En tant que vampires, nous ne venons pas d’un lieu en particulier. Nous sommes des évadés des ténèbres. Nous n’avons pas de pays, ou de région d’origine, sinon la noirceur commune à laquelle nous avons un jour échappé et qui nous poursuit pour l’éternité. Ma famille vit ici, mais nous venons d’ailleurs. En fait, nous changeons d’endroit régulièrement, car nous sommes de perpétuels exilés. Nous sommes des exilés du monde des vivants et de celui des morts, en même temps. Il y a eu un lieu, il y a bien longtemps, où le premier vampire a ouvert les yeux sur le monde des vivants. Un vampire, un être du monde des morts, qui s’est trouvé emprisonné par un pacte, ici, dans le monde des vivants. En tant que vampire, je peux vous assurer que tout ce que souhaite un vampire sain d’esprit, c’est de pouvoir quitter cet état. Mais nous ne le pouvons pas… Les vampires sont prisonniers de leur soif de sang humain. Nous devons tuer et tuer encore pour nous-mêmes survivre.
Edimag nous propose avec ce livre assez court (116 pages) d’en savoir un peu plus sur le monde des vampires. On est ici dans un genre qui marche décidément très bien depuis quelques mois, vu qu’il s’agit d’un essai romancé, la majeure partie du livre étant constitué des questions et réponses que l’auteur a déniché dans des papier qui lui ont été envoyé. L’objectif est donc d’introduire la partie essai (ou simili) du livre par du narratif. Et sans pour autant être écrit dans un style exceptionnel, l’ensemble se tient ici, et a le mérite de s’implanter dans un cadre qui change un peu, celui d’un village perdu du Québec. Mais ni le style ni le contenu ne permettent au livre de se démarquer de la surproduction actuelle de textes aux dents longues, malgré quelques bonnes idées.
Les vampires décrits ici rassemblent à la fois les caractéristiques du vampire de Stoker et celles des vampires chers à Anne Rice. On est donc en présence de créature ni-mortes ni-vivantes, qui peuvent soutenir un minimum la lumière du jour, même si une exposition trop fort leur laisserait de grosse séquelles. Ils vivent la plupart du temps en solitaire, même si certains ont constitué des cellules sociales, par la force des choses. La transformation d’une victime en vampire semble être le fait du hasard, car toutes les victimes mordues ne deviennent pas des vampires. On est par ailleurs dans une représentation qui prend ses distances avec le pouvoir de la religion, ni l’eau bénite ni les crucifix ne semblant avoir d’effet contre les vampires. On en revient donc au pieu de bois et à la décapitation pour se débarrasser des créatures.
Un petit livre certes sympathique mais qui parvient difficilement à se démarquer des autres ouvrages du même genre, le positionnement commençant à devenir classique. Il peut cependant représenter un point d’entrée plus ludique vers une vision plus globale du mythe qu’un essai standard sur le sujet.
Ce livre commence avec un citation du livre de Anne Rice, Entretientavec un vampire ! Avec ce choix délibéré, on nous indique clairement que nous allons suivre des échanges avec un vampire. Mais avant de nous présenter ces questions, nous nous aventurons brièvement dans un petit village reculé du Québec. Nous suivons donc un jeune écrivain qui se verra confier des écrits très surprenants par une habitante du village.
Les 3/4 des questions sont issues d’un entretien fait en 1796 avec un vampire français. Le reste des questions étant issues des recherches du narrateur.
Le récit est agréable à lire car le style est simple et direct. J’ai beaucoup moins accroché à ces successions de questions dont certaines réponses sont dignes d’un normand : oui et non; ça dépend ! Malgré tout, nous pouvons noter quelques bonnes réflexions notamment sur la notion de l’âme, rattachée essentiellement à la religion.