D’une beauté envoutante, la Comtesse Karnstein trouve prétexte, lors d’un bal donné par le Général von Spielsdorf, de l’agonie d’un ami pour confier sa fille Marcilla à son hôte. Une ruse car la Comtesse et Marcella ne sont qu’une seule et même personne, une vampire qui, plus encore que les hommes, séduit les femmes pour les mordre et les garder sous son emprise, aptes à assouvir ses désirs. Mais, sur son parcours jalonné de cadavres, la Comtesse voit soudain se dresser deux obstacles, le Général von Spielsdorf et le Baron von Hartog, l’un déterminé à venger sa fille, l’autre sa soeur.
Première adaptation anglaise du Carmilla de Sheridan Le Fanu, Vampire Lover est un classique des films de la Hammer, qui met le pied à l’étrier à Ingrid Pitt, tout juste découverte par le film Quand les aigles attaquent. La maison anglaise lui offre d’emblée le rôle titre du film, dont la galerie de comédien est complété par des habitués (notamment Cushing, toujours aussi bon même si un peu en retrait dans son rôle de général). C’est Roy Ward Baker, qui a déjà travaillé sur deux films du studio, qui prend en main la réalisation de ce qui est appelé à devenir le premier volet d’une trilogie consacré à la comtesse Karnstein.
Esthétiquement, le film est assez réussi. On retrouve l’ambiance des films de la Hammer, ces villages brumeux où il ne fait pas bon sortir la nuit, ces châteaux gothiques emblématiques, des cimetières envahis par la végétation où s’achèvent souvent le périple des créatures de la nuit… Vampire Lovers marque cependant une petite nouveauté vis à vis des films précédents. Assez respectueux de la nouvelle de Le Fanu, il n’hésite pas à mettre en scène l’aspect lesbien du texte, ce qui donne au film une certaine coloration érotique. Certes les poitrines opulentes et les déshabillés transparents sont habituels des films de la Hammer, mais pas les étreintes homosexuelles, surtout filmé de manière aussi appuyée.
A mes yeux, le film s’avère cependant moins passionnant que les deux premiers Dracula du studio. Les quelques libertés prisent avec le matériau d’origine gâchent un peu le propos. La présence récurrente d’un cavalier vampire, qui semble être le responsable des décisions de Carmilla, minimise la dimension féministe du film (Carmilla ne serait-elle qu’une marionnette ?). Certaines scènes sont par ailleurs un peu poussives (celles avec les domestiques de Morton notamment).
Au niveau vampirique, on apprend dès le début du film que les vampires sont des être non-mort liés à leurs linceuls. Ils peuvent se matérialiser mais doivent retourner régulièrement se reposer auprès de leur vrai corps, une fois leur besoin de sang satisfait. Ils craignent les crucifix et l’ail, mais ne peuvent être détruits qu’après avoir eu le coeur transpercé d’un pieu et la tête coupée. Ils possèdes quelques pouvoirs, comme celui de se transformer en animal et d’hypnotiser leurs proies. Enfin, leur morsure laisse deux marques caractéristiques sur la gorge des victimes, qui sont rarement tuées sur le coup et apparaissent rapidement anémiées.
Premier film de la trilogie que la Hammer consacra au Carmilla de Le Fanu, Vampire Lovers est un film assez réussi même s’il n’est pas aussi captivant que les Dracula du même studio. Il offre tout de même un premier rôle fantastique à Ingrid Pitt, qui enchaînera avec Countess Dracula, premier film à s’intéresser à la vie de la comtesse Bathory.
Un excellent film pour l’époque. Tous les fans de vampires devraient le voir.