Bien que faisant partie de la série de Sarah Dearly, on peut dire que le tome 3, A Cran, est plutôt un spin Off . En effet, il met en scène des personnages encore secondaires dans les deux premiers tomes, et ne fait référence à Sarah Dearly que de manière anecdotique.
On suit donc ici les aventures de Quinn, chasseur de vampire devenu à crocs, et Janie, mercenaire à la solde d’un chef particulièrement exigeant. Tous deux veulent la même chose, l’Oeil, une chose plutôt puissamment magique, pour des raisons bien différentes. Obligés de coopérer, ceux qui se sont connus adolescents vont devoir taire les sentiments qui les animent.
Haine, trahison, amitié, respect, crainte, passion, déception, tout est dans ce livre, dans lequel Michelle Rowen change de point de vue de narration. Ce n’est plus le ton gentiment plein de bonne humeur de Sarah qui conte les aventures. C’est un narrateur extérieur qui intervient d’une manière plus neutre. Néanmoins, on retrouve l’humour qui nous avait plu dans les deux premiers tomes dans les répliques des personnages.
Alors que le lecteur était tout acquis à la cause des vampires, on découvre ici le combat intérieur de Quinn, ancien chasseur de vampires qui refuse d’accepter ce qu’il est devenu. C’est à travers les yeux des autres qu’il finira pourtant par se voir tel qu’il est, en réalité.
C’est un parcours initiatique multiple qui s’offre à nous dans ce tome 3. En effet, chacun des personnages principaux se voit contraint de cheminer longuement sur une route incertaine à la découverte de son être, vers l’acceptation de sa condition, mais aussi de celle des autres. Barkley, le loup-garou, comme Quinn ou Janie, doit trouver sa vraie place dans le monde.
Entre concours de circonstances et choix délibérés, les protagonistes nous offrent des aventures enlevées et enjouées, où les sentiments, tantôt exacerbés, tantôt refoulés, génèrent des situations parfois stressantes. Stimulantes aussi.
Rares sont les spin off qui surpassent les originaux, pourtant la relation entre Quinn et Janie est bien plus passionnante que celle entre Sarah et Thierry. On avait reprocher à Sarah ce manque de passion, ce soupçon de sensualité prompt à faire basculer une histoire simple vers une romance. Rowen se rattrape ici de main de maître, et c’est avec brio qu’elle se faufile dans les têtes, les corps et les chambres des personnages pour nous offrir juste ce qu’il faut de « sensationnel ».
Même si la fin reste un peu facile à mon goût, je dois avouer que c’est un plaisir sans cesse renouveler que de lire la suite de cette série vampirique. On y découvre d’ailleurs que les vampires, loin d’être très différents des humains, sont au contraire bons ou mauvais par choix, et non par nature. Ceux de Michelle Rowen sont dotés d’un cœur qui bat, réellement, et même s’ils peinent parfois à savoir comment s’en servir ils n’en restent que plus humains aux yeux du lecteur. Mention spéciale aux pourris de ce tome qui le sont au dessus de toute mesure. Encore une chose, je suis contente que la Poésie du personnage de Lenny soit aussi, enfin, reconnue (au dessus de sa valeur cependant…). Encore peu développé, c’est un gentil « faux looser » qui gagnerait à prendre un peu de relief.
C’est à nouveau une lecture agréable que ce tome 3, avec des personnages plus attachants encore que ceux déjà développés dans les tomes précédents. L’auteur confirme un talent qui ne s’essouffle pas. Gageons que Michelle Rowen sera encore à la hauteur dans le tome 4.