ARFI. Nosferatu : une symphonie de l’horreur

L’ARFI (Association à la Recherche d’un Folklore de l’Imaginaire) est un collectif de musiciens actif depuis 1978, et basé à Lyon. L’ARFI et les formations qui en émanent ont eu l’occasion de monter plusieurs ciné-concerts au fil du temps, pour des films comme Metropolis. L’album Nosferatu : une symphonie de l’horreur résulte ainsi d’un projet mené autour du film de Murnau, sous la houlette de Guillaume Grenard, musicien et compositeur. À la tête d’un trio d’instrumentiste (violon, violoncelle et contrebasse), il propose ici une illustration sonore dépouillée du long-métrage. La version CD est une rationalisation de sa contrepartie scénique, dans une mouture qui se veut plus autonome, là où le « live » nécessite le support de l’image.

Nosferatu fait partie de ces longs-métrages pour lesquels ont été écrites et enregistrées des dizaines d’illustrations sonores. La partition originale, signée Hans Redmann, a été en partie perdue, ce qui laisse l’opportunité à d’autres musiciens de se pencher sur le sujet. S’agissant d’un film muet, c’est en effet dans l’ADN de Nosferatu d’être diffusé en parallèle à des compositions à même de souligner les temps forts du récit. On peut citer les projets de Art Zoyd (Nosferatu, 1989), de Jill Tracy (Into the Land of Phantoms, 2002) ou plus récemment de Jozef van Wissem (Nosferatu, The Call Of The Deathbird, 2022).

L’intention de l’ARFI, dans l’explication donnée par Guillaume Grenard dans le CD, avait pour ambition de revenir aux sources du ciné-concert, une musique plus épurée, jouée en live, à côté de l’écran. Pour ce faire, le compositeur a opté pour un nombre restreint d’interprètes : un violon, un violoncelle et une contrebasse. D’autres sonorités viennent s’ajouter de manière très ponctuelle, comme du chant féminin.

Le premier morceau, « L’étrange maison haute dans la brume », par son titre et par son ambiance paraît s’articuler autour du voyage et du séjour de Hutter au château de Nosferatu. D’emblée, la mélodie intègre une certaine dissonance, comme une façon de souligner la bizarrerie des lieux, et de son propriétaire. Mais le fil rouge de ce morceau, ce sont ces passages au violoncelle, qui offrent parfois un peu de légèreté à la trame sonore. Pour appuyer l’ingénuité de Hutter face au vampire ?

Le second titre, « Je suis d’ailleurs » laisse a contrario l’horreur grinçante du vampire prendre le dessus. Le ton est plus désespéré, plus pesant, comme pour souligner la puissance de contamination de la créature.

« Par-delà le mur du sommeil » semble planter ses racines dans la nuit, moment emblématique où Nosferatu s’impose au monde. L’ambiance sonore paraît de plus en plus présente, comme pour dire la marche inexorable dans Nosferatu est le héraut. Dans la dernière partie du titre, une mélopée féminine répond aux instrumentistes. Mais on peut avant tout signaler que les cordes continuent de se déployer, à prendre de plus en plus de place.

« Le dernier examen » poursuit dans cette lignée, même si la composition intègre quant à elle un léger moment de percussions, réalisé par les cordes. Comme une ouverture vers « Hypnos », musique finale qui semble là pour épouser la scène où Nosferatu, hypnotisé par Mina endormie, en vient jusqu’à oublier que le chant du coq sonnera le glas de son existence maudit. Un morceau qui s’achève sur une cavalcade de cordes. Jusqu’à ce que les cendres du vampire ne se dissipent ?

La composition est dépouillée, mais n’en demeure pas moins intéressante. Quelque part, l’ensemble oscille entre jazz, musique concrète. On est de fait plus proche de Patrick Gowers (la bande-son du Sherlock Holmes de Grenada) que du Kronos Quartet. Reste que comme pour toute transposition d’une illustration sonore, difficile d’en mesurer l’efficacité sans être en mesure de l’apprécier face à l’écran. À noter une erreur au niveau du livret intégré : ce n’est pas la fille de Bram Stoker qui a lutté contre la diffusion de Nosferatu, mais bien sa femme.

ARFI. Nosferatu : une symphonie de l'horreur

Listes des titres

1. L'étrange maison haute dans la brume
2. Je suis d'ailleurs
3. Par delà le mur du sommeil
4. Le dernier examen
5. Hypnos

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *