Erzsébet [Élizabeth] Bàthory (1560 —1614) appartient à la nuit, toute, et au mystère. Une double nuit l’enveloppe comme une épaisse chape : celle de l’Histoire et celle des Lettres. Les historiens contemporains, en effet, commencent à projeter de sérieuses ombres sur sa sombre légende. Les littéraires, eux, ne s’accordent toujours pas sur ses apports possibles à deux chefs-d’œuvre du fantastique anglo-saxon.
La légende, d’abord. Issue d’une des familles les plus puissantes de Hongrie[ref]Tellement puissante que la demoiselle a pu garder son nom après le mariage.[/ref], mariée, à quinze ans, à Ferenz Nàdasdy, qui appartenait, lui aussi, à une famille influente, elle se vit offrir le château de Csejthe, véritable nid d’aigle au sommet d’une colline lépreuse. Hélas pour elle, l’époux préférait les chocs des combats à ceux des ébats, et la jeune femme se retrouva solitaire, livrée à elle-même dans une véritable prison. D’aucunes auraient cueilli quelques amants, comme on cueille les lauriers de la chanson. Il semblerait que, de ce côté, les plus mauvaises langues n’eussent pas grand-chose à se mettre sous la dent, hormis de vagues soupçons et un racontar non vérifié (voir infra). Par contre, elle profita de son ennui, plus noir que suie, pour extérioriser ses instincts sadiques (avant la lettre). Je passe sur les gifles et les petits coups d’aiguilles distribués aux servantes comme on jette de la menue monnaie à un claquedent : il s’agit d’enfantillages (pour l’époque). Plus sérieuse semble la peinture du Hongrois Istvan Csok, déposée aux archives d’État de Hongrie. Elle représente une scène hivernale, à l’extérieur, où une servante jette des seaux d’eau sur des demoiselles toutes nues qui pataugent dans une épaisse couche de neige. À droite, sur un siège semblable à un trône, bien emmitouflée de fourrures, la comtesse admire le spectacle, un sourire indéfinissable sur les lèvres, une expression proche de l’orgasme. Que l’œuvre date de l’extrême fin du XIXe siècle et ne puisse se targuer d’aucun antécédent pictural discrédite toute sa valeur historique. De fait, la légende semble avoir contaminé le peintre qui s’est sans aucun doute inspiré de plusieurs témoignages recueillis lors des interrogatoires de 1611 — nous y reviendrons.
La légende, la voici, mille fois ressassée. Comme toutes les femmes superbes[ref]À en croire l’unique représentation picturale authentifiée d’Erzsébet, elle paraissait d’une indéniable beauté, avec ses yeux candides qui lui dévorent le tiers du visage — le portrait présente plus d’importance que les flatteries de ses contemporains : une femme aussi puissante, qui aurait osé la traiter de laide, voire de beauté rustique ?[/ref], elle craignait de vieillir. Je l’imagine très bien, à l’instar de la maréchale, dans Der Rosenkavalier, ou de la baronne, dans Turcaret, interroger avidement son miroir, chaque matin, épouvantée à l’idée de découvrir une première ride, un premier cheveu gris. Un jour, sans doute avait-elle découvert son premier cheveu révélateur, elle colle une gifle retentissante à une servante maladroite qui se met à saigner du nez. Quelques gouttes tombent sur la main de la comtesse ; elle l’essuie et a l’impression qu’à l’endroit où le sang a giclé, la peau est plus blanche, plus lisse, plus douce au toucher. De là, l’idée que la jeunesse prolongée, entretenue comme le font les grandes stars actuelles, dépendrait du sang de jeunes filles, le pas est vite franchi. Et la comtesse de se baigner dans du sang tout frais, extrait de bonnes paysannes, fraîches et rougeaudes, pleines de chair et de vie, à qui on aurait fait miroiter une carrière de tout repos au château — de fait, on ne peut même pas parler de mensonge, puisqu’elles y découvrirent le repos éternel. On murmure aussi qu’un(e) de ses complices aurait créé une invention démoniaque, ancêtre de la Vierge de Nuremberg — une sorte de cage percée de clous qui laissait couler le sang en minces filets, permettant de prendre une douche de Jouvence. Sabine Baring-Gould[ref]En dépit du prénom, il s’agit d’un clérical, père de quinze enfants.[/ref], dans son Book of the Were-Wolves (1865), parle de 650 victimes — le chiffre que l’on trouverait, paraît-il, dans les carnets intimes d’Erzsébet… s’ils n’avaient disparu. D’autres se montrent moins goulus et avancent des chiffres compris entre quelques dizaines et deux ou trois cents — comme s’ils avaient compté eux-mêmes. Lors de leur interrogatoire, au cours du premier procès d’Erzsébet (elle n’y a jamais paru personnellement, son sang bleu la dispensant de pareille humiliation plébéienne), les tortionnaires ont parlé de trente-sept à cinquante et une demoiselles torturées (une des interrogées a précisé, non sans candeur : «… peut-être plus. ») Que valent ces témoignages, obtenus sous la torture, et surtout, ces témoins ? Ont-ils minimisé le nombre des victimes, espérant minimiser leur culpabilité, ou l’ont-ils gonflé afin de charger davantage la commanditaire[ref]Dans le même registre, ils ont abondamment cité une Anna Darvulia qui se serait révélée la principale responsable de ces boucheries. Ce serait elle qui aurait initié la comtesse aux supplices les plus pervers, à la magie noire, voire au lesbianisme. Elle disparut en 1609. Selon la rumeur publique (encore elle !), elle serait morte solitaire, aveugle et paralysée. [Thome, 1997 ; 47].[/ref] ? La valeur historique de la « légende Bàthory », qui a permis à Valentine Penrose d’écrire un ouvrage où la beauté stylistique l’emporte sur la réalité matérielle, les historiens contemporains la battent aujourd’hui en brèche. Non qu’ils apportent quelque certitude, bien au contraire, mais ils avancent des doutes raisonnables qui s’abattent sur les événements comme un brouillard — ou un crépuscule.
