De quelle maladie souffrait l’Homme-Eléphant ? Richard III d’Angleterre était-il véritablement le monstrueux monarque décrit par Shakespeare ? Existe-t-il un fondement médical aux légendes de loups-garous et de vampires ? De quels maux étaient atteinte Quasimodo, Roderick Usher, Timon d’Athènes et d’autres figures fictives de la littérature, souvent inspirées de personnages réels ? A travers une série d’enquêtes méticuleuses concernant des « monstres » célèbres ayant connu une consécration littéraire ou cinématographique, Jean Goens dresse un diagnostic médical de quelques créatures hors du commun, pour retrouver ensuite leur véritable histoire, parfois fort différente de la version mythifiée connue du public.
Un livre plutôt intéressant, edité par le CNRS, qui a le mérite de s’attarder sur les causes psychologiques et pathologiques des « monstres » les plus célèbres qui hante notre imaginaire. De la vie de Joseph Merrick au mystère de Jack l’éventreur, en passant bien sûr par les garous et les vampires, Jean Goens (dermatologue et chef de clinique adjoint) lève un pan du voile qui masque les réalités qui se cachent derrière les grands mythes culturels. Le point de vue du scientifique est d’autant plus intéressant qu’il analyse les causes et conséquences des pathologies abordées, et formule des hypothèse à partir des documents d’époque.
Le mythe des vampires abordé ici l’est au premier abord sous l’aspect mythique et culturel. Mais ces prémices servent surtout à Jean Goens pour décrypter les maladies pouvant être à l’origine du vampire, voire pour aborder les déviances qu’on rattache désormais à cette mythique du vampire. Ainsi nécrophiles, nécrophages et autres vampires criminels sont-ils rattaché au folklore par la manière dont s’exprime leur déviance. Jean Goens scinde notamment les pathologies psychiatriques liées aux vampires en deux, en les mettant en parallèle d’un côté avec le vampire du folklore originel (ce sont les nécrophiles et nécrophages), et de l’autre le vampire tel que présenté dans la littérature anglaise du début XIXe (il s’agit notamment du Vampire de Londres, de la comtesse Bathory, etc.).
Un livre plutôt intéressant en cela qu’il rompt avec le schéma habituels des essais sur les monstres en analysant également en profondeur les causes mentales et physiques de ses mythes devenus partie intégrante de notre culture.