Owen Odell est désormais un barde très âgé, peu enclin à lever le voile sur son passé aux côtés du Morningstar, le guerrier entré dans la légende qui a défait les Rois Vampyres, avant de mettre un terme au règne cruel du roi Angostin Edmund. Refusant une nouvelle demande de témoignage, il profite néanmoins de la nuit pour convoquer une illusion avec laquelle il revient sur sa propre histoire. Une époque où il n’est encore qu’un jeune barde qui erre de ville en ville. Jusqu’à ce qu’il croise la route de Jarek Mace, un voleur et coureur de jupon en qui il finit par voir un possible héros. Leur petit groupe s’agrandit peu à peu, avec Wulf le bossu, Piercollo la force de la nature à la voix angélique, Megan la sorcière, et les autres. La légende du Morningstar est en marche, et avec elle l’espoir contre les exactions d’Azrek, devenu le bras armé d’Edmund. Cataplas le sorcier, ancien maître d’Owen et avide de pouvoir, a mis ses capacités au service d’Azrek, s’apprêtant à lâcher sur le monde une menace aussi antédiluvienne qu’incontrôlable : les Rois Vampyres.
Né en 1948 et mort en 2006, David Gemmell est un des grands noms de la fantasy contemporaine. Son premier livre, Légende, lui vaut une reconnaissance quasi immédiate, première brique d’une production de plus de trente romans. Publié en 1992, Morningstar (le titre VO de L’Étoile du matin) est un texte périphérique du cycle de Drenai, l’univers le plus étendu de l’auteur. L’histoire est pour une fois racontée à la première personne, de la bouche d’Owen Oddel, barde ayant accompagné Jarek Mace (le Morningstar du titre) durant sa lutte contre les Rois Vampyres. De fait, c’est l’homme à l’origine de la légende qui revient ici sur la réalité derrière les chansons. Mace s’avère bien différent de ce que la mémoire retient de lui : c’est un voleur, bretteur et coureur de jupons qui pense essentiellement à son propre confort. Ce n’est pas un personnage mû par la morale, même s’il se résoudra à endosser le rôle.
De prime abord, le livre de Gemmell pourrait presque passer pour un roman de la licence Donjons & Dragons. Les protagonistes sont à la limite de l’archétype, de même que l’intrigue et ses rebondissements. Jusqu’à un certain point. Car l’auteur, par la mise en abyme qui ouvre le récit, nous montre dans le même temps le pouvoir d’embellissement des légendes, et la réalité nuancée du monde. La fin du texte (sans trop en dire) tend également à expliciter cette impression d’avoir affaire à des archétypes, dans l’idée que l’histoire est un cycle qui se répète.
Les vampires de cette histoire sont principalement les Rois Vampyres auxquels les héros vont faire face. Ce sont des humains devenus des vampires il y a des siècles. Ils ne peuvent être annihilés que par la décapitation, bien que leurs crânes sont indestructibles. Ils ont besoin de sang pour survivre, même si la sorcière Megan explique qu’au-delà du sang, c’est la bonté rattachée au sang dont il s’abreuve. De fait, des vivants à l’âme trop noire n’intéresseront pas les créatures. Les armes en argent peuvent les blesser, voire les tuer s’ils ne sont pas des vampires anciens. La lumière du soleil les dérange, mais ils peuvent évoluer en journée pour peu qu’ils se protègent. Tuer un des Rois Vampyres détruit enfin la totalité de sa descendance vampyre, les plus jeunes fonctionnant comme des créatures d’instincts aux ordres de leur créateur.
Un roman sympathique, dans l’esprit de la production de Gemmell. Les vampyres ont beau y être un des principaux antagonistes, l’intérêt du texte a ce niveau n’est pour autant pas majeur.