Le sadisme possible de la comtesse mérite une remarque préliminaire. Selon un texte de la BBC, lisible sur Internet «… it has been suggested that she might have been insane from childhood, p. 1 ». Folle ou pas, elle s’est toujours plainte, dans ses lettres à son mari, d’épouvantables migraines. Il n’est qu’un pas à franchir pour parler de crises d’épilepsie qui l’auraient poussée à des actes atroces (non accomplis par coquetterie, donc). Ce même texte de la BBC sue le doute concernant les accusations centrées sur Erzsébet, avec certaines insinuations comme : «… Elizabeth Bathory is reputed (admittedly with only anecdote evidence) to have not only drunk but bathed in the blood of young virgin girls, p. 1 », ou encore : «Although she was never convicted of any crime, Elizabeth Bathory’s family declared her a menace to their name p. 4 », ou bien un retentissant: «It has become difficult to distinguish the facts from the fiction in the case of Countess Elizabeth Bathory, p. 4 » ou, en fin de compte, le doute définitif : « Of course, any conclusion drawn at this time would be merely speculative, p. 5 ». Miklos Molnàr rappelle que la comtesse, absente pendant tout son procès, n’a pas eu l’occasion de se défendre. Sa conclusion laisse une porte ouverte — ou plutôt un portail : « Il est possible qu’elle ait commis ces crimes, rien n’est exclu, mais rien n’est prouvé[ref]M. Molnàr, Histoire de la Hongrie, Paris, Librairie Académique Perrin, 2004, p. 171.[/ref]. » La dernière étude en date sur la comtesse Bàthory (Tony Thorne) accentue encore les doutes. Il s’appesantit en particulier sur deux points.
Le premier : si la « descente de police », sous les ordres du palatin[ref]Titre des plus puissants en Hongrie, le palatin servait à la fois de premier ministre et de juge suprême.[/ref] György Thurzô, eut lieu le 29 décembre 1610, Erzsébet faisait déjà l’objet d’une enquête discrète depuis un peu moins d’un an. Pour la justifier, Tony Thorne avance quelques hypothèses, mais n’en retient aucune, vu leur fragilité. En février et en mars 1610, on interrogea cinquante-deux témoins (trente-quatre plus dix-huit). Thorne insiste sur trois points importants.
D’une part, il s’agissait de personnes de basse extraction, des serfs pour la plupart ; d’autre part, aucun n’appartenait à la comtesse, mais à des seigneurs voisins aux fiefs parfois bien éloignés de celui des Bàthory — presque tous n’avaient d’ailleurs jamais mis les pieds au château de la comtesse ; enfin, par voie de conséquence, personne ne pouvait se targuer du titre de « témoin direct ». Et les « J’ai entendu dire que… », « Selon quelques rumeurs… » ou « Si j’en crois un serf de la comtesse… » de se multiplier en un leitmotiv lancinant[ref]Tony Thorne, pour analyser les témoignages, s’est fait entourer d’aides qui traduisaient les documents juridiques rédigés en hongrois. Un fait morphologique à souligner d’emblée : le hongrois ne possède qu’une seule forme du pronom personnel de la troisième personne : il équivaut donc aussi bien à he, à she ou à it — voilà qui ne facilite pas la compréhension de certains témoignages.[/ref]. Le sommet, sans doute : les témoins parlent de supplices divers[ref]Le supplice de l’eau glacée revient avec une régularité de métronome. Notons aussi quelques allusions à un fer rougi glissé dans le vagin et quelques sous-entendus d’anthropophagie.[/ref], mais aucun, pas plus que les quatre accusés lors du premier procès, n’effleure l’accusation selon laquelle la comtesse aurait brassé dans le sang humain ou l’aurait bu : on ne trouve ce détail dans aucun procès-verbal, aucune correspondance. Michel Parry, scénariste de Countess Dracula, (cf. infra) affirme que ces faits, trop odieux, auraient passé à la censure judiciaire. Étrange délicatesse, alors qu’à l’époque, on mettait les suppliciés à mort, en public, avec une bestialité peu supportable, avec autant de ferveur que l’on représenterait un drame religieux, et que les comptes rendus d’interrogatoires faisaient l’objet d’une description méticuleuse, quasi médicale !
