Jean Rollin = film de vampires + filles nues ?
Eh bien non ! Le spectateur n’est pas au bout de ses surprises…
Jean Rollin est connu pour être un spécialiste des films de vampires au ton « cheap », mâtinés de scènes érotiques. Ces deux orientations vont présider à l’entièreté de sa filmographie, des années 1970 à 2000.
En 1997 l’une de ses dernières productions s’intitule Les deux orphelines vampires. Le thème ? Deux orphelines vampires, bien sûr. Ou plus précisément le destin de Louise et Henriette (Alexandra Pic et Isabelle Teboul), deux jeunes filles qui sont hébergées dans un orphelinat tenu par des religieuses. Ce sont deux petites aveugles, mais qui peuvent voir la nuit. En fait, elles voient bleu la nuit ! Cela leur permet de faire des sorties nocturnes dans le cimetière voisin, pour étancher leur soif de sang. En général ce sont des chiens errants qui sont victimes de leurs escapades. Mais un jour elles sont adoptées par le Dr Dennery (Bernard Charnace), qui les amène à Paris. Leur nouveau terrain de jeu sera donc le cimetière du Père-lachaise !
Le scénario est très linéaire. Sur le papier, cela aurait pu s’annoncer intéresser, si le réalisateur avait une véritable vision artistique. Ce qui n’est manifestement pas le cas de Jean Rollin. Décors minimaux, filmés au crépuscule voire en plein jour pour qu’on croie qu’on est en pleine nuit, mise en scène plate, qui s’attarde plus volontiers sur les yeux bovins de ses interprètes que sur leur plastique (pour une fois), musique aussi ténue qu’insipide, Les deux orphelines vampires n’est peut-être pas le pire film du genre, mais il est pourtant bien placé. Les actrices ont visiblement arrêté le « cinéma » après cette malheureuse expérience, et c’est ce qu’elles ont fait de mieux. Car elles passent leur temps à courir, rire bêtement, ou déclamer sur un ton monocorde des considérations philosophiques sur leur condition. Mais comment leur en vouloir ? Les considérations philosophiques sur leur condition sont tellement stupides que personne n’y croirait. Même pas un vrai vampire. Car oui, elles sont vampires. En témoignent leurs ratiches un peu plus longues, qui ne poussent que la nuit. Et puis c’est tout. Elles n’ont pas de force surhumaine, n’ont pas peur de la croix, et se soignent en suçant mutuellement leur sang. Et pour montrer qu’on est dans un film fantastique, elles croisent une goule et une espèce de reine vampire qui porte des ailes de chauve-souris géantes. C’est le seul effet spécial du film. Pathétique.
A noter dans le film la présence d’Anne Duguël, écrivain spécialiste du fantastique, et de sa fille Mélanie Karalli, plus connue des amateurs de bande dessinée sous le pseudo de Mélaka.
Un bon Rollin, faut aimer Jean Rollin car son univers est pas facilement accessible mais quand on aime on se régale.
Je ne sais pas si l’univers de Jean Rollin ne m’est pas accessible car je n’ai vu que ce film de lui, lors d’une mémorable nuit de l’horreur à la Villette, mais je n’ai jamais autant ri devant un film de vampires ! Et la salle entière en faisait autant. Cela nous a fait passer un excellent moment qui est presque devenu un moment de communion car tous les spectateurs criaient ensemble "je vois bleu", et ont fini par réclamer la mort des deux orphelines ! J’ai aussi adoré la goule et la reine vampire vêtue de violet et aussi la jeune femme qui rêve d’être comme les orphelines (Nicole, si je ne m’abuse). Comme quoi, ce film m’a quand même laissé plein de souvenirs, il ne passe pas inaperçu !