Alve est désormais le dernier Boyard dont la mainmise limite les actions de Vlad. Démontrant son génie tactique, Draculea parvient à mater en quelques jours cet obstacle entre lui et le pouvoir. Mais le répit est de courte durée, car un ennemi autrement plus menaçant s’annonce : Mehmed II, maintenant Sultan à la tête de l’Empire ottoman. C’est ce dernier qui a permis à Draculea de prendre la suite de son père sur le trône de Valachie, et il entend bien rappeler au jeune voïvode qui est le maître.
Akiyo Ohkubo poursuit son récit de l’histoire de Vlad III, au moment où celui-ci se débarrasse du frein que représentent les boyards à son autonomie en tant que voïvode. Une nouvelle fois, le dessinateur-scénariste s’inscrit au plus près de la réalité historique (du moins, en se basant sur les éléments qui sont arrivés jusqu’à nous), tout en élaborant une dynamique narrative accrocheuse. On est ici très loin du registre fantastique, et totalement dans une approche réaliste. L’intérêt de tient donc à la manière dont Vlad joue de stratégie pour parvenir à ses fins. Et alors qu’il se débarrasse enfin de ceux qui entravent encore localement ses velléités (et sont responsables de la mort de son père et de son frère), une menace bien plus grande s’annonce.
Graphiquement, c’est plutôt une réussite. On finit par se faire au design très emo du protagoniste princentralecipal, seul élément inattendu de l’ensemble. Pour le reste, le train fin du dessinateur sait s’attarder aussi bien sur les personnages, leurs costumes que sur les décors de l’intrigue. À ce titre, on est totalement dans un esprit seinen (et les faits d’armes de Draculea ne sont pas édulcorés).
Ce troisième opus de Vlad Draculea est une digne suite à ses deux prédécesseurs. Les amateurs de récits fantastiques s’avéreront sans nul doute déçus, car il ne s’agit pas là de faire le lien entre le personnage historique et son avatar surnaturel, mais bien de raconter l’habileté stratégique du premier, et l’histoire telle qu’elle nous est parvenue. Passionnant.