Accompagné du professeur Hieronymos Grost, le capitaine Kronos arrive dans un village où il a été appelé par le Docteur Marcus. Vieil ami de régiment du capitaine, ce dernier s’inquiète des trop nombreux corps de jeunes femmes qui sont retrouvés vieillies et sans vie. Kronos et Grost mettent rapidement en évident que ces exactions sont l’oeuvre d’un vampire d’un genre un peu particulier. Mais identifier ce dernier ne va pas être de tout repos.
Le début des années 70 enclenche le déclin de la Hammer Films. La fantastique gothique cher à la firme ayant du mal à faire le poids face à des productions comme La nuit des morts vivants ou Rosemary’s Baby, les responsables des studios comprennent qu’ils doivent bousculer un peu leurs habitudes. En résulte un long-métrage comme Kronos, qui emprunte à une multitude de genre cinématographique, et tente de s’affranchir de la structure parfois répétitive des films passés estampillés Hammer.
Entre une scène de taverne qui distille de nombreux clin d’œil au western (faire glisser l’argent d’un bout à l’autre du comptoir, l’interrogatoire du barman, etc.), des duels à l’arme blanche qui fleurent bon le film de cape et d’épée (voire le chanbara) et une intrigue quasi policière, le Kronos de Clement est en effet un vrai cross-over des genres du cinéma populaire de son époque. Des idées à revendre, donc, mais mises à mal par un faible budget (ce qui se voit autant sur le peu d’acteurs au casting que sur le dénuement des décors) et des rebondissements mal exploités (l’attaque des villageois), qui plombent malheureusement l’ensemble. Et si le sidekick qu’est Grost est assez réussi, l’acteur qui incarne Kronos peine à convaincre.
Reste que l’intrigue policière fonctionne malgré tout, se chargeant de semer le doute dans l’esprit du spectateur, qui se demande, à l’instar des héros, qui peut être le vampire. Certaines scènes sont également sympathiques (le duel final, improbable joute à l’épée entre le héros et le vampire, ainsi que la recherche des moyens pour détruire le vampire), il y a des effets de cadrage bien pensés (le jeu sur les ombres notamment), bref le film n’est pas pour autant un ratage total.
L’aspect vampirique est fortement original. Grost nous apprend qu’il y a une multitude de races de vampires, et que tous n’ont pas les mêmes besoin, ni les même faiblesses. Certains peuvent affronter la lumière du soleil, d’autres craignent le pouvoir de la croix, d’autres enfin ne peuvent être détruit que si on les pend. Reste un moyen infaillible de les détecter : à proximité d’un vampire, le cadavre d’un crapaud revient nécessairement à la vie. Quant au vampire du présent film, il semble davantage apprécier se nourrir de la jeunesse de ses victimes, les laissant ridés et sans vie, un mince filet de sang aux lèvres.
Un film qui regorge de bonnes idées mais dont le budget n’aura pas permis de transformer l’essai, et cantonne le résultat final à un long-métrage manquant de punch. Les amateurs de la firme anglaise n’y retrouveront pas moins une partie du casting cher à la Hammer (Caroline Munro notamment), et quelques clins d’œils à d’autres séries (la famille Karnstein en tête).