Deuxième point mis en évidence dans l’étude de Tony Thorne : l’affaire Bàthory ne se limite pas à un seul procès, mais à deux — l’autre, qui se serait révélé fondamental, n’ayant jamais eu lieu.
Le premier, mené avec une impensable rapidité[ref]Il s’est tenu à Bisce, sur les terres de Thurzé, lequel a insisté pour que le tribunal soit un tribunal laïc. «Modern legal experts who have considered the conduct of the trial of the accomplices have deciared it a travesty; […] ». Thome, 1997; 185. En prime, les murmures de magie noire et de sorcellerie auraient suffi pour que l’affaire revînt aux autorités religieuses.[/ref] (2 — 7 janvier 1611, date de l’exécution des coupables) est une parodie de procès comme en connaissent aujourd’hui encore certains états totalitaires. L’emploi de la torture força les accusés à reconnaître n’importe quoi, et les aveux en menèrent trois à la peine capitale — la quatrième, ayant agi sous contrainte, sauva sa peau, mais termina ses jours dans un couvent.
D’emblée, le roi Mathias se déclare insatisfait du jugement de son palatin et ordonne un autre procès en bonne et due forme, dans la capitale et en présence de l’accusée dont il veut la tête — nous verrons pourquoi[ref]Thurzô a utilisé toutes les arguties juridiques pour s’opposer à cette décision. Son argument massue : les agissements d’une brebis galeuse, quelque galeuse qu’elle soit, ne doivent pas entacher la famille la plus puissante du royaume. D’aucuns ont affirmé que le palatin aurait été l’amant (momentané) d’Erzsébet — ce qui justifierait son opiniâtreté.[/ref]. Un seul cas pouvait justifier la mise à mort d’une personne de si haut rang : la violation de l’honneur aristocratique. En d’autres termes, l’assassinat de jeunes filles nobles. Il était donc fondamental de trouver des témoins dignes de foi jurant qu’Erzsébet aurait torturé de jeunes aristocrates. En décembre 1611, il fait interroger une douzaine de membres de la noblesse, dont certains proches de la comtesse. Le pensum des supplices bien connus revient ; certains parlent de tortures appliquées à de jeunes nobles, mais leur témoignage, comme ceux de février/mars 1611, dépend de ouï-dire. Une seule femme apporte un témoignage direct, mais Tony Thorne le réduit en charpie avec des arguments imparables [Thorne, 1997 ; 182][ref]Même l’accusation de cannibalisme, rare, ne résiste pas à un examen approfondi [Thome, 1997 ; 183].[/ref].
Quoi qu’il en soit, le 24 janvier 1613, Mathias de Hongrie écrit à son palatin que tout est prêt pour un second procès qui pourrait débuter le 13 février. Or, très peu après, il abandonne son projet, non que les suppliques de Thurzô l’aient convaincu, mais une nouvelle des plus importantes lui fait comprendre l’inanité de toute poursuite.
La comtesse n’avait jamais caché ses sentiments anti-Habsbourgs (sa haine des Allemands était d’ailleurs en passe de devenir proverbiale). Or, s’en tenir au jugement de Thurzô ne dépouillait pas les héritiers de la comtesse et, comme le cousin d’Erzsébet, Gábor, partageait les vues politiques de celle-ci, le roi Mathias craignait qu’il n’utilisât, contre les Habsbourgs, la fortune (considérable) dont il hériterait. La mise à mort de l’accusée déconsidérait le blason des Báthory et, surtout, permettrait au roi de confisquer ses biens, privant ainsi Gábor de toute fortune. Or, le cousin meurt en 1613. Il ne valait donc plus la peine de s’acharner sur la comtesse. Le roi la laissa crever dans la chambre de son château. Il ne dut pas attendre bien longtemps, d’ailleurs. Michel Mourre, en 1997, défend ce type d’hypothèse, déjà proposée par l’historien hongrois Lászlo Naguy (1984) et contredite par son collègue György Pollák (1986) : « Il est possible que les horrifiques chefs d’accusation aient été inventés par certains membres de la famille pour soustraire Erzsébet à l’accusation suprême de haute trahison car elle voulait contribuer avec ses gens d’armes et avec sa fortune personnelle à la lutte de son cousin Gabriel [= Gábor] Báthory–, prince de Transylvanie, contre les Habsbourgs. Pour dissimuler l’action politique de la comtesse et pour éviter ainsi que la famille ne fût compromise, on a préféré qu’elle fût accusée de crimes de droit commun. » (Mourre, 1997; p. 497 ; c’est moi qui ai utilisé l’italique).
On le constate : la « comtesse sanglante » continue à faire couler encre et salive — comme elle aurait fait couler le sang. En 2003, par exemple, Constantine Gregory reprenait les légendes les plus répandues : « Élisabeth Bathory […] ne s’est peut-être pas désaltérée du sang de ses victimes (bien qu’on n’en ait pas la preuve formelle) mais, à coup sûr, elle se baignait dedans. » [Gregory, 2003 ; 19]. Sa bibliographie ne permet pas de découvrir à quelle source il s’est abreuvé : il cite bien Valentine Penrose, laquelle ne dévoile aucune source.
