Edgar Hoover informe le président des Etats-Unis de se funeste découverte : les vampires ont rompu la trêve qui les liait au monde terrestre depuis bien longtemps. Depuis 10 ans, il semble en effet que les vampires de Résurrection ont trouvé un moyen d’envoyer des troupes dans notre réalité, faisant sombrer la jeunesse dans la délinquance. Selon Hoover, c’est ni plus ni moins que le retour de Dracula que les missionnaires de Résurrection fomentent. Pendant ce temps, dans l’autre monde, Requiem lutte pour garder son libre arbitre face au singe Aiwass, que les circonstances vont voir se métamorphoser en une sculpturale vampire que Requiem va trouver bien plus à son goût que le babouin de Crowley…
Jusque-là j’avais beaucoup apprécié cette série, mais j’avoue avoir vraiment eu du mal à me plonger dans cet album. Certes la relecture des 8 albums précédents aurait pu être une étape préalable, mais le fait est que le scénario de ce neuvième opus n’apporte pas grand chose de neuf tout en complexifiant l’intrigue par un jeu de rencontre, de scènes et de rebondissements chaotiques à souhaits. Jusque-là le délire bordélico-mystico-humoristique des auteurs avait su me convaincre assez pour apprécie ma lecture des albums, c’est donc une première déception. Les personnages perdent à mon sens en crédibilité au milieu de tout ce foutoir, certaines inimitiés se retrouvent un peu vite enterrés, et certaines alliances disparaissent un peu trop simplement. C’est certes toujours décalé, mais l’univers est ici finalement peu étoffé (et pas franchement bien utilisé), les ressort abracadabrantesque de l’intrigue finissant par le faire vaciller.
La dualité Requiem-Thurim, pourtant partie prenante des précédents opus, est ici rapidement éventée (à voir si les auteurs reviendront dessus dans le prochain volume), de même que sa relation avec Rébecca ou sa volonté de ne pas s’allier avec Sabbat et sa clique. Le parallèle avec notre réalité est certes intéressant, mais arrive un peu, même si en introduction de l’album, comme un cheveu au milieu de la soupe. Reste l’apparition d’un nouveau vampire qui a préféré rejoindre les rangs des pirates, un vampire qui a été formé par une vieille connaissance de Thurim.
Le dessin est toujours aussi chargé mais garde la constance des précédents albums. Les amateurs de Ledroit pourront à nouveau apprécier le dessin de cet auteur qui fait littéralement exploser la notion de case, les planches de la série étant utilisées à l’extrême, avec très peu de place accordé à l’espace vide. Les couleurs sont réussies, les cadrages plutôt bien sentis, on est donc en présence d’un tome qui est graphiquement à la hauteur, même si le scénario en grève l’intérêt.
Je n’ai pas trouvé ce tome catastrophique, mais je suis loin d’avoir autant apprécié ma lecture (et donc mon achat) que pour les 8 premiers tomes de la série. Peut-être s’agit-il tout simplement d’un album charnière dans l’histoire ? Le prochain opus devrait pouvoir nous répondre à ce sujet… a dans un an donc.