, au cœur de ce récit se révèle très vite une thématique récurrente des récits vampiriques, mais qui avait rarement été aussi bien traitée : la recherche du pouvoir de se mouvoir sous les rayons du soleil, et ainsi outrepasser les limitations de l’état vampirique.
En bref, l’auteur nous propose ici un roman vraiment réussi, captivant de bout en bout, tour à tour fantastique, érotique, mythologique et mystique. Chaudement recommandé.