De sang frais entraîne le lecteur aux côtés de Franck, un journaliste qui a récemment quitté l’univers des people pour emménager dans le village de Sable Noir, avec sa femme et ses deux enfants. Mais la découverte d’un cadavre atrocement mutilé va bouleverser le quotidien du reporter, qui va peu à peu se mettre sur la piste du meurtrier, et des lourds secrets que cache la petit ville.
Dans La maison sur la colline, le lecteur fait la connaissance d’une jeune femme en pleine séance avec son psychiatre. Celui découvre au fur et à mesure les terribles évènements qui ont conduit la jeune fille dans son établissement, et l’origine de la peur dans laquelle se noie le regard de sa patiente.
Alizarine nous permet de faire connaissance avec Gégé l’Assommoir, boxeur amateur ayant eu son heure de gloire mais qui a depuis sombré dans l’anonymat. Surtout depuis qu’il a rencontré Garance, sa femme, et qu’ils ont eu leur premier enfant. Mais Kader, un ami de fréquentation douteuse, va entraîner Gégé dans une affaire louche qui risque de changer à jamais son destin.
Trois histoires qui mettent donc en scène différents visages du vampire, créature qui semble avoir élu domicile de manière durable à Sable Noir. La première histoire mêle habilement policier et fantastique, l’hésitation étant forte d’un bout à l’autre de l’histoire, jusqu’à ce que le héros ne comprenne la réalité (ou non) de la créature qui pourrait être à l’origine des meurtres. Le scénario est habilement mené, le dessin fin et efficace, même si le trait réaliste donne une impression de froideur à l’ensemble, colorisé de manière efficace sans réelle fioriture. Bref, une première histoire pour le moins réussie.
La seconde histoire est beaucoup moins linéaire, le statut de la narratrice, internée dans un asile psychiatrique, y étant pour beaucoup. Mais le scénario n’en est pas moins intéressant, et permet de faire vaciller de manière beaucoup plus insidieuse le récit entre réalité et fiction. Victime possédée par les scènes dont elle a été le témoin ou folle à lier ? Voilà très vite la question qui se pose pour le lecteur. Le design est beaucoup moins réaliste, plus « personnel » voire distordu, ce qui amplifie un peu plus l’impression d’avoir à faire à une réalité déformée, passée au prisme de la folie ou du paranormal.
La troisième histoire enfin est beaucoup moins marquée par cette hésitation, même si elle commence somme toute dans le monde réel (voire banal, impression mis en valeur par le héros-loser) pour finir par quelque chose de plus « surnaturel ». On s’accroche facilement ici à ce personnage principal un peu nounours, grand costaud pas méchant du tout qui a surtout la malchance de ne pas fréquenter les bonnes personnes. Le dessin est à nouveau très différent, davantage typé comics, avec une mise en couleur sombre et moite à la fois. La qualité du dessin est ici plus hétérogène, mais cela ne gâche aucunement l’histoire, plutôt bien ficelée et se terminant sur un final pour le moins… malsain.
Les vampires de cet album tournent tous autour de la bourgade de Sable Noir. La première histoire nous présente en effet des vampires craignant les crucifix, les pieux enfoncé en plein cœur et le feu, buveurs invétérés de sang. La dernière histoire quant à elle introduit un très vieux vampire qui se terre dans sa maison, depuis que son immolation pour sorcellerie l’a métamorphosée. La date du 3 novembre, à laquelle elle fut brûlée, intervient par ailleurs dans chacune des histoires.
Un premier album bien fichu, présentant des histoires intéressantes, même si le graphisme n’est pas aussi intéressant de l’une à l’autre. Un collectif prometteur néanmoins, qui devrait trouver son aboutissement dans le deuxième volume.