Jonathan Harker est envoyé en Transylvanie pour finaliser l’acquisition d’une demeure londonienne par le comte Dracula. La veille de son arrivée au château, alors qu’il fait étape à Bistritz, il est mis mal à l’aise par l’attitude des tenanciers de l’hôtel. Il accepte ainsi le crucifix que la femme de l’hôtelier le supplie de prendre avec lui, pour le protéger du mauvais œil. Une fois chez le comte, le jeune homme va progressivement découvrir que son hôte n’a plus rien d’humain.
Cela fait quatre ans que la collection « Les Classiques en Manga » des éditions Nobi Nobi proposent des adaptations des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale au format manga. Si les littératures de l’imaginaire se sont invitées au sein de la collection dès 2015, avec Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carrol, Dracula est le premier roman d’horreur a y faire son entrée. L’adaptation est signée par Stacy King, un des habitués de l’éditeur, à qui on doit déjà les adaptations du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, des Nouvelles Extraordinaires d’Edgar Allan Poe ou encore d’Halmet de Shakespeare.
Dès les premières planches, on ne peut que noter une volonté manifeste de respecter le texte original. Le début de chaque chapitre exploite les aspects choraux et épistolaires du livre de Stoker. Même si par la suite, les choses basculent vers une narration classique, cette idée permet de coller au mieux avec la structure du roman, et offre un plus non négligeable à l’ambiance. Pour le reste, les dialogues reprennent autant que possible ceux de Dracula, et l’ensemble des scènes comme des protagonistes sont conservés. Certains passages sont néanmoins approfondis, notamment celui du Déméter. L’évolution du comte, qui de vieillard mue en un homme dans la force de l’âge est respectée de la même manière.
En ce qui concerne le dessin, le style de Virginia Nitouhei est à la fois homogène et adapté à l’ambiance du récit d’origine. Son trait fin, son travail sur les décors permettent autant de mettre en lumière les lieux de l’intrigue que les personnages qui y évoluent. Elle parvient à jouer sur la part maléfique de certains d’entre eux (Dracula, bien sûr, mais aussi Lucy après sa transformation) tout en rendant virginales Lucy (dans la première partie) et Mina. Le trait est relativement homogène d’une case à une autre, et les visages des différents protagonistes sont parfaitement reconnaissables.
Rien de particulier à noter concernant les aptitudes du comte, s’agissant d’une adaptation au plus proche du texte d’origine. Le recours à ses pouvoirs est bien géré par le dessin, qu’il s’agisse de sa capacité à se dématérialiser, sa force physique décuplée…
Une adaptation rigoureuse du livre de Bram Stoker en manga. Une bonne manière de découvrir le roman, d’autant qu’elle est servie par un dessin de qualité. A noter que dans sa vo (anglaise), l’éditeur d’origine propose sur son site des guides pour enseignant, de la première à l’université : https://www.mangaclassics.com/teaching-guides