Que dissimulait donc le regard un peu perdu d’Erzsébet ? Une malade mentale ? Certes. Une sadique avant la lettre ? Oui, en conséquence du premier diagnostic et des mœurs du temps. Une femme qui rêvait de rester jeune grâce au sang des jeunes filles ? C’est ici que commencent légendes, cancans et affabulations. L’hypothèse, en tout cas, se voit de plus en plus abandonnée, et il serait temps de se rappeler la tirade de la calomnie si bien développée par Beaumarchais clans son Barbier de Séville — et dont Rossini a extrait un « tube » pour les basses.
L’influence d’Erzsébet, dans le domaine littéraire, me paraît plus simple à résoudre : je crois qu’elle est nulle[ref]Si, à l’époque, la vie de la comtesse avait transpiré au point d’influencer deux écrivains, pourquoi d’autres n’ont-ils pas participé à la curée ? Après tout, le thème (une aristocrate dévoyée, pervertie, cruelle jusqu’à la nausée, habitant un nid d’aigle) s’harmonisait au mieux avec les personnages de la veine du roman gothique ! [/ref] — et en écrivant de la sorte, je m’attirerai sans doute les foudres des deux grands vampirologues français contemporains, Jean Marigny et Alain Pozzuoli — sans parler de Clive Leatherdale[ref]Le cas de M. Leatherdale est très spécial. Il ne s’agit pas d’un vampirologue, mais d’un curieux, amoureux éclairé de Dracula, qui a rédigé une excellente étude sur le roman, l’auteur et le personnage. À part cela, il volette de fleur en fleur, puisqu’il a publié des ouvrages sur ses voyages en Corée, le rugby et le football, l’Arabie saoudite et la manière d’enseigner l’anglais aux étrangers.[/ref], dans le domaine anglo-saxon.
Le premier souligne l’influence de la comtesse sur le Dracula, de Bram Stoker ; le second, sur la Carmilla, de Joseph Sheridan Le Fanu. Une simple question justifie mes doutes : sur quelles sources se seraient-ils basés ? Les premiers textes qui diffusent la « légende Erzsébet » paraissent entre 1729 et 1817, sous forme d’articulets, en Hongrie et à Prague, dans des revues confidentielles, rédigées en allemand ou en hongrois. Comment auraient-ils pu tomber entre les mains de Le Fanu ou de Stoker ? La première étude « sérieuse » (en allemand) concernant la comtesse date de 1894 (R. A. von Elsberg, Die Blutgräfin ; Ein Sitten- und Charakterbild), donc au-delà de la date de publication de Carmilla (1872) et peu avant celle de Dracula (1897). Une fois encore, comment Stoker aurait-il pu avoir accès à ce texte peu diffusé et écrit dans une langue difficile dont il ne maîtrisait que quelques bases ?
Interrogé à ce sujet, Monsieur Pozzuoli m’a renvoyé aux deux biographies anglo-saxonnes de Stoker (Ludlam et Farson). Le premier ne cite jamais la comtesse ; le second, si, mais en rapport avec Dracula seulement —et sa déclaration ne sous-entend pas une filiation : il parle en quelques lignes de Gilles de Rais, puis d’Erzsébet et conclut : « Dracula was their equal ». Voilà qui offrirait une sortie discrète à Le Fanu ? Pas tout à fait : il reste une arête dans le gosier. Si Le Fanu a lu l’ouvrage de Baring-Gould (voir supra), la relation Erzsébet/Carmilla ne peut plus être mise en doute. Voilà qui recule le problème d’un cran : Le Fanu l’a-t-il lu, ce texte ? Les grands spécialistes anglais de l’écrivain (McCormack, Begnal, Ellis) ne parlent pas de Baring-Gould. Les deux experts français (Gaïd Girard et Jean Lozes), auteur chacun d’une thèse de doctorat sur l’auteur irlandais, m’ont répondu n’avoir découvert aucun élément prouvant le fait. Pour le moment donc, Le Fanu s’en tire avec un « relâché faute de preuve ».
