Jessica se résous à investir avec ses deux enfants une vieille maison isolée qui a appartenu à son oncle. La jeune femme est en réhabilitation depuis plusieurs mois, après une longue période d’addiction qui a fait exploser son couple. Dès les premiers jours dans la demeure, Pippin, le chien des enfants, montre un étrange comportement. Il paraît comme fasciné par les bois qui entourent la maison. Owen et Tyler, les deux enfants de Jessica découvrent rapidement que le lac de la propriété est désormais asséché, un arbre ayant depuis poussé au centre. Le chien manque de se retrouver enlisé dans la boue, mû par une irrépressible envie de s’approcher de l’étrange végétal. Il finit par disparaître, au grand dam du petit garçon. Plusieurs jours plus tard, l’animal réapparaît néanmoins, mais s’avère comme infecté par un étrange mal, qui le pousse à sauter à la gorge d’Owen. Le garçon finit par s’en sortir, non sans avoir fait comprendre à sa mère qu’il ne peut désormais plus se passer de sang.
Sorti en 2022, Blood est le douzième long-métrage de Brad Anderson. Si le réalisateur a débuté dans le genre de la comédie, il s’est depuis fait connaître par son approche personnelle de l’horreur et du fantastique, avec des films comme Sessions 9 (2001) et The Machinist (2005). On lui doit également des épisodes de Masters of Horror, Fear Itself ou encore Almost Human. Blood possède un casting relativement réduit, faisant la part belle au personnage de Michelle Monaghan, qui campe Jessica, la mère. L’actrice est notamment connue pour son rôle de Julia Meade dans les récents Mission Impossible, et a campé le principal personnage féminin – Maggie Hart – dans la première saison de True Detective.
L’approche médicale et réaliste du film le situe dans la lignée d’un Midnight Son de Scott Leberecht (2011) ou d’un Afflicted de Derek Lee et Cliff Prowse (2013), comme une sorte de lointain descendant du Rage de David Cronenberg (1977). L’histoire suit en effet de près la transformation et l’addiction au sang d’Owen, qui va pousser sa mère à plonger dans l’horreur pour lui offrir un répit. Il y a dans le même temps comme un effet d’écho avec le passé de la jeune femme, qui d’ancienne accro se voit forcé de fournir à son propre enfant la drogue de ce dernier : le sang. Le film est froid, chirurgical, avec une persistance d’éléments médicaux qui confère au réalisme. Les seuls éléments à la lisière du surnaturel sont les regards des êtres corrompus (le chien, puis Owen), ainsi que cet étrange arbre, qui paraît à la fois mort (il est montré comme décharné) et vivant (Tyler entendra des chuchotements en sortir). Dans un premier temps désemparée et incrédule, Jessica devra prendre des décisions drastiques pour son fils. Dès lors le film ne sera plus qu’une fuite en avant, avec un final presque inéluctable. Il y a également l’idée d’une tentative de rédemption pour Jessica, qui passe du statut de parente indigne à celui de mère protectrice prête à tout pour garder ses enfants, que ce soit face à son mari qui lui en dispute la garde ou face au mal qui gangrène son fils.
Blood fait partie de ces films qui n’utilisent pas le mot vampire, tout en convoquant plusieurs éléments associés à la créature. Ainsi Owen est mû par une envie de plus en plus inextinguible d’ingérer du sang. Si dans un premier temps il ne semble pas incommodé par la lumière du soleil, il semble vouloir s’en protéger à la fin du film. Sa part vampire, animale, prend finalement le dessus, voyant sa personnalité humaine s’effacer. Il ne montre néanmoins aucune force surhumaine ni aucun pouvoir surnaturelle, pas plus que sa dentition ne change. On voit également sa mère tenter de le nourrir avec du sang d’animaux, qu’il rejette rapidement, comme la nourriture traditionnelle. Le sang en poche, puis prélevé sur des humains parvient temporairement à le sustenter mais l’envie de boire directement à même la gorge des victimes finit par l’emporter. L’origine du mal est incertaine : si la proposition physiologique est récurrente, la présence de l’arbre et d’une présence qui hanterait les bois intervient plusieurs fois. Le film ne tranche jamais totalement, laissant le spectateur décider. De quoi rappeler Session 9, du même réalisateur.
Sans être un chef d’œuvre, Blood est une variation sur la figure du vampire, proposé par un réalisateur habitué à semer le doute dans l’esprit du spectateur. La vision médicale du mal qui ronge Owen, le casting réduit et l’absence de vernis surnaturel offrent une dimension réaliste à l’ensemble. Mais le film joue un peu trop la carte du pathos, et manque d’ambition dans l’exploitation de son concept.