Jonathan Harker arrive d’Angleterre pour s’occuper de la bibliothèque du comte Dracula. Il retrouve avec plaisir Lucy, la meilleure amie de sa femme, qui vit dans le village avoisinant depuis que son père en est devenu maire. Mais le jeune homme débarque dans une ambiance assez électrique : alors qu’il exhumait le corps de sa maîtresse décédée dans des circonstances troubles, le jeune Milo a été assassiné par un forçat du nom de Renfield. Lequel attend maintenant son châtiment dans la prison locale.
La première bande-annonce du film de Dario Argento avait fait couler beaucoup d’encre il y a quelques mois. Ces premiers extraits donnaient en effet l’impression de quelque chose de pas fini (essentiellement au niveau des effets spéciaux), et les premiers retours sur le film finalisé (qui a été diffusé de-ci de-là en festival) laissaient peu de doutes quant à l’intérêt du produit final. Certes, il y a toujours eu des amateurs et des détracteurs à l’œuvre du cinéaste italien, mais là tous les violons (ou presque) semblaient s’accorder pour faire de ce Dracula 3D un ratage complet.
Après visionnage, difficile de dire que c’est une réussite. Si ce sont davantage les effets spéciaux qui heurtent la rétine (mais comment ont-ils pu laisser ça en l’état ?), d’autres éléments du film accusent de nombreuses faiblesses. La direction d’acteurs est loin d’être convaincante (car les acteurs visiblement peu convaincus), le film fait des raccourcis trop faciles (notamment dans sa partie romance, qui plus est fortement inspirée de celle du Coppola) et la lumière donne souvent l’impression d’incrustations ratées, même dans les scènes sans effets numériques.
Alors oui, il y a quand-même de très bonnes choses, comme les décors et accessoires (absolument superbes, comme la tombe de la femme de Dracula), certains acteurs relèvent malgré tout le niveau (Rutger Hauer), il y a quelques (rares) idées savoureuses (sans oublier la petite touche de gore à la Argento), et les amateurs du réalisateur retrouveront certains thèmes habituels de ses œuvres (les demeures labyrinthiques). Mais cela ne suffit pas à sauver ce film trop prétentieux au vu des moyens mis à disposition.
Argento respecte à la lettre les codes posés dans le roman de Stoker, mais ne suit pas la trame de ce dernier. Certains personnages sont totalement absents, d’autres n’ont pas le même destin que dans le texte d’origine, sans compter certains ajouts scénaristiques (les ajustements pour limiter les lieux à Londres ou en Transylvanie étant cependant habituels depuis le Browning). Pour le reste, on est bien en présence de vampires classiques, qui mordent leur victime pour s’abreuver de leur sang et peuvent les transformer à leur tour en vampire, une fois leur avoir fait boire ce même sang. Ces créatures ne se déplacent que la nuit, et dorment la journée dans leurs cercueils. La meilleure manière de les tuer consiste à leur enfoncer un peu en plein cœur, même s’il est aussi possible de les faire reculer en utilisant des artefact religieux. Les vampires sont enfin doté du pouvoir de se transformer en animaux), et sont dotés d’une forte capacité de suggestion.
En grand amateur du travail de Dario Argento, j’attendais son adaptation du roman de Bram Stoker avec une grande impatience. Refroidi par les premiers retours (euphémisme), c’est avec une certaine appréhension que je me suis penché sur le film. Pour me rendre compte que sa réputation n’est pas usurpée. Une immense déception, des idées abracadabrantesques (une mante religieuse, sérieusement ?), des effets spéciaux terriblement mal intégrés (pour ne pas dire mauvais), et j’en passe. Consternation sur quasi toute la ligne (même la bande son, pourtant signée par Claudio Simonetti, tête pensante de Goblins ne vaut pas le détour). Et tristesse de voir Dario commettre un film de cet acabit, quand on sait les chefs d’œuvres (Suspiria, Inferno, Les frissons de l’angoisse) que compte sa filmographie.