Bonjour Eric. Pour ceux qui ne te connaîtraient pas, peux-tu te présenter et nous expliquer comment tu en es venu à te lancer dans la série Le Buveur d’encre ?
Bonjour. Tout d’abord, Éric Sanvoisin est mon vrai nom ! Je vais avoir 50 ans cette année et j’écris depuis bientôt 40 ans. J’ai commencé par écrire de la science-fiction pour adultes (nouvelles, romans), j’ai même créé un fanzine dans les années 80. Et puis, quand mes enfants sont nés, je me suis mis à écrire de la littérature jeunesse. J’ai tellement aimé ça (parce que ça m’a aidé à mieux écrire, c’est-à-dire à écrire plus simplement) que j’ai continué, délaissant complètement la littérature pour les vieux… J’écris donc aujourd’hui de la littérature jeunesse exclusivement, des romans de 6/7 ans à 15/16 ans (du CP à la 3e pour être plus clair) ; beaucoup de fantastique, un peu de science-fiction, un peu de romans réalistes et un soupçon de romans policiers. Le buveur d’encre est né d’un concept : le vampire littéraire. C’était une simple idée théorique, au départ. J’ai voulu la rendre vivante et donc la transformer en une histoire. il n’était pas prévu d’en faire une série. Le buveur d’encre est né comme une roman unique (première parution : 1996). Deux ans plus tard, j’ai eu envie de reprendre les personnages et de leur faire vivre d’autres aventures tournant autour d’une thématique qui me touche de près : les livres et la lecture. Je travaille en bibliothèque depuis 1993 ! C’est une sorte de déformation professionnelle !
D’où t’es venu de détourner le mythe du vampire (et d’autres grands textes de la littérature de genre) dans une série destinée à la jeunesse ?
Le détournement de conte est une riche source d’inspiration en littérature jeunesse. Mais là, je n’ai pas simplement voulu détourner le mythe du vampire. J’avais l’intention de créer mon propre vampire. Bien sûr, au départ, c’était un vampire ordinaire, classique. Je ne pouvais pas ne pas rendre hommage aux auteurs qui avaient rendu populaire ce mythe en littérature : Bram Stoker, Joseph Sheridan Le Fanu… Ensuite, j’ai pris quelques libertés. Mais mon personnage n’existe qu’en référence aux vampires qui boivent du sang et non de l’encre ! L’une des raisons qui expliquent mon détournement du vampire, c’est que j’ai le souci de rendre accessible le fantastique aux plus jeunes et ce n’est pas une tâche facile. Je ne veux pas me contenter de parodier un thème ou un personnage. J’ai l’ambition de le réinventer dans des textes littéraires, de qualité. Car, comme vous l’aurez compris, la littérature jeunesse est avant tout à mes yeux de la littérature tout court…
Le recueil Le Mystère des buveurs d’encre, qui renferme plusieurs des titres de la série, introduit une forme d’interactivité plutôt inhabituelle. D’où est partie cette idée et faut-il s’attendre à de nouvelles surprises pour les prochains titres de la série ?
En fait, c’est une idée de l’éditeur, après que nous nous soyons mis d’accord pour arrêter la série avec le septième volume : Le livre des petits buveurs d’encre. Nous nous sommes rendus compte qu’il était difficile de continuer la série en gardant le même niveau de qualité. Il n’était pas question pour moi d’écrire le buveur d’encre aux sports d’hiver ou le buveur d’encre en classe verte. Chaque histoire est née d’une envie précise et pressante, liée au thème de la lecture, de l’écriture et de la création (littéraire et graphique). Le mystère des buveurs d’encre est un peu un livre anniversaire qui vient marquer le point final de la série. Mais il n’est pas certain qu’il n’y ait pas un jour une autre surprise…
Comment s’effectue le travail avec les illustrateurs qui travaillent sur la série ? Y’a-t-il concertation entre toi et eux, ou leur laisses-tu carte blanche ?
En littérature jeunesse, dans la plupart des cas, il n’y a pas de collaboration entre l’auteur et l’illustrateur. C’est l’éditeur qui pilote le livre, qui travaille d’un côté avec l’auteur et d’un autre côté avec l’illustrateur. Difficile de changer les choses. Ceci dit, j’ai très vite pris contact avec Martin Matje (qui a illustré les quatre premiers titres) et nous sommes devenus de bons amis. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, nous avons eu le luxe d’intervenir dans des classes ensemble (notamment dans la classe de son fils aîné). Le succès du buveur d’encre tient autant au texte qu’à l’univers visuel créé par Martin Matje, continué ensuite avec délicatesse par Olivier Latyk. Ce fut pour moi une belle rencontre.
Quelles ont été tes premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et/ou cinématographique) ?
Mis à part le Dracula de Bram Stoker et Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu, ce sont surtout des films qui me viennent à l’esprit : Le bal des vampires (j’adore), les sept vampires d’or (karaté et vampires !), Nosferatu, Entretien avec un vampire, le Dracula de Coppola. Cependant, je n’ai pas une culture très poussée dans le domaine du vampirisme !
Pour toi, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?
C’est un personnage qui fascine par son mystère, par ses pouvoirs, parce qu’il fait peur. C’est une créature indémodable (voir Twilight dont je ne suis vraiment pas fan, ni des films, ni des romans…). Mais comme je l’ai déjà dit plus haut, je ne suis pas un spécialiste des vampires.
As-tu encore des projets d’autres livres sur le thème ? Quelle va être ton actualité littéraire dans les semaines et les mois à venir ?
Sur le thème, non. C’est actuellement un sujet très à la mode en littérature jeunesse et en littérature pour ados, et je n’aime pas trop suivre les modes. mon buveur d’encre a quinze ans, il est déjà vieux ! Une nouvelle série va prendre la suite du buveur d’encre, dans la même collection : Fériel au royaume du noir. Encore du fantastique. L’histoire se passe dans un cimetière monde. C’est le royaume du noir ! Comme dans le buveur d’encre, je vais jongler avec un tout petit peu de peur, beaucoup de tendresse et d’humour…