Bram Stoker est plus dur à cuire, car il lui reste une carte maîtresse : celle de Sabine Baring-Gould, justement. Stoker a laissé un cahier manuscrit où il a retranscrit, comme un bon écolier studieux, les passages de quelque trente ouvrages consultés, entre autres, à la British Library[ref]On trouvera la liste détaillée dans : Bibliogr., n° 8, p. 237-239.[/ref]. On y retrouve, en effet, des fragments de Baring-Gould — mais nous verrons lesquels. D’autres spécialistes anglo-saxons (Donald D. Glut, Gabriel Ronay, J. Gordon Melton et Glen St John Barclay) citent Erzsébet Báthory. Le premier explique la raison de son développement : « Because of recent associations linking Elizabeth with Dracula, her story is included here. » (Glut, 1975 ; 32). Phrase superbe d’ambiguïté s’il en fut jamais. Tous les quatre consacrent à la comtesse quelques pages qui reprennent les pires clabaudages de pipelettes. Glut en rajoute même : « When the Countess became romantically involved with a black-clad stranger with pale complexion., dark eyes and abnormally sharp teeth, the villagers who believed in vampires had more reasons to be wary of Csejthe Castle. […] some of the villagers stated that her mouth showed tell-tale signs of blond. […] Soon, the Countess began attacking her bound victims with her teeth, biting chunks of bloody flesh from their necks, cheeks and schoulders… Blood become more of an obsession with Elizabeth… » [Glut, 1975 ; 32-33]. Scènes romantiques et/ou écœurantes, mais dont l’auteur ne précise pas l’origine. J. Gordon Melton les reprend, ces racontars, sans trop en rajouter. Toutefois, il tire, lui, son épingle du jeu par un prudent : « No testimony of this activity[ref]C’est-à-dire les bains et l’absorption de sang humain.[/ref] was offered at her trial, and, in fact, there was no contemporary testimony that she engaged in such a practice. » [Melton, 1994 ; 33]. Quant à Barclay, il rassemble aussi les commérages sur la comtesse (sans source, comme les autres), mais les situe, sans plus, dans « la tradition vampirique » : il ne se hasarde pas à soutenir une influence d’Erzsébet sur un écrivain. Dans son chapitre consacré à Dracula, il parle du professeur Vambery, de l’Université de Budapest : « […] and he [= Bram Stoker] became fascinated by his stories of the eastern marches of the Austro-Hungarian Empire. The stories naturally included the vampire legende to which Countess Elizabeth Bathory had given such éclat » [Barclay, 1978 ; 41]. Nous verrons que personne ne peut préciser au juste de quoi les deux hommes ont parlé : ce naturally me paraît donc bien hors de propos. Bref, aucun des quatre spécialistes n’affirme, preuves historiques à l’appui, que Stoker connaissait l’existence de la comtesse, et encore moins Le Fanu.
Alain Pozzuoli et Jean Marigny se sont surtout basés, je crois, sur un parallélisme troublant entre la comtesse et les personnages de Dracula ou de Carmilla.
- Il s’agit de trois aristocrates — comte et comtesses.
- Les trois méprisent le petit peuple.
- Dracula et Erzsébet habitaient des nids d’aigle.
- Le trio suivait l’équation : sang = vie.
- Carmilla et Erzsébet étaient lesbiennes.
Il est inutile de déployer, pour le moment tout l’attirail de la critique historique : la seule logique réfute ces arguments.
- Il existait, certes, des vampires « roturiers » au temps de Dom Augustin Calmet, que Bram Stoker a lu et recopié dans ses petits cahiers. Toutefois, dans l’optique d’un romancier rédigeant un texte à sensation, il est clair qu’un fleuron de la noblesse impressionne plus le lecteur qu’un manant, un serf ou un vilain crasseux revenant tourmenter sa famille.
- Tous les nobles méprisent le vulgus — avec optimisme, j’écrirais : méprisaient. Cette arrogance, en tout cas, se révélait totale au Moyen-Âge et pendant la Renaissance. Les sujets des nobles ne représentaient guère plus, à leurs yeux, que du bétail à utiliser selon leur plaisir, leur convenance et leurs nécessités. Or, dans ces régions, le temps n’était pas à la tendresse, aux roses et à la douceur ronsardisantes : il n’est qu’à lire les exactions commises par Vlad Drakul IV (le véritable ancêtre de Dracula) pour humer le sang et les excréments, non le Chanel n° 5. Le surnom de ce guerrier sans pitié (sentiment peu répandu, à l’époque) suffit à souligner son passe-temps préféré : Vlad Tepes (= l’Empaleur). Une gravure de l’époque le montre en train de dîner benoîtement, au frais, devant une plaine de corps empalés. Certes, il s’agit d’une explication aux cruautés innées à l’époque et aux lieux géographiques, non d’une excuse — encore qu’il soit bien imprudent de juger une situation antérieure avec nos mentalités contemporaines. Quoi qu’il en soit, si le roi Mathias a tellement insisté pour qu’Erzsébet connût un second procès qui l’exécuterait, il s’est bien protégé derrière une tradition de l’époque : une noble ne pouvait verser un sang noble. Aussi a-t-il voulu trouver des témoins dignes de foi qui pourraient accuser la comtesse d’avoir versé du sang bleu : celui des serfs comptait comme celui de cochons à une kermesse.
- Tous les châteaux étaient, si possible, des nids d’aigle, surtout en Europe centrale où la menace turque n’était pas un vain mot. En prime, tous les vilains du roman gothique habitaient des châteaux-forteresses aux murs épais, aux caves profondes, humides où l’on pouvait hurler tout son soûl sans provoquer l’ire ou les soupçons des autres. Comme Dracula dépend en grande partie de ce courant littéraire, il ne fallait aucune influence de la réalité pour que le comte, dans l’intrigue, se nichât sur une colline inaccessible. En prime, Alain Pozzuoli, grand spécialiste de Bram Stoker, affirme que le château de Dracula n’est autre que celui du village de Cruden Bay où l’écrivain passait des vacances [Pozzuoli, 2012 ; 105].
- Que le sang soit la vie constitue le piédestal du vampirisme. Le premier auteur américain à avoir campé une vampire (Francis Marion Crawford : « … Car La Vie est dans le sang ») se réfère à la Bible, laquelle, sans aucun doute, a impressionné Le Fanu et Stoker. Toutefois, les vampires boivent le sang de leurs victimes, alors que Erzsébet n’a subi que de rarissimes accusations de ce type, toutes fantaisistes[ref]Nous savons que certains théoriciens anglo-saxons avancent la thèse d’une vampire gloutonne, mais aucune source de première main ne protège leurs allégations.[/ref] — elle en avait d’ailleurs assez à supporter. Des bains, des douches, probablement pas. Des coupes ou des bols, non.
- Le lesbianisme unirait Carmilla et Erzsébet[ref]À noter que l’homosexualité est rare chez les vampires. Voir à ce propos : J. Finné, « Le Sang n’est pas tout ; La Dimension érotique du vampire » in : Bibliogr. n° 20, p. 141-157. [/ref]. Que la première soit saphique, il faut manifester une mauvaise foi de jésuite pour le nier — il est d’ailleurs stupéfiant qu’en pleine société victorienne, pareil texte aussi explicite ait pu circuler sans ennui. Sur la seconde plane un doute raisonnable. Une belle jeune femme dont le mari combattait des armées au loin, et non son épouse, entre deux draps, son sang doit bouillir. On a vu qu’on ne lui attribue que de vagues amants, innommables (au sens premier du terme). Erzsébet se serait-elle consolée avec quelque belle servante habile reste une possibilité, une vraisemblance, même — en aucun cas, une certitude. Donald Glut parle d’une liaison avec une des tantes d’Erzsébet (Mara Bàthory) mais, une fois encore, sans citer ses sources [Glut, 1975 ; 32].
Le premier à avoir établi une connexion bruyante entre la comtesse et Dracula (donc, le responsable de tout ce bruit et de toute cette fureur) me paraît Peter Sasdy lequel, s’inspirant de la « légende Erzsébet » tourna Countess Dracula, en 1970, film sanguinolent à souhait, d’un ennui mortel, et qui avait pour seul mérite de dévoiler la superbe Ingrid Pitt — que protège hélas un manteau de sang, il est vrai. Interrogé au sujet du titre, l’historien Tony Thorne expliqua tout de go que seules des raisons commerciales expliquaient pareil choix. Il ne s’est pourtant pas fait faute d’appeler lui-même sa biographie d’Erzsébet : Countess Dracula —alors que son ouvrage pourfend les légendes qui empoisonnaient la réputation de la comtesse ! Le vrai pavé dans la mare fut l’étude de Raymond T. McNally, professeur au Boston College (1983). Hélas, malgré son titre ronflant, M. McNally ne reste qu’un historien de pacotille, épris de sensationnalisme, qui utilise un peu trop souvent des méthodes dans le genre : « Il semble que l’on puisse supposer que, peut-être… » — et son étude ne convaincra aucun historien digne de ce nom. Il ne cite jamais ses références et se contente de vagues « … un spécialiste affirme que… » Qui ? Quand ? Où ? Au lecteur de sucer son pouce. Voici quelques exemples glanés de-ci, de-là : « According to one expert, Sheridan Le Fanu knew about the Elizabeth Bathory story, p. 96. » Qui est cet expert ? Je ne nie pas que Carmilla ait influencé la rédaction de Dracula (Stoker écrit lui-même, dans son journal, avoir lu la novella avec délectation), mais pour le reste, une fois encore, à quelle source Le Fanu se serait-il abreuvé pour la connaître, cette comtesse ? «… Bram Stoker […] had not only read about Elizabeth Bathory in Sabine-Gould’s The Book of the Werewolves (containing the first full account in English of the Elizabeth Bathory’s case), he had taken copious notes from that book, some of which he incorporated directly into his novel, p. 97. » D’une part, ce « full account in English », Clive Leatherdale l’a reproduit dans The Origins of Dracula (1987) : il comporte une quarantaine de lignes. D’autre part, si, en effet, Stoker a parfois reproduit des passages entiers de l’ouvrage de Baring-Gould, il ne s’agit pas le moins du monde de ceux relatifs à la comtesse. Elizabeth Miller a porté le coup de grâce à l’étrange affirmation: « McNally is mistaken: as far as is known, Stoker did not take a single note from those pages dealing with Bathory. » [Miller, 2000 ; 37]. Au demeurant, jamais Baring-Gould ne parle de Báthory, ni même d’une comtesse : il se contente d’Elizabeth. Nous revoilà sur nos pattes : si Bram Stoker a lu les quelques lignes de Baring-Gould, jusqu’où pouvait-il aller, dans ses recherches, avec un seul prénom — c’est un peu comme si je m’acharnais à retrouver une ancienne amie rentrée chez elle au bout de ses trois ans de stage et dont je sais, sans plus, qu’elle s’appelle Linda et qu’elle habite Detroit (j’ignore, en prime, si les deux renseignements sont exacts). Ce qui a intéressé l’écrivain, par contre, c’est le développement de Baring-Gould sur les traditions relatives aux loups-garous — ces pages précèdent directement celles relatives à Erzsébet. On objectera, non sans raison, que les actes de celle-ci auraient impressionné Stoker, non les détails historiques. Une fois encore, il faut rappeler que rien ne prouve que Stoker ait lu les quarante lignes ou qu’elles l’aient impressionné — sinon, pourquoi n’a-t-il rien noté dans son carnet ? En outre, certains chercheurs jurent que Bram Stoker aurait appelé son héros le comte Dracula par analogie avec la comtesse. Mais où a-t-il trouvé le titre de noblesse de celle-ci ? Pas chez Baring-Gould, en tout cas.
En général, d’ailleurs, McNally fait cavalièrement litière des faits pragmatiques : « Professor Arminius Vambery, from Budapest University […]must have told Stoker something about the history of his native Hungary, […]. p. 98 ». Ce « must have told » ferait se tordre de rire un congrès de spécialistes en critique historique.
L’affirmation péremptoire évoque une femelle folle d’une jalousie épileptique et qui transforme dans l’instant ses soupçons en réalité pure : « Je le sens, je le crois, donc c’est. » Par bonheur, McNally s’aperçoit de la fragilité du raisonnement, puisqu’il conclut sa « démonstration » par un superbe tour de reins : «… though there is no definitive evidence as to exactly what they discussed together. » Alain Pozzuoli réagit avec la même prudence [Pozzuoli, 2012 ; 100]. Voici un autre exemple de déduction hâtive en général. Dans son château, Dracula vit en compagnie de trois femmes vampires d’une grande beauté, qui tentent de séduire l’imprudent Jonathan Harker. Elles y parviennent presque, mais Dracula intervient à temps — ou à mal escient. Jonathan Harker, rentré indemne dans sa chambre, se confie à son journal : « Since two of them resemble Count Dracula, it appears that they may be either his daughters or his own sisters. One of them taunts Dracula : “ You yourself never loved ; yen never love !“ To which he replies, “ Yes, I too can love ; you yourself can tell it from the past. Is it not so ?” » Commentaire de McNally: «… implying that Dracula had a kind of incestuous relationship with them in the past. p. 100 ». Sur quel point peut-il se baser pour parler de relation incestueuse ? La phrase de Jonathan est claire : elles pourraient être ses filles ou ses sœurs. Foin d’inceste, donc, ou à tout le moins inceste discutable. Mieux encore : Dracula a-t-il vraiment eu des relations intimes avec elles ? « You yourself can tell it from the past. Is it not so ?» Pourquoi n’évoquerait-il pas un amour perdu dont les autres auraient été les témoins, sans plus ? On jurerait que McNally a confondu may et must. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il oublie ses lunettes avant de lire. Parlant de la nouvelle « L’Invité de Dracula » (parue en 1912, après la mort de Stoker), il écrit d’une plume assurée : « In that original portion of the novel, Jonathan Harker goes on an excursion from Munich to a deserted village where he has a close encounter with a female vampire,a certain Countess Dolingen from Styria » (p. 97-98.) Que de vague et que d’erreurs dans ces trois lignes ! D’une part, nul n’a jamais mis en évidence le rôle de la nouvelle par rapport au Dracula entier. Selon la théorie la plus répandue, il s’agirait d’un chapitre liminaire au roman, retranché par l’éditeur pour des raisons de longueur de texte. Je n’y crois pas : « L’Invité de Dracula » fait une dizaine de pages — une goutte d’eau, vu le volume de l’œuvre entière. Clive Leatherdale n’y croit pas davantage, pour des raisons encore mieux fondées. D’autre part, pourquoi McNally appelle-t-il le protagoniste de la nouvelle Jonathan Harker ? Il n’est pas nommé dans le texte et, pire, le narrateur se révèle bien différent du Jonathan Harker timoré qui apparaît dans le roman de Stoker et qui se limite à « un mollasse au front étroit, un brave petit gars qui place son devoir avant n’importe quoi. Bourgeois de province, il ne connaît pas grand-chose à la bonne chère ni aux bons vins et manifeste même une certaine maniaquerie. » [Leatherdale, 1996 ;129]. Bien différent est le faraud qui intervient dans la nouvelle : « […] il se révèle agressif, insensible et suffisant, assez décisif pour décider une promenade au cours de la nuit de Walpurgis — somme toute, une personne bien éloignée du Harker introverti qui intervient dans Dracula. » [Leatherdale, 1996 ; 132]. En prime, le Jonathan du roman parle allemand, contrairement au protagoniste de « L’Invité ». Enfin, surtout, j’ai beau m’user les yeux à relire la nouvelle, très belle, d’ailleurs, je n’y découvre pas l’ombre d’un(e) vampire — il est vrai que les vampires n’en projettent pas, selon certaines croyances. Je n’y découvre pas de loup-garou non plus, comme d’aucuns voudraient le faire croire.
J’affirmerais que, présenté devant un jury de thèse, Dracula Was a Woman ne passerait pas le cap de la première lecture pour mauvaise qualité dans la recherche historique et pour partis pris évidents.
C’est à l’article de la BBC et à Elizabeth Miller que j’offre le soin de conclure. Le premier ne laisse aucun doute derrière lui: « The truth of whether she [Erzsébet] was a model for the Count [Dracula] will remain known only to Stoker. » (p. 1). Quant à la seconde, un seul mot lui suffit pour synthétiser les rapports entre Dracula et Erzsébet Bàthory : « Rubbish ! » Et elle, au moins, par sa simple méthode rationnelle, son pragmatisme, ses lectures à la loupe, annihile les affirmations mal fondées ou infondées… voire créées de toutes pièces.
Qu’est devenue, aujourd’hui, cette nuit qui emmitouflait Erzsébet Bàthory ? Elle n’a sans doute pas influencé Joseph Sheridan Le Fanu et Bram Stoker, ni peu ni prou. Voilà au moins une nuit qui cède la place à une lune pleine, qu’affectionnent les loups-garous, brillante comme un sou neuf, à peine revêtue d’un tulle de nuages. Qu’en est-il alors de la perverse qui s’aspergeait de sang dans l’espoir de préserver sa beauté ? Une négation presque certaine concernant son goût pour le sang et des doutes à propos du reste (tourmenteuse sadique ou victime politique ?). Certaines nuits sont denses, interminables, ces « long, long nights of long, long winters… ». Les historiens n’en ont pas encore terminé, et l’aube n’approche pas. À noter que la bande dessinée et les jeux de rôle n’ont en rien adouci la réputation sulfureuse d’Erzsébet — que du contraire.
Biographie de Jacques Finné
Né à Bruxelles, en mars 1944, Jacques Finné mène sa vie professionnelle à Zurich. Chercheur et traducteur, il passe pour un spécialiste de la littérature fantastique, à preuves, son étude La Littérature fantastique, son Panorama de la littérature fantastique américaine , sa Bibliographie de Dracula et, surtout, ses recherches sur les Victoriennes qui ont rédigé des ghost stories [sept anthologies et recueils chez José Corti ; une huitième paraîtra en décembre 2022, chez Terre de Brume.] Les éditions L’Apart ont publié son étude Le Royaume des fantômes, richement illustré. Avec son collègue et ami, Jean Marigny, il a réuni des nouvelles de femmes vampire (3 volumes, éditions José Corti et Terre de Brume).
Bibliographie
Pour toutes les références bibliographiques, j’ai utilisé la méthode américaine – la plus simple : [Nom de l’auteur, date d’édition ; localisation dans le texte]. Les autres précisions relatives à l’ouvrage se lisent dans la bibliographie finale
Je cite les seuls ouvrages consultés pour la rédaction de cet article. Aujourd’hui, dresser la bibliographie complète relative à la comtesse relève de la gageure – et à peine sortie de presse, elle serait démodée (comme toutes les bibliographies relatives à n’importe quel sujet, d’ailleurs).
– Barclay, Glen St John, Anatomy of Horror; The Masters of Occult Fiction, London, Weidenfeld &Nicolson, 1978
– Begnal, Michael H., Joseph Sheridan Le Fanu, Lewisburg, Bucknell University Press, 1971
– Ellis, S. M., Wilkie Collins, Le Fanu and Others, New York, Freeport, Books for Libraries Press, 1968 (1ère édition : 1931)
– Farson, Daniel, The Man Who Wrote Dracula; a Biography of Bram Stoker, London, Michael Joseph, 1975
– Glut, Donald F., The Book of Dracula, New York Scarecrow Press, 1975
– Gregory, Constantine, Manuel du chasseur de vampires, Paris, Le Pré aux Clercs, 2003
– Leatherdale, Clive, Dracula ; Du Mythe au réel, Paris, Dervy, 1996
– Leatherdale, Clive, The Origins of Dracula, London, William Kimber, 1987
– Ludlam, Harry, A Biography of Dracula; The Life Story of Bram Stoker, London, The Quality Book Club, 1961
– McCormack, W. J., Sheridan Le Fanu and Victorian lreland, Oxford, Cratendon Press, 1980
– McNally, Raymond T., Dracula Was a Woman, London, Hale, 1984
– Marigny, Jean, Vampires ; De la légende au mythe moderne, Paris, Éditions de la Martinière, 2011
– Melton, Gordon , The Vampire Book ; The Encyclopedy of the Undead, Detroit, Washington DC, London, 1994
– Miller, Elizabeth, Dracula, Sense and Nonsense, Westcliff-on-Sea, Desert lsland Books, 2000
– Mourre, Michel, Dictionnaire encyclopédique d’histoire, Paris, Larousse, 1997
– Penrose, Valentine, La Comtesse sanglante, Paris, Gallimard (« L’Imaginaire »), 1984 (1ère édition : 1962)
– Pozzuoli, Alain, La Bible Dracula ; Dictionnaire du vampire, Paris, Le Pré aux Clercs, 2010
– Pozzuoli, Alain, Bram Stoker ; Dans l’ombre de Dracula, Saint-Malo, Pascal Galodé, 2012
– Ronay, Gabriel., The Dracula Myth, London, W.H. 1972
– Sadoul, Barbara (dit.), Visages du vampire, Paris, Dervy, 1999
– Thorne, Tony, Countess Dracula; The Life & Times of the Blood Countess Elisabeth Bathory, London, Bloomsbury Publishing, 1997
– Stoker, Bram, Dracula, Paris, Le Livre de Poche, 2009