Quel est ton parcours d’auteur ?
Tout d’abord bonjour à tous les fidèles de ce sympathique blog ! Mon parcours est assez traditionnel je crois. Dès l’adolescence, grâce aux films de Christopher Lee, je suis devenue fan du personnage de Dracula et de romans fantastiques. Vers 14 ans, à l’école, entre deux heures de cours, je m’amusais à inventer et écrire des petites histoires, que je compulsais dans un petit carnet (le cachant bien quand les profs passaient à proximité !).
Beaucoup plus tard, en 2004, j’ai redécouvert mes propres gribouillis lors d’un déménagement, et je me suis prise au jeu d’étoffer ces histoires que j’avais complètement oubliées pour les réécrire…avec le temps, ces textes ont formé peu à peu le « Manoir des immortels ». Maintenant le virus de l’écriture m’a entièrement contaminée ! Et je crains que ma cause soit désespérée.
Le premier tome du Manoir des immortels date de 2007,le Sang d’Hécate, qui vient de paraître, a donc mis 3 ans à voir le jour. Quelle a été la genèse de cette suite et pourquoi avoir attendu 3 ans pour la sortir ?
Le Sang d’Hécate était en effet écrit depuis 2006. Après la publication du Manoir aux éditions Nuit d’avril, je leur ai proposé la suite. Mais la maison d’édition était condamnée et le projet de publication n’a donc pas pu voir le jour.
Par la suite, j’ai été en contact avec un petit éditeur belge qui était intéressé par la publication de ce second roman. Après des mois de corrections, de reports, de silences, l’éditeur a lâché le projet et je me suis donc retrouvée complètement désabusée, sans aucun éditeur.
Ce n’est que plusieurs mois plus tard, que, lasse de ce parcours du combattant pour trouver un éditeur, la décision a été prise de le sortir aux éditions du Petit Caveau. Voilà, ce qui explique ce long délai de 3 ans. Le Sang d’Hécate est donc un petit miraculé dans la jungle des éditeurs !
Cette suite fait de nombreux clins d’oeils au Dracula de Bram Stoker ou encore aux romans de Barbara Hambly, Voyage avec les morts et Le sang d’immortalité. Que représentent ces textes pour toi ?
Ce sont tout simplement mes livres de chevet ! Je les adore et j’ai dû les lire des dizaines de fois chacun, tant je découvre et redécouvre à chaque fois de nouveaux détails qui ne m’avaient pas marquée lors de ma précédente lecture.
Dracula est un personnage que je trouve fascinant et le fait qu’il n’ait jamais droit à la parole dans le roman de Stoker le rend d’autant plus intrigant, permettant toutes les digressions possibles, à l’imagination du lecteur de voyager et d’élaborer sa propre théorie du « mal ».
Ce que j’aime chez les vampires de Hambly, c’est qu’ils ne sont ni des super héros, ni des parfaits petits vampires policés, ils ont des défauts et des travers très marqués, comme les humains et possèdent cette ambivalence qui fait toute la beauté du personnage vampirique : à la fois être sensuel et monstre. Et puis, comme je suis assez romantique, j’adore les couples Mina-Dracula et Lydia-Ysidro !
Tu as créé ta propre maison d’édition les Editions du petit caveau, où a d’ailleurs été publié Le Sang d’Hécate. Comment t’es venue l’idée de créer cette maison d’édition ?
Je ne suis pas seule dans ce projet ! Derrière le nom du Petit Caveau se cache de nombreuses passionnées et je tiens d’ailleurs à les remercier profondément pour tout ce qu’elles font, dans l’ombre, pour faire vivre ce projet un peu fou. L’idée de cette maison très spécialisée est tout d’abord venue d’une passion pour les récits vampiriques et d’une envie de promouvoir les auteurs francophones par le biais d’une petite structure.
Notre francophonie déborde de talents sous-exploités et les grandes maisons d’édition préfèrent investir dans des auteurs rentables en provenance des USA. Le Petit Caveau n’est pas une société commerciale mais une association qui a pour but de promouvoir les auteurs et les récits fantastiques, la démarche est donc tout à fait différente.
Les Editions du petit caveau semblent avoir pris leur rythme de croisière. Combien de personnes travaillent dans l’ombre avec toi ? Comment choisissez-vous les auteurs et projets sur lesquels vous allez travailler ?
Oui, nous atteignons presque la dizaine de titres dans notre catalogue et nous sommes toutes très fières de chaque sortie. Chaque publication est un petit peu un combat acharné pour parvenir à vendre un minimum de volumes ce qui permettra de financer l’ouvrage suivant. C’est à la fois palpitant et angoissant. Mais nous trouvons peu à peu un bon petit rythme et notre équipe est de plus en plus solide et soudée.
A la tête du petit caveau, nous sommes donc deux administratrices. Notre comité de lecture se compose d’une petite dizaine de personnes, qui lisent, rédigent des fiches lectures, aident aux corrections mais aussi n’hésitent pas à passer du temps pour la promotion et nous conseiller quand il faut prendre des décisions. Et comme nous avons tous (surtout toutes d’ailleurs !) la passion pour les vampires, cela tombe bien !
Chaque manuscrit est lu au minimum par trois personnes. Il faut trois avis positifs pour passer le cap de la sélection pour la publication. Si les lecteurs ont un doute, nous demandons à d’autres personnes de lire également le texte car nous ne tenons pas à passer à coté d’une petite perle ! Ensuite tout se fait très traditionnellement, signature de contrat, correction, …
Quelle ont été ta première et ta dernière rencontre avec un vampire (littéraire et/ou cinématographique) ?
Voilà une question difficile ! Mon premier contact télévisuel doit remonter à l’époque de la série télé Le Petit Vampire, un feuilleton allemand que je regardais quand j’étais toute petite. Mais le vampire qui m’a le plus marquée quand j’étais enfant, c’est vraiment le Dracula de Christopher Lee. J’enregistrais même les films en cachette de mes parents !
Pour les romans, la première lecture dont je me souviens vraiment c’est Un vieil ami de la famille du regretté Fred Saberhagen.
Pour les derniers, c’est plus facile. En film, il s’agit du troisième volet d’Underworld, que j’ai regardé tout récemment et en roman, je suis en
train de lire Marquée de P.C. Cast et Pour une poignée de charmes de Kim Harrisson.
Pour toi, comment peut-on analyser le mythe du vampire ? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
On dit souvent que cette « mode » des vampires revient de façon cyclique et je pense que c’est vrai. Chaque décennie voit sa génération de vampires : les vampires romantiques du siècle dernier, le Nosferatu du cinéma des années 30, les terrifiants vampires de la Hammer, des récits plus modernes avec des êtres sensibles et attachants (je pense à Anne Rice notamment) et aujourd’hui les vampires presque humains de Twilight ou des immortels résolument ancrés dans la modernité avec la Bit-Lit.
Le vampire est donc un être capable de s’adapter à toutes les situations, à tous les genres, à toutes les époques. Il a cette capacité de fasciner par bien des aspects, d’être le miroir de l’humanité. Mais je pense que ce qui le rend surtout aussi universel, c’est tout simplement parce qu’il représente l’immortalité, l’humain qui a vaincu la mort et qui, a présent, se retrouve plongé dans la noirceur et l’obscurité pour avoir osé défier dame nature et son cycle naturel.
La fin du Sang d’Hécate semble appeler une suite. Celle-ci est-elle déjà en cours de réflexion ? Quelle va être ton actualité littéraire dans les mois à venir, ainsi que celle des Editions du petit caveau ?
Bien sûr, j’ai prévu au total 4 tomes pour la série des Soupirs de Londres. L’intrigue du tome 3 est entièrement posée sur papier, reste donc à en écrire l’histoire. Depuis quelques semaines, j’ai pu reprendre l’écriture et je suis très heureuse d’avoir retrouvé mes petits personnages à mes côtés et de leur laisser me guider dans leurs péripéties londoniennes. Ce troisième tome aura pour titre Marquise des Ténèbres et marquera en quelque sorte le début de la fin pour notre petite communauté londonienne.
Prochainement, j’aurai aussi une nouvelle publié dans le recueil Sorcières et Sortilèges du collectif Les Enfants de Walpurgis.
Au Petit Caveau, après les sorties des Loups de Kharkov d’Alexis Lorens (un excellent polar façon années 30) et de La Maison de Londres de Lydie Blaizot (un récit gothique à l’humour irrésistible), nous avons une sortie romantique prévue pour le mois de juin : Le Mal en la demeure de Stéphane Soutoul. En septembre, nous publierons un récit fantastique : Clio Kelly et l’éveil de la gardienne d’Angélique Ferreirra. Et enfin, même si c’est encore loin, début 2011, nous aurons un recueil de nouvelles vampiriques de Malaïka Macumi intitulé Les Anges de l’ombre.
Merci beaucoup pour cette interview, j’ai pris beaucoup de plaisir à répondre à toutes ces questions.