Disparu depuis de nombreuses années dans un désintérêt général, le magazine Ekklipse nous laisse cependant quelques numéros très bien conçus, où les arts graphiques sont à l’honneur.
Ekklipse consacre de nombreuses pages aux buveurs de sang dans le septième numéro. Le dossier commence ainsi par un rappel de l’historique du mythe depuis l’aube des temps jusqu’à sa récupération par la littérature. L’originalité du dossier, originalité qui saute aux yeux à la lecture de cette partie introductive, est d’avoir été écrite à la première personne par un vampire. Une idée aussi osée qu’originale, mais qui nuit parfois à la lisibilité de l’ensemble. Le premier dossier est par ailleurs entrecoupé d’extraits de planches et cases d’albums vampiriques connus (Je suis un vampire, Rapaces, etc.) ou moins connus (le Dracula de Muth, jamais traduit par chez nous). Cette première partie vaut donc davantage pour sa maquette et ses illustrations que par son contenu, peu original.
Les amateurs de bandes dessinées apprécieront davantage la seconde partie du dossier, consacrée à des interviews d’auteurs de séries en cours (du moins en 2001) : Swolfs pour le Prince de la nuit, Marini pour Rapaces, et Ramos pour Crimson. Ces trois séries sont certes achevées ou en stand-by à l’heure actuelle, mais les questions posées aux auteurs sont toujours d’intérêt et permettent de comprendre l’intérêt qu’ils ont pu éprouver à se pencher sur le sujet. Swolfs notamment aborde le futur de sa série, futur qui m’a été confirmé quelques années plus tard au travers d’une interview. Le dit futur n’a cependant toujours pas vu le jour. Ces trois interview mettent également en avant trois auteurs de générations et d’inspirations différentes réunis dans un même amour du fantastique et des créatures de la nuit.
La dernière partie du dossier présente l’œuvre de la mangaka Narumi Kakinouchi, connue pour avoir notamment engendré le personnage de Miyu, la princesse-vampire, qui a été adaptée plusieurs fois à l’écran. Cet article est intéressant parce qu’il aborde par ailleurs la conception asiatique du vampire, nettement plus rattaché au monde des esprits et des démons que dans nos légendes. Miyu est en effet une démone chargée de renvoyer dans leur monde certains de ses comparses ayant investi le monde des humains. Kakinouchi a également écrit Dahlia la vampire, autre manga mettant en scène sa conception du vampire (et donc encore une fois éloigné de notre conception européenne).
Ce dossier proposé par Ekklipse n’est donc pas dénué d’intérêt, même si certaines informations sont aujourd’hui obsolètes et que le style narratif utilisé ne fonctionne pas au mieux. Il n’en reste pas moins qu’Ekklipse était un magazine à la présentation et au contenu soigné dont le successeur Calliope n’a pas eu une longévité plus importante.