Les vaisseaux Argos et Galliot font route vers une planète d’où émane un étrange signal de détresse. À l’approche de cette dernière, le signal entre les deux astronefs est coupé, et ils se voient forcés d’atterrir en catastrophe. À l’atterrissage, après être revenu à eux, les membres de l’équipage s’attaquent les uns aux autres, à l’exception du capitaine qui n’a pas perdu connaissance lors de la manœuvre d’atterrissage. Il parvient à leur faire reprendre leurs esprits, mais la planète va rapidement révéler ses dangers.
Mario Bava n’est pas un inconnu pour les amateurs de films de vampires. Depuis ses premières armes sur le sujet pour le I Vampiri de Ricardo Freda en 1956, en passant par Le Masque du démon, Hercule contre les vampires et Les Trois Visages de la peur. Et si La Planète des vampires est bien un film du giron SF, l’habitué y retrouvera tout autant les codes du cinéma gothique cher au réalisateur, entre paysages désertiques envahis de brumes et autres pierres tombales. Le scénario a en effet beau conduire les protagonistes dans un cadre extraterrestre, Bava y insuffle une ambiance qui semble puiser à la source de ses précédents films de genre.
Si le scénario du film peut sembler manquer de profondeur (et comporter certaines facilités), la mise en scène et la photographie du film justifient à eux seuls de le regarder, de même que le travail apporté sur les costumes et les décors intérieurs. De quoi impressionner largement le spectateur, à l’image de ces squelettes immenses d’extraterrestres qui ont nécessairement dû influencer le Alien, Le Huitième passager de Ridley Scott (tout comme l’architecture de certains des vaisseaux). Les aficionados de SF désuète apprécieront également la surenchère d’indications scientifiques absconses utilisées par les différents protagonistes, qui donne également un certain cachet à l’ensemble, et renvoie à une époque où la SF sur grand écran n’en était qu’à ses balbutiements. Entre The Thing From Another World (1951) et Not of This Earth (1957), le film de Mario Bava s’inscrit par ailleurs dans cette dynamique post-universal qui bouscule les codes du film fantastique pour les mélanger à une nouvelle source de terreur : l’espace. Bava pousse le bouchon encore plus loin, allant jusqu’à mettre en scène des sorties de la tombe, voire des scènes d’exhumation futuristes.
Le lien entre le titre et le mythe du vampire n’est valable que pour le titre anglais (Planet of the Vampires), et par extension pour le titre français. Le titre original, Terrore nello spazio, ne renferme quant a lui aucune allusion aux vampires. Néanmoins, le lien existe bien à l’intérieur du film, car les créatures désincarnées qui habitent la planète et sont capables de parasiter l’esprit des êtres humains pour les faire agir à leur guise ont tout des vampires psychiques. À noter également, ce qui permet de raccrocher un peu plus avec le mythe classique, cette idée qu’un être humain mort n’ayant plus de volonté, il est plus à même pour une des entités d’en prendre le contrôle à ce moment-là.
Grand classique de la SF italienne, source d’inspiration incontestable de pas mal de classiques du genre, Planet of the Vampires ne repose certes pas sur un scénario très fouillé mais la réalisation de Bava, les idées de mise en scène et certains éléments de décor (les astronefs en tête) contribuent à faire de ce film une œuvre à part dans le genre, rendue à nouveau disponible par chez nous par l’entremise d’Artus Films.