Il y a quelques mois, la nouvelle avait fait grand bruit parmi les chercheurs et amateurs du roman de Bram Stoker : Makt myrkranna (en anglais Powers of Darkness), première traduction islandaise de Dracula, s’avérait être davantage qu’une simple transposition du roman Dracula dans la langue d’Arnaldur Indriðason. D’un volume de page plus élevé que le roman d’origine, le texte prends en effet beaucoup plus de place pour décrire le périple de Jonathan (rebaptisé ici Thomas) Harker dans le château du comte. Il fait en outre intervenir des personnages et des des sous-intrigues inédites.
On doit cette première découverte à Hans Corneel de Roos, historien d’art et chercheur. Mais alors que la publication de Powers of Darkness en anglais venait d’avoir lieu, Rickard Berghorn, auteur, traducteur et éditeur suédois, révélait à Hans que Makt myrkranna était une traduction et version expurgée de Mörkrets makter (en anglais Powers of Darkness), première traduction suédoise du Dracula de Stoker. Si les premières recherches ont permis de tirer le fil, il s’avère donc que la découverte majeure a trait à cette version suédoise, qui semble bien être la source nordique de ces réécritures-traductions du roman de Stoker.
En étant natif de la langue, Rickard Berghorn a pu rapidement accéder au matériau de base et le décortiquer. Il pointe ainsi un texte deux fois plus long que le Dracula original (et dans lequel le personnage est renommé Draculitz), intégrant toutes les différences reprises dans Makt myrkranna, ainsi que d’autres qui ont été écartées lors de la traduction islandaise. Cette version n’a par ailleurs jamais bénéficié d’une publication reliée. Rickard remet également en cause les recherches faites par Hans sur la paternité du texte islandais, ainsi que les premières recherches effectuées sur celle de la version suédoise (cristallisées par le mystérieux acronyme qui signe la traduction, « A–e »). Dans une passionnante introduction à la réédition reliée du texte suédois, il met également en lumière le long travail de Stoker préalable à la publication, convoquant même Lovecraft comme un intermédiaire prouvant l’existence d’une ou plusieurs versions préparatoires du texte, qui pourraient avoir servi de matière première au traducteur suédois. Il semble en effet que Stoker (via l’entremise de ses frères et sœurs) ait pu être en contact avec Anne Charlotte Leffler et Gösta Mittag-Leffler, deux personnalités suédoises de l’époque (et que Anne Charlotte ait eu en outre des contacts dans des cercles également fréquentés par Stoker).
L’introduction de Mörkrets makter a été traduite en anglais par Rickard Berghorn à l’adresse suivante : http://weirdwebzine.com/draculitz.html