Osamu Hirota mène une vie de lycéen tranquille. Depuis quelques semaines, il est en couple avec Chika, dont il est tombé amoureux. Un jour, il a la mauvaise idée de suivre Soishi, qui le conduit auprès d’une femme troublante qui les accueille totalement nue. Son guide est censé rapporter à Miwako, car c’est ainsi qu’elle se prénomme, de jeunes hommes dont elle arrache le cœur afin d’en boire le sang. Contre toute attente, elle décide de sacrifier Soishi et de faire d’Hirota son nouveau familier. Révolté à cette idée, celui-ci va se laisser infléchir après que Chika ait été grièvement blessé.
Sato Hirohisa n’est pas un nouveau venu dans le monde du manga. Il y a quelques années, la série Assassins (3 tomes édités chez Komikku), un thriller que l’éditeur présentait dans la lignée du Léon de Luc Besson. Shigahime s’annonce d’emblée beaucoup plus sombre, quelque part entre les œuvres de Jinjo Ito, Parasite de Hitoshi Iwaaki et Tokyo Ghoul de Sui Ishida. Dès les premières cases, l’auteur se focalise sur la relation dominant/dominé qui se dessine entre Miwako et son familier, qu’il s’agisse de Soishi, puis de son successeur Hirota. Dans le même temps, l’illustrateurs/scénariste exploite le vampire face à des garçons adolescents en pleine découverte de leur sexualité. Ce sont les pulsions — et la perspective d’assouvir leurs fantasmes — qui les amènent à suivre les familiers de Miwako.
L’histoire débute en mettant en scène le lien qui s’est créé entre Soishi et Miwako, montrant en parallèle celle qui existe entre Hirota et Chika. Tout bascule au moment où Hirota est conduite devant Miwako, et que celle-ci est alléchée par l’idée d’un peu de résistance. En effet, l’attachement que le jeune garçon porte à Chika lui donne la force de s’opposer à la tentation incarnée par cette femme séduisante dont le corps s’offre à lui. Le récit verse d’emblée dans l’horreur, avec arrachage de cœur et de tripes. Mais la dimension Éros n’est pas négligé, représenté par Miwako qui n’hésite pas à dévoiler ses charmes.
Graphiquement, ce tome est à la mesure du programme proposé. Le style du dessinateur scénariste est fin et précis. Il paraît autant à l’aise pour montrer ses protagonistes dans des scènes normales que pour faire preuve de dynamisme dans les combats, ou quand il s’agit de maltraiter les corps des différents personnages. On est face à une approche très seinen, qui n’invisibilise pas les décors, à commencer par la demeure où Miwako attend ses victimes.
Le terme vampire n’est jamais cité dans ce premier volet. Pour autant, difficile de ne pas y penser : Miwako craint la lumière du soleil, et a besoin de sang pour assurer sa survie. Pour cela, elle établit un lien avec un familier, qui sera chargé d’aller à l’extérieur pour attirer à elle de jeunes hommes. Sous ses atours séduisants, Miwako n’en est pas moins un monstre, même si le sang lui permet de garder une apparence humaine. Les familiers, quant à eux, semblent muter au contact du sang de Miwako. Là aussi, l’hémoglobine leur confère la capacité de passer pour des humains la plupart du temps.
Un premier volet prometteur, qui mêle horreur et érotisme, sur fond de premiers émois sexuels adolescents. L’ADN du vampire est bien là, reste à voir comment les prochains tomes feront évoluer l’univers.