Ce troisième Omnibus Buffy contient non pas 3 mais 5 romans, contrairement à ce à quoi Milady nous avait habitué jusque-là. Pour autant, ce découpage s’explique par la présence de la tétralogie connue sous le noms de Tueuse Perdue, qui voit Buffy Summers propulsée dans un futur possible où une partie des membres du Scooby-Gang ont été tué, et où Giles est devenu l’improbable leader des vampires, qui étendent désormais leur zone d’influence au-delà de la seule Sunnydale.
Il s’agit sans doute d’une des excroissances romanesques les plus ambitieuses de la saga. Le pitch de départ, et cette modification du cours du temps dont sont victimes les personnages, peut rappeler l’épisode Meilleurs Vœux de Cordelia, grand classique qui montraient Alex et Willow devenus les bras droits du maître. Pour autant, la trame de fond est tout autre, et nettement plus tentaculaire. Buffy se voit en effet obligé d’y affronter son Observateur et un dieu-vampire aztèque, tout en réalisant le danger de vouloir faire face seule aux menaces démoniaques. Et la trame a largement temps de se déployer, laissant planer le doute sur l’issue des évènements et leur impact à long terme.
Christopher Golden (encore lui !) montre qu’il est à compter au rang des auteurs les plus à l’aise avec l’univers étendu de la Tueuse, jouant à la perfection avec les différents personnages et la mythologie si particulière du whedonverse. On est très loin des faiblesses scénaristiques de certains des romans de la série, les 4 tomes permettant à l’auteur de mettre sur pied une trame riche en rebondissements. Le style est certes en deçà de ce qu’est en mesure de proposer Golden, mais c’est sans nul doute un des meilleurs arcs existants.
Le 5e roman qui complète ce 3e omnibus est donc nécessairement plus court et anecdotique. Pour autant, il est assez sympathique, et permet de donner un peu de place au personnage de Willow, dont les capacités sorcellaires sont alors en pleine expansion. Des dispositions qui vont rapidement attirer l’attention de son professeur de théâtre, une vielle connaissance de Spike dont l’intérêt pour le 6e art semble davantage relié au potentiel magique de la chose qu’à un simple besoin de monter sur les planches. Un roman qui permet également à ses auteurs, Ashley McConnel et Dori Koogler, de revenir sur le passé de Spike. Un passé que les habitués de la série TV ont déjà eu l’occasion de découvrir, mais pas de manière aussi détaillée, notamment ce qui concerne ses premiers pas en tant que vampire. A noter également le titre, en hommage à Shakespeare.
L’arc de la Tueuse perdue nous permet de découvrir des créatures quelque peu particulières. De véritables proto-vampires, sous l’égide de leur dieu Camazotz. Ce dernier, qui possède déjà la majeure partie des forces et faiblesses des buveurs de sang, est une chauve-souris géante doté d’une résistance peu commune, qui laisse sa marque sur ses fidèles. Seuls certains métaux semblent être en mesure de le vaincre.
Le roman qui terme le recueil est quant à lui plus classique dans son approche du sujet. On aura cependant l’occasion de constater le lien fort qui existe entre un sire et ses enfants, et de découvrir la présence de bordels de vampires où les humains viennent rechercher le plaisir de la morsure.
Un troisième omnibus à mon sens supérieur aux deux précédents, en raison de la densité de l’arc de la Tueuse perdue, qui permet enfin à un auteur de proposer autre chose qu’un scénario de faible envergure (ce que sont les romans de Buffy, à de rares exceptions près). Le style de Golden, s’il est moins travaillé que dans ses séries propres, est propre et efficace, le scénario et les personnages maîtrisés. Le dernier roman, plus anecdotique, permet cependant de donner davantage de place à Willow et Spike. Bref, les nostalgiques du show TV ne pourront qu’apprécier.