Dans les rues d’une ville de Californie du Sud. Un cercueil est transporté vers un manoir lugubre situé aux confins d’une forêt. Le maître des lieux, le comte Yorga, un homme séduisant mais à l’allure sinistre, dirige une séance de spiritisme, à la lueur des bougies. Sont présents Paul et son amie Erica, Michael et Donna, ainsi qu’un troisième couple. Le comte tente d’entrer en contact avec la mère de Donna, qui fut aussi sa maîtresse. Après la séance, il laisse partir ses hôtes mais tend un piège à Paul et Erica, qui se retrouvent prisonniers en pleine nuit dans la forêt. Serein, le couple est soudain alerté par des bruits étranges et brusquement agressé. Paul est assommé, tandis qu’Erica est livrée aux crocs d’un vampire…
Qualifié de porno soft, ce film reste avant tout une énième version du mythe de Dracula des années 70.
Les personnages phares des films de vampire sont tous là: le Comte (d’origine hongroise) au flegme très britannique qui nous rappelle immédiatement Chistopher Lee, les trois femmes vampires, les deux victimes féminines et leurs amis ou amants chasseurs de vampire, l’expert en vampirisme, docteur (spécialiste en maladie du sang) de son état qui organise et planifie une embuscade et bien sûr, comme dans d’autres films de ce genre des années 70, le majordome difforme, ici nommé Bruto. Il est présent dans toutes les scènes du château, non pas – à mon humble avis – pour son rôle de composition mais plutôt pour son visage difforme à la Frankenstein. L’horreur de l’histoire atteignant son paroxysme lorsqu’il nous est suggéré que Bruto viole l’une des promises du Comte Yorga. Ce dernier, magnanime, lui pardonnera d’ailleurs…
Le comte Yorga et ses succubes gardent les caractéristiques classiques du vampire, c’est-à-dire le repos dans un cercueil rempli de terre natale, la soif de sang, le pouvoir d’hypnotiser ses victimes et de leur parler à travers la pensée, la crainte de signes religieux comme la croix, la mort à l’aide d’un pieu dans le coeur ou la brûlure au contact des rayons du soleil.
Ce qui caractérise ce film reste avant tout son côté très seventies avec ses jolies jeunes femmes au look hippie et son Comte séducteur empreint d’une légère perversité. Un petit hommage est également rendu à Vincent Price par la voix off.
Un peu d’humour parfois potache parsème ce film comme lors de la séance de spiritisme où certains membres font figure de mauvais élèves ou encore lors de la tentative de capture du comte. En effet, un des plans du docteur, est de retenir le comte toute la nuit dans son salon jusqu’à ce que le soleil se lève, ce qui nous vaut, au petit matin, un docteur un peu saoul face à un compte exaspéré de tant de bêtises humaines.
Néanmoins, très peu de scènes osées, voire aucune, contrairement à ce qui est annoncé dans le synopsis.
La fin du film se veut être inattendue, ce que je peux en dire, c’est que ce n’est pas forcément une happy end. 😉
En conclusion, je dirais que nous ne sommes pas en présence d’un chef d’œuvre mais d’un film qui pour beaucoup est devenu culte pour certaines des raisons citées plus haut. Il se laisse regarder mais ne fait pas oublier Christopher Lee encore une fois.
Si le film n’a pas autant marqué son époque que les premiers Dracula de la Hammer, le Count Yorga, Vampire de Bob Kelljan (qui réalisera plus tard le suite de Blacula, Scream, Blacula, Scream) n’en est pas moins un jalon dans l’histoire du cinéma sur la figure du vampire. En effet, il s’agit là d’un des premiers films à transposer le récit fantastique à l’ère contemporaine, quittant les châteaux poussiéreux et isolés chers à Hammer Films pour les métropoles tentaculaires du Nouveau Monde. À l’image de Grave of the Vampire, sorti quatre ans plus tard (et qui puisera franchement dans certains éléments de scénario du film de Kelljan), Count Yorga, Vampire fait malgré tout appel aux codes gothiques du genre (le film ne manque ainsi pas de capes, de cercueils ouvragés ou de cryptes), mais confronte avant tout le rationalisme du XXe siècle avec les superstitions et le surnaturel. Le Dr Hayes, Van Helsing de circonstance, est ainsi un médecin spécialiste des maladies du sang. Archétype parfait à opposer à Yorga, avatar de Dracula, qui ne se sépare pas de la classique cape de velours noir et rouge.
Alors que le film possède quelques beaux moments visuels (notamment la vision du comte qui descend des escaliers sans fin) ou des scènes à la tension palpable (la séance de spiritisme, la visite de Donna, Michael et James chez Yorga), force est de constater que les acteurs ne sont pas toujours très convaincants, et que le montage n’est pas exempt de failles, qui brouillent la compréhension de certains éléments. Reste, surtout, le personnage de Yorga, joué par Robert Quary, qui domine nettement le film. S’il campe un ersatz de Dracula, il ne lui insuffle pas moins une froideur très personnelle. Son jeu glacial distille avec efficacité l’aura de mystère et de noirceur qui entoure le personnage dès la première scène. À noter, une fois de plus, que les victimes sont uniquement campées par de jeunes femmes à la plastique avantageuse : le vampire ne semble pas avoir pour ambition de transformer des hommes.
Le film est assez fidèle à la mythologie classique. Les vampires y sont immortels, et possèdent des pouvoirs psychiques hors du commun. Leur âge leur confère également des capacités intellectuelles supérieures aux humains. Pour autant, ils peuvent être détruit par la lumière du soleil, ou si on leur enfonce un pieu en plein cœur. Ce qui a pour effet de rapidement transformer leur corps en poussière. À noter que l’échange de sang n’est pas nécessaire : il suffit pour le vampire de mordre suffisamment longtemps sa victime pour faire d’elle une créature de la nuit.
Un film important pour qui s’intéresse à l’évolution du vampire en tant que créature de cinéma, en cela qu’il quitte l’ère victorienne héritée de Carmilla et de Dracula pour transposer le récit à notre époque. Mais l’ensemble n’est pas exempt de faiblesses, cantonnant le film à être avant tout un sympathique B movie.