Une jeune femme, incarnée par l’actrice de films pornographique Ovidie, hérite de la maison de campagne de son cousin, le réalisateur et écrivain Michel Jean. Elle ne l’a vu qu’une fois, mais il a laissé un très fort souvenir dans sa mémoire. Elle visite sa tombe au cimetière du Père-Lachaise, puis sa maison. Tous deux sont hantés par les personnages et fantasmes de Michel Jean.
Présentée comme un film testament de l’œuvre de Jean Rollin, cette nouvelle réalisation nous entraîne dans un monde onirique, à la croisée des chemins entre les précédents films du maître. Du viol du vampire à la fiancée de Dracula, le spectateur se retrouve projeté au cœur de l’imaginaire d’un cinéaste qui a mis le fantasme au cœur de son œuvre.
Centré autour du personnage joué par Ovidie, le film met ainsi une jeune femme aux prises avec les reliques de l’imagination débridée de son oncle décédé. Éminemment onirique, profondément esthétique et prenant corps dans des lieux à la fois mystérieux et captivant, ce nouvel opus est ainsi fortement représentatif des films passés de Rollin, mais également tourné vers l’avenir. En faisant intervenir les anciens acteurs de ses films et de nouveaux acteurs, Rollin semble faire la jonction entre le passé et le présent. Ovidie s’en sort par ailleurs pour le moins bien dans le rôle titre, reprenant le flambeau des anciennes égéries de Rollin à qui elle donne même la réplique.
Les vampires ici mis en scène le sont uniquement à travers des images des anciens films du maître. Uniquement de sexe féminin, la plupart du temps légèrement vêtus, les vampires de Rollin sont une sorte d’émanation d’un fantastique centré autour du Beau. Buveuses de sang, certes, mais les vampiresses du réalisateur sont surtout la personnalisation d’un Eros et Tanathos qui aurait fusionné. Et plus simplement, comme le dit lui-même le cinéaste pendant ses interviews, si c’est un homme qu’il faisait courir nu à travers un cimetière, recouvert par un linceul en partie transparent, ça serait nettement moins poétique et accrocheur.
Au final, une autre production ovni-esque à mettre sur le compte d’un des seuls défenseurs du film de genre en France. Une des dernière personne à faire ses films par instinct, non mû par l’appât du gain mais par un inextinguible amour de l’image. Remerciement à ZoneBis pour nous avoir offert l’occasion de voir le film en présence de Jean Rollin lui-même.
Très heureux que tu ai apprécié le Rollin !
Pour le lien Eros / Thanatos, Rollin semble renvoyer le spectateur vers le livre de Didi-Hubermann "Ouvrir vénus : Nudité, Rêve, Cruauté" où l’auteur évoque les deux versants de l’œuvre de Botticelli : l’une avec ses Vénus charnelles (Ovidie prend à un moment la même pose que dans "La Naissance de Vénus" lorsqu’elle est dans le musée de cire), l’autre avec ses Vénus éventrées (les éventrés du musée de cire à mettre en llien avec l’éviscération de "L’Histoire de Nastagio degli onesti").
Je ne sais pas si Rollin est passé par la lecture de ce livre, mais si ce n’est pas le cas, on peux dire que les grands esprits se rencontrent. Ce qui prouve aussi que Rollin est loin d’être le réalisateur médiocre et sans idées, image dans lequel on souhaite bien souvent l’enfermer…
Bien à toi, F/
Vouss avez de la chance d’avoir vu ce film. Je trouve vraiment que Jean Rollin n’a pas la place qui mérite en France. Heureusement on peut voir ses films sur le câble, notamment sur Cinéfx. Bonne route à ce blog…
MoteurCoupez !
Mémoires d’un cinéaste singulier : Jean Rollin
En Mai 68 sortait dans quatre salles parisiennes le premier film d’un jeune réalisateur d’à peine 30 ans, Le Viol du vampire. Ce fut un scandale inouï, qui n’est pas oublié aujourd’hui. Jusqu’à son dernier film, La Nuit des horloges (2008), Jean Rollin traîne derrière lui une réputation sulfureuse. On a pu dire avec raison que Jean Rollin est le Clovis Trouille du cinéma ! MoteurCoupez ! est l’histoire de ce cinéaste, auteur d’une trentaine de films, contre vents et marées. Des films de série B des années 1960, un cinéma érotique également mais d’un érotisme particulier et personnel, l’œuvre de Rollin déconcerte. Son histoire, souvent comique quand il relate les problèmes insurmontables qu’il encontre, la hargne avec laquelle la critique s’acharne contre lui, est l’itinéraire de quelqu’un qui se situe résolument en marge du cinéma traditionnel ! Abondamment illustré, ce livre retrace un véritable cinéma d’auteur, proche du surréalisme.
http://www.editions-edite.fr
Suivi de trois scénarios de l’auteur, dont L’Itinéraire marin, dialogues de Marguerite Duras.
350 photographies illustrent la toute première rétrospective de l’oeuvre de ce cinéaste. Le témoignage essentiel de Jean Rollin livre le vécu d’une figure du cinéma français. Son dernier film, La Nuit des horloges, sera sur les écrans à la fin de l’année 2008. Présentation du film en avant première à Limoges le 9 décembre 2008.
Bonjour à tous et bonne année !
Juste ce message pour vous dire que ce film existe en dvd !
dispo sur le site de l’éditeur